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Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po
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L'Asie a connu au cours du XXème siècle une vingtaine de conflits, tantôt pour des raisons territoriales, tantôt pour des raisons culturelles ou de volontés indépendantistes locales. Localisés le plus souvent en Asie du sud-Est ou en Asie centrale pour les deux premières, et en Inde (même si pour ce dernier pays, Le retour au pouvoir du Parti du Congrès en Inde va largement pacifier le comportement international pour les dernières, quelles sont les spécificités de ces conflits, leur histoire et les enseignements que l'on peut en tirer ? |
I. L’Asie centrale
A. L’Afghanistan
Le Traité de Rawalpindi d’août 1919 proclame l’indépendance de l’Afghanistan.
En 1933, le roi Zaher Shah (d’origine pachtoune) accède au trône, et maintient la neutralité du pays pendant la 2ème Guerre mondiale.
A partir d’août 1947 (scission de l’Inde en deux Etats et création du Pakistan, selon les tracé britanniques du début du siècle entre leur Empire des Indes et l’Afghanistan, qui n’avaient pas respecté les emplacements des tribus pachtounes), l’Afghanistan réclame une zone pachtoune située au nord-est du nouvel Etat pakistanais.
Cette tension entre Afghanistan et Pakistan est instrumentalisée par les deux grandes puissances : en 1955, les Soviétiques déclarent appuyer la création d’un « Etat pachtounistan », tandis que les Etats-Unis prennent parti pour le Pakistan.
La même année, une coopération militaire est conclue avec les Soviétiques.
Une ouverture politique à l’intérieur rend possible le rétablissement, en 1967, des relations avec le Pakistan.
En 1965, est fondé le Parti démocratique du peuple afghan (PDPA), le Khalk (parti du peuple), soutenu par Moscou mais rapidement interdit par Zaher Shah.
En juillet 1973, Mohammed Daoud, cousin et beau-frère du roi, prend le pouvoir.
Il tolère au début la présence d’un parti communiste afghan (branche politique du PDPA), mais se rapproche par la suite de l’Iran et du Pakistan, ce qui provoque l’irritation des Soviétiques.
Ayant réussi à rapprocher les deux tendances communistes, Moscou soutient le coup d’Etat du 27 avril 1978, au cours duquel Daoud est assassiné.
Le pouvoir est confié au PDPA, qui instaure d’abord une république populaire (et signe le 05.12.78 un traité d’amitié et de coopération avec l’URSS, incluant la possibilité d’un soutien militaire), puis tente d’instaurer un « socialisme scientifique », consistant notamment à laïciser la société.
Celle-ci, profondément religieuse, ne peut l’accepter : 200 000 Afghans se réfugient au Pakistan, et les islamistes afghans lancent le « djihad » contre le régime communiste de Kaboul.
La capitale perd le contrôle de régions entières.
A l’automne 1979, le président afghan est assassiné, et son successeur demande aux Soviétiques d’intervenir, en vertu du traité d’assistance de 1978.
Le 27.12.79, 85 000 soldats de l’Armée rouge pénètrent en Afghanistan.
La réaction américaine est immédiate : embargo sur les céréales, condamnation officielle de l’intervention par les Nations Unies, boycott des JO de Moscou en 1980, refus du Sénat américain de ratifier les Accords Salt II sur le désarmement…
A partir de janvier 1980, le président Reagan met en place une aide financière et militaire aux « moudjahidin » (combattants de Dieu) afghans, aide qui transite par le Pakistan (notamment les armes) et à laquelle se joignent les monarchies du Golfe.
Malgré un matériel moderne et performant, les Soviétiques ne parviennent pas à venir à bout des combattants afghans (dont les effectifs se doublent de volontaires venus des pays arabes), qui parviennent, malgré leurs rivalités religieuses et tribales à s’associer et à résister à la stratégie d’Andropov (successeur de Brejnev, qui tente de semer la division dans la résistance afghane).
En 1986, le nouveau dirigeant soviétique, M. Gorbatchev, constate que seuls 15% du territoire afghan sont contrôlés par l’Armée rouge, au prix de pertes humaines devenues insupportables pour la population et dans le contexte d’une faillite économique de l’URSS.
Les troupes soviétiques entament un retrait progressif d’Afghanistan, et les Accords de Genève (auxquels participent les Etats-Unis et le Pakistan) sont signés le 14.04.88.
