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La loi psychologique fondamentale : portée et limites - Cours d'économie - Histoire de l'analyse économique

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Les cours d'économie du forum des étudiants de Sciences Po

La loi psychologique fondamentale : portée et limites

 

John Maynard Keynes s’interroge sur la consommation qui est une des variables clés de l’économie : elle représente plus de 50% du PIB d’un pays. Il se place d’un point de vue macroéconomique, c'est-à-dire au niveau national, en se focalisant sur la consommation globale qui correspond à l’agrégation des consommations de tous les ménages du pays. Keynes met en évidence la relation privilégiée qui lie la consommation et le revenu dans la « loi psychologique fondamentale », et va définir la fonction de consommation, qui correspond au rapport entre la consommation globale et le revenu global. On parle de « révolution keynésienne » puisqu’il rompt avec les théories passées (qui étudiaient l’influence des taux d’