Le pouvoir revient aux Pachtounes, l’ethnie la plus importante du pays, mais il est convoité par d’autres ethnies minoritaires, dont les chefs sont parvenus pendant la guerre à établir des fiefs territoriaux indépendants : notamment les Tadjiks (descendants des Perses, sunnites), les Ouzbeks, les Hazaras (chiites).
La résistance ses fissure entre les partisans d’un islam traditionnel, les fondamentalistes, les chiites pro-iraniens et les sunnites pro-pakistanais.
Les moudjahidin parviennent cependant, en avril 1992, grâce à l’alliance passée entre le commandant Massoud (d’ethnie tadjik) et les milices du Nord, à renverser le régime.
Désormais, la lutte pour le pouvoir se réalise par pays interposés, chacun apportant son aide à une ethnie :
- le Pakistan soutient le chef pachtoun Hekmatyar ;
- l’Iran appuie les Hazaras ;
- l’Ouzbékistan soutient l’ethnie ouzbèk.
En 1993, les étudiants en religion (les « taliban ») se regroupent en un mouvement politico-militaire fondé par le mollah Mohammad Omar Akhunzadah, et rapidement soutenu par le Pakistan (en raison de l’influence du ministre de l’Intérieur pakistanais nommé en 1994, Fazi-ur Rehman).
Les Taliban conquièrent sans difficulté et avec force massacre toutes les zones du pays, dont la capitale, excepté le Nord-Est, tenu par les hommes du commandant Massoud.
En 1996, ils contrôlent les 2/3 du territoire. Leur « gouvernement » n’a jamais été reconnu par la communauté internationale.
A partir de mai 1996, ils donnent asile à Oussama Ben Laden. Celui-ci est accusé d’avoir organisé les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en août 1998, ce qui provoque le vote par les Nations Unies de sanctions, à partir de juillet 1999.
En mars 2001, ils dynamitent les statues de Bouddha à Bamiyan, classées au patrimoine commun de l’humanité.
Le 09.09.2001, le commandant Massoud est assassiné.
A la suite des attentats du 11 septembre, les Etats-Unis demandent à l’Afghanistan l’extradition d’Oussama Ben Laden.
Devant le refus du mollah Omar, l’opération « Liberté immuable » est lancée le 19 septembre.
Les opérations militaires, auxquelles se joignent notamment la France et la G-B, commencent en octobre par des bombardements, et sont accompagnées d’opérations au sol menées par les « Forces du Nord ».
Les dernières forces du régime taliban capitulent en décembre.
Fin janvier 2002, une administration intérimaire est désignée, mise en place par Hamid Karzaï (proche de l’ex-roi Zaher Shah, qui est revenu à Kaboul en mars 2002), suite aux accords de Bonn, dans l’attente de la formation d’une Lloya Jirga (assemblée de sages), devant constituer un gouvernement provisoire.
Elle a été formée en juin 2002.
Hamid Karzaï demeure le président du nouveau gouvernement intérimaire.
Une force internationale sous commandement britannique, l’ISAF (International Security Assistance Force) a été mise en place : composée de 4500 hommes (essentiellement des Britanniques, des Français et des Allemands) et en coopération avec les soldats de l’Alliance du Nord, elle œuvre à maintenir des conditions favorables à la sécurité et à la reconstruction de l’Etat afghan.
B. Le Tadjikistan
Le pays devient indépendant, par séparation de l’URSS, le 09.09.91.
Guerre civile entre les communistes, situés au Nord, et les démocrates et islamistes, situés au Sud.
En mai 1992, une coalition composée de plusieurs ethnies et surtout d’islamistes se rebelle contre le maintien au pouvoir des communistes, toujours soutenus par Moscou, et contre les avantages offerts par le régime à certaines ethnies.
Les forces gouvernementales, soutenues par les Russes, gagnent les premiers combats, ce qui oblige islamistes et démocrates à trouver refuge en Afghanistan, auprès du commandant Massoud.
Le président Eltsine envoie un corps expéditionnaire protéger Douchanbe et assure, avec d’autres pays de la région, la surveillance de la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan, où se trouvent de nombreux moudjahidin.
En 1996, l’opposition armée, réfugiée en Afghanistan, gagne du terrain jusqu’à approcher la capitale.
La prise de Kaboul par les Taliban fait craindre aux Russes un ralliement des rebelles tadjiks au nouveau régime afghan. Ils acceptent alors la médiation du commandant Massoud entre le gouvernement tadjik (le Président Rakhmonov) et les forces rebelles (notamment le chef de l’opposition islamiste, le mollah Nuri), qui aboutit à un cessez-le-feu en décembre 1996, puis à la création d’une « commission pour la réconciliation nationale » en février 1997.
Le processus s’achève par un accord de paix signé à Moscou en juillet 1997 et négocié sous l’égide des Nations Unies et de deux pays observateurs, l’Iran et la Russie.
Les élections présidentielles de novembre 1999 et législatives de 2000 reconduisent avec des scores très élevés le président Rakhmanov et son parti : elles n’ont pas été reconnues par l’OSCE.
II. Le sous-continent indien
A. Le Cachemire
La délimitation des territoires de l’Inde et du Pakistan, en 1947, ne respecte pas les zones d’influence religieuses et l’absence des Britanniques laisse désormais le champ libre aux conflits.
Une guerre civile secoue l’Inde, et la résistance musulmane du Cachemire profite des troubles pour prendre les armes dès la déclaration d’indépendance en août 1947, et réclamer un Cachemire libéré du pouvoir des hindous.
Secourus par des volontaires venus d’Afghanistan, ils contraignent le Maharadja du Cachemire à fuir et à faire appel à l’Inde.
1er conflit indo-pakistanais
Celle-ci consent à venir à son secours, sous la condition d’un rattachement de sa principauté à l’Union indienne.
Le Pakistan s’engage alors pour soutenir le mouvement de libération du Cachemire.
L’Inde lui reproche devant l’ONU ce soutien à la guérilla musulmane, mais le Conseil de sécurité se contente de demander un cessez-le-feu en janvier 1949, ainsi que le retrait des troupes indiennes et pakistanaises, et la tenue d’un référendum d’autodétermination (sans cesse reporté).
Le Cachemire et la principauté voisine de Jammu sont partagés entre l’Inde et le Pakistan en fonction des zones religieuses.
1962 : La Chine conteste la zone de souveraineté indienne et lance une offensive dans le Ladakh (Est du Cachemire) en octobre.
Les militaires indiens ripostent, et la Chine renonce aux combats un mois plus tard, en conservant pourtant une portion de territoire : l’Aksaï-Chin.
2ème conflit indo-pakistanais
Août 1965 : A l’occasion de combats frontaliers entre Inde et Pakistan, les indépendantistes musulmans, soutenus par des mercenaires pakistanais, attaquent la partie indienne du Cachemire.
Les Etats-Unis et la Chie font pression pour faire accepter une trêve.
Une médiation soviétique est acceptée et la Déclaration de Tachkent, garantissant le cessez-le-feu, est signée le 10.01.66.
2 entités co-existent alors :
- l’Etat de Jammu-et-Cachemire (composé d’hindous, de bouddhistes et de musulmans), sous administration indienne ;
- l’Azad Cachemire (Cachemire libre), sous le contrôle du Pakistan.
En 1972, après un nouveau conflit indo-pakistanais (à propos du Bangladesh), les deux pays signent l’Accord de Simla, qui établit une nouvelle ligne de cessez-le-feu au Cachemire et fait de la diplomatie l’unique moyen de règlement des conflits.
Au printemps 1999, des séparatistes cachemiris et des mercenaires pakistanais envahissent la partie indienne du Cachemire.
L’armée indienne riposte par des bombardements intensifs, et finit par l’emporter.
La guérilla se retire, sur ordre du Pakistan.
La lutte semble depuis se poursuivre par la voie terroriste :
- attentat sur un marché quelques mois plus tard ;
- 13.12.2001 à attaque suicide sur le Parlement régional du Cachemire.
L’inde accuse le Pakistan de soutenir des groupes terroristes, des changes de tirs ont lieu à la frontière cachemirie, entraînant une concentration de troupes de part et d’autre de la ligne de contrôle.
Les deux pays possédant l’arme nucléaire, ils s’en servent comme moyen de dissuasion concernant le Cachemire.
Malgré le Sommet de Katmandou de janvier 2002, les relations entre les deux Etats demeurent très tendues.
B. Le Bangladesh
Ancien Pakistan oriental, créé lors de l’indépendance de l’Inde et du Pakistan en août 1947.
Décembre 1970 : Elections au suffrage universel au Pakistan à la ligue Awami (portant les revendications autonomistes des Bengalis) obtient la grande majorité des sièges à l’Assemblée nationale pakistanaise.
Son chef, Rahma, proclame l’indépendance du Pakistan oriental et le baptise Bangladesh, ce qui provoque une forte répression par le gouvernement pakistanais (massacres de milliers de civils) et l’emprisonnement de Rahma.
Le 03.12.71, l’Inde intervient militairement, après s’être assurée du soutien matériel et diplomatique soviétique, et de la non-ingérence américaine.
En moins de deux semaines, Dacca est prise, et l’armée pakistanaise est rapidement battue.
Moscou impose son veto à une résolution de cessez-le-feu au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Afin d’éviter que la Chine s’affirme également dans le conflit, auprès de ses alliés pakistanais, Nixon obtient l’engagement de Pékin comme de Moscou qu’ils n’interviendront pas directement dans le conflit.
Le Pakistan se contente d’une promesse de non-intervention indienne au Cachemire pour accepter de renoncer au Pakistan oriental : un cessez-le-feu est signé le 17.12.71.
En 1972, Rahma prend la tête du nouvel Etat du Bangladesh, qui est reconnu par la communauté internationale, à l’exception de la Chine (celle-ci s’opposera à l’entrée du pays aux Nations Unies).
C. Le Pendjab
Région du Nord-Ouest de l’Inde, s’étendant au Pakistan et historiquement peuplée de Sikhs.
Lors de la partition de l’Inde, en août 1947, le territoire est divisé entre le Pakistan et l’Union indienne.
Tandis qu’ils sont massacrés dans la zone pakistanaise, ils se réfugient massivement dans la zone indienne, où l’Akali Dal, leur parti, tente d’asseoir sa domination.
En 1966, l’Etat du Pendjab indien est coupé de la partie de son territoire à majorité hindoue, et les Sikhs deviennent majoritaires.
En 1978, un prédicateur sikh, Bhindranwale, fonde un mouvement intégriste, Dal Khalsa, qui revendique un Etat indépendant de l’Union indienne : le Khalistan.
Ce courant pratique rapidement des activités terroristes contre les hindous, et le gouvernement d’Indira Gandhi répond par la fermeté, en particulier en 1984.
Cette politique de fermeté dérive en massacres et ripostes, qui touchent notamment Bhindranwale et qui provoquent la vengeance des Sikhs par l’assassinat d’Indira Ghandi le 31 octobre.
Rajiv Gandhi lui succède et encourage une politique de dialogue avec la communauté sikh. Mais le leader modéré de l’Akali Dal est assassiné en 1985 par la branche intégriste sikh.
En 1987, le Ier Ministre indien doit dissoudre le gouvernement du Pendjab et placer l’Etat sous l’administration directe de New Delhi.
A l’été 1995, un attentat dont fut victime Rajiv Gandhi amoindrît les espoirs de réconciliation.
Cependant, l’Akali Dal a remporté les élections de l’hiver 1997.
D. Le Sri Lanka
Le 04.02.48, l’île devient indépendante, mais demeure membre du Commonwealth.
Les Cinghalais (bouddhistes), démographiquement très majoritaires, prennent le pouvoir.
Mais les Tamouls, hindouistes, sont installés au Nord et à l’Est de l’île depuis le Xème siècle.
En 1956, apparaissent plusieurs organisations nationalistes tamoules, dont les « Tigres libérateurs de l’Eelam Tamoul » (LTTE), qui se lancent dans l’opposition armée au pouvoir.
En 1983, une guerre civile éclate, à laquelle l’armée participe en prenant part aux exactions.
Les négociations sont vouées à l’échec, puisque les Cinghalais ne sont prêts à accorder qu’un statut d’autonomie, alors que les Tamouls veulent leur indépendance.
Le conflit s’étend à l’Inde, qui est concernée par sa province de Tamilnadu, peuplée de Tamouls et accueillant des camps d’entraînement installés par les séparatistes du Sri Lanka.
Le 30.07.87, l’Inde intervient dans le conflit, à la demande des Tamouls et du gouvernement cinghalais : elle envoie une « force de maintien de la paix » et joue le rôle de médiateur, mais la reprise des massacres fait échouer les négociations.
En juin 1989, un cessez-le-feu est signé et les troupes indiennes se retirent, n’étant pas parvenues à maîtriser la guérilla tamoule.
Par la suite, le LTTE a continué à refuser les réformes visant à accorder un statut d’autonomie, et à mener sa campagne d’attentats et assassinats politiques.
Il a pris le contrôle des territoires du Nord et de l’Est du pays en 1999.
Malgré un accord de cessez-le-feu du 22.02.2002, qui a permis une amélioration de la sécurité et de nouvelles perspectives de paix, un couvre-feu est toujours en vigueur.
III. L’Extrême-Orient
A. L’Indochine et le Vietnam
La guerre d’Indochine (1946-1954)
Après la 2ème Guerre mondiale, les mouvements nationalistes, ayant combattu l’indépendance japonaise, entendent acquérir la pleine indépendance du pays par rapport à la France.
Le Viet-Minh, fondé en 1941 par Nguyen Ai Quoc (Hô-Chi-Minh), proclame le 02.09.45 l’indépendance du Vietnam (composé de la Cochinchine, de l’Annam et du Tonkin).
La France consent à organiser un nouveau statut au sein de l’Union française, et le Vietnam devient le 09.03.46 un Etat libre (mais sans la Cochinchine).
Les négociations avec la France à propos de la Cochinchine pendant l’été 1946 échouent, et Hô-Chi-Minh annonce officiellement, le 22.11.46, l’indépendance de la Cochinchine.
Deux jours plus tard, le croiseur Suffren bombarde le port d’Haiphong et fait de nombreuses victimes.
Hô-Chi-Minh appelle les Vietnamiens à la guerre totale et, le 19 décembre, lance une attaque contre toutes les garnisons françaises.
C’est le début d’une guerre longue, au cours de laquelle les Français sont gênés par les contraintes du terrain et les opérations de la guérilla communiste.
En juin 1949, ils adoptent un nouveau statut pour la Cochinchine et transfèrent leurs pouvoirs à un gouvernement vietnamien qu’ils ont mise en place, dirigé par l’Empereur Bao Daï. Mais celui-ci, non communiste, n’est pas reconnu par le Viet-Minh.
Les Vietnamiens sont regroupés dans le maquis, où ils reçoivent des armes de leurs alliés communistes, russes et chinois.
Les Américains soutiennent les Français, en finançant jusqu’à 80% des dépenses militaires.
Les zones rurales passent peu à peu aux mains des communistes vietnamiens, qui contrôlent en 1951 la moitié du territoire nord-vietnamien.
La guerre s’achève du fait de la défaite française à la bataille de Dien Bien Phu, du 13 mars au 7 mai 1954 : la France capitule.
Les Accords de Genève sont signés le 21 juillet 1954 :
- le Vietnam est divisé (jusqu’à des élections sous contrôle international qui devront avoir lieu en 1956) en deux zones de part et d’autre du 17ème parallèle à le Vietnam du Nord (qui deviendra une république populaire) et le Vietnam du Sud (qui deviendra une république nationaliste, soutenue économiquement et militairement par les Etats-Unis) ;
- le Cambodge et le Laos sont définitivement séparés du Vietnam et obtiennent leur indépendance.
La guerre du Vietnam (1964-1975)
Ngo Dinh Diem évince l’empereur Bao Daï en 1955 et annonce que son pays ne participera pas aux élections prévues pour la réunification, estimant qu’elles ne seraient pas libres au Nord Vietnam.
Le Gouvernement de Hanoi, qui souhaite au contraire réunifier la totalité du territoire vietnamien, lance une politique de déstabilisation du Sud Vietnam, par l’infiltration de militants communistes chargés de soulever la population.
Le président Kennedy signe avec Saigon un traité d’amitié et de coopération, lui permettant d’envoyer jusqu’à 15 000 « conseillers »militaires au Sud-Vietnam.
En 1962, un commandement militaire américain y est créé.
En août 1964, le Congrès américain autorise le président Johnson à augmenter la participation des troupes américaines au Sud Vietnam.
Les premiers bombardements ont lieu en février 1965, et la résistance s’organise au Nord Vietnam, avec l’aide des Soviétiques.
Le 31.01.68 est lancée « l’offensive du Têt » (nouvel an vietnamien), attaques coordonnées par les troupes nord-vietnamiennes de plusieurs points stratégiques, qui dure un mois.
Malgré l’annonce d’un retrait progressif des troupes américaines par le président Nixon et le décès d’Hô-Chi-Minh en septembre 1969, les négociations sont bloquées, Hanoi conditionnant le cessez-le-feu au retrait total préalable des forces américaines.
Les combats continuent donc, jusqu’aux accords de Paris du 27.05.73, qui proclament le cessez-le-feu et prévoient que la réunification du Vietnam se fera pacifiquement et sans intervention étrangère.
Les Etats-Unis et le Sud Vietnam concluent un accord prévoyant une nouvelle aide américaine en cas de violation des accords de Paris.
Néanmoins, les Etats-Unis se sont retirés du « bourbier vietnamien ».
Mais les pourparlers en vue d’élections n’aboutissent pas, le gouvernement de Saigon refusant la présence de candidats communistes.
En janvier 1975, le Nord Vietnam lance une grande offensive et conquiert le Sud du pays : Saigon tombe le 30.04.75, sans que les Américains ne soient intervenus.
B. Le Cambodge
Après la 2ème Guerre mondiale, le Cambodge est associé à l’Union française, puis accède à l’indépendance en 1953.
Le Cambodge s’est tenu à l’écart de la guerre d’Indochine, mais il a abandonné sa politique de neutralité lors de la guerre du Vietnam.
Norodom Sihanouk (qui a créé en 1955 le mouvement de la « communauté socialiste populaire »), prend le pouvoir en 1960 et entend cultiver des relations cordiales avec le nouvel Etat du Nord-Vietnam, au prix d’une renonciation à l’aide américaine.
Des groupes communistes pro-Viet-Minh, les « Khmers rouges », émergent et lancent une insurrection de grande ampleur à la fin des années 1960. Sihanouk fait appel à un général anti-communiste pour la réprimer, et diriger le gouvernement.
Le 18 mars 1970, celui-ci orchestre, avec l’appui des Américains, un coup d’Etat qui destitue Sihanouk.
Sihanouk se réfugie en Chine et se range aux côtés des Khmers rouges.
La guérilla mène des opérations sur le territoire cambodgien et, en dépit de l’aide américaine, les Khmers rouges prennent Phnom Penh le 17.04.75.
Ils proclament l’Etat du « Kampuchéa démocratique », gouverné par Pol Pot, leur chef.
Celui-ci pratique une politique de terreur et transforme le pays en un Etat totalitaire, afin d’installer un communisme « pur et parfait ».
En décembre 1978, après des protestations de la communauté internationale devant l’état économique et humanitaire du pays, le Vietnam décide d’intervenir militairement, avec l’appui de Moscou.
Il installe un gouvernement communiste modéré, rapidement dirigé par Hun Sen, alors qu’est proclamée la République populaire du Kampuchéa.
Mais, aidés par la Chine, les Khmers rouges et les partisans de Sihanouk mènent une nouvelle guérilla depuis le Nord-Ouest du pays.
En décembre 1987, des négociations s’engagent entre Hun Sen et Sihanouk, avec des dirigeants vietnamiens, chinois, soviétiques.
Les Vietnamiens se retirent du pays à l’automne 1989, bien que la paix ne soit pas encore signée.
Un cessez-le-feu est signé le 01.05.91, et le 23.10.91, les Accords de Paris proclament la paix, et prévoient l’instauration par l’ONU d’une « Autorité provisoire sur le Cambodge » (Apronuc), appuyée sur une force internationale de 20 000 hommes.
La guérilla des Khmers rouges se poursuit jusqu’à un traité de paix de 1996, par lequel elle reconnaît l’autorité du gouvernement de Hun Sen.
Pol Pot, qui avait abandonné le commandement des Khmers rouges depuis 1985, est condamné à la perpétuité en 1997, et décède l’année suivante.
Un tribunal organisé par l’Etat cambodgien et l’ONU est chargé de juger les Khmers rouges responsables des crimes contre l’Humanité entre 1975 et 1979.
C. La Corée
Après avoir été occupée par le Japon pendant 40 ans, le pays est libéré en 1945, par les Soviétiques au Nord et les Américains au Sud (de part et d’autre du 38ème parallèle).
Du fait de la guerre froide, la Corée se retrouve divisée en deux pays distincts :
- la Corée du Nord, sous un régime communiste soumis à l’URSS ;
- la Corée du Sud, sous un régime pro-occidental contrôlé par les Etats-Unis.
Staline pousse le dirigeant nord-coréen Kim-Il-Sung à annexer la Corée du Sud : la guerre de Corée se déclenche en 1950.
Les Etats-Unis, en vertu de leur doctrine de « containment », interviennent par le biais des Nations Unies (résolution du Conseil de sécurité le 25.06.50, condamnant l’agression nord-coréenne en l’absence de l’URSS, qui pratiquait alors la « politique de la chaise vide ») pour empêcher l’extension du communisme à toute la Corée.
Des troupes américaines et onusiennes débarquent au cours de l’été 1950.
La Chine vient en aide aux Nord-Coréens, en envoyant des soldats à l’automne.
Le conflit s’équilibre en 1951 autour du 38ème parallèle.
Staline bloque les négociations de paix et l’armistice de Panmunjom ne peut être signé qu’après sa mort : le 23.07.53.
Les événements de ces dernières années ont montré l’instabilité de l’équilibre asiatique : crise financière de 1997, rivalité nucléaire entre l’Inde et le Pakistan, instabilité politique en Asie du sud-est (Timor, Jolo, Malaisie), perte d’influence du Japon en crise, inconstance des Chinois entre ouverture et replis.
Après la crise, l’économie a été assainie et est devenue plus transparente ; c’est ce que F. Godement nomme le « réalisme de marché ». Le renouveau est également marqué par l’entrée de la Chine dans l’OMC (et peut-être aussi du Vietnam). Enfin, le projet de zone de libre-échange de l’ASEAN pourrait avoir un rôle essentiel dans la stabilité de la région.
Le processus de modernisation des institutions politiques, amorcé sur la péninsule coréenne ainsi qu’en Indonésie, aux Philippines, à Taiwan et même en Chine pourrait faire pencher l’équilibre en faveur de la paix.
Dépasser le 38ème parallèle ?
Il faut noter l’audace diplomatique et politique du président sud-coréen Kim Dae-Jung, qui a réussi à gagner la confiance du Nord, s’est affranchi des positions américaines et a permis de délivrer le Nord de sa dépendance à l’égard de la Chine par des aides financières. Les deux Grands qui supervisaient la question coréenne ont dû réviser leur position stratégique. Cela s’est traduit par la visite de Madeleine Albright à Pyongyang en 2000, qui a laissé entendre que la Corée du Nord devait être considérée comme un tigre de papier.[1]
Certes, on peut douter de l’abandon total par la Corée du Nord de sa diplomatie du chantage, et la réunification n’ira sans doute pas plus loin qu’une confédération de façade.
Les Etats asiatiques se convertissent peu à peu à l’idée d’une coopération régionale. L’ASEAN essaie de trouver un accord sur le commerce en Mer de Chine; elle a notamment un projet de lutte contre la piraterie grâce aux navires garde-côtes japonais. Mais la crise de Jolo a montré les limites de la coopération, les vieilles contestations territoriales prenant le dessus. En ce qui concerne la sécurité financière, l'ASEAN +3 a créé des droits de tirage régionaux sur les réserves en devises des banques centrales.
Certains pays (Singapour, le Japon sur le plan économique seulement) voudraient aller plus loin dans la coopération régionale, l'ASEAN demeurant une organisation aux contours flous. La crise asiatique a donc fait progresser l'idée d'une coopération asiatique indépendante des Etats-Unis (l'ASEAN prenant le dessus sur l'APEC).
Les conflits potentiels entre Etats menacent toujours, comme l'a montré la crise de Jolo qui révèle l'absence totale de coordination régionale. Il existe deux menaces à long terme :
- le conflit entre la Chine et Taïwan: les menaces sont récurrentes, et tous les efforts d'armement chinois destinés au détroit de Formose.
- la compétitivité nucléaire entre l'Inde, le Pakistan et la Chine, qui fait revenir l'Asie à une situation de concert régional de puissances, et nuit aux intentions de coopération. Sur le terrain de la sécurité, le Japon est désavantagé.
En fait, les Etats-Unis sont le grand vainqueur de ces rivalités, car ils retrouvent leur rôle d'arbitre. Ils ne souhaitent pas du tout une intégration régionale. Les régimes communistes y trouvent leur compte, car ils risquent beaucoup à l'ouverture.
Pour l'instant, les Etats-Unis contrôlent la situation et les risques d'escalade, mais ils ne sont pas une solution de long terme pour la région.
[1] M. Bush (Jr) n'en dit pas la même chose, qui inclut la Corée du Nord dans son "axe du mal". Il est vrai que depuis la présidence Clinton, la situation s'est dégradée (noe J. Villemain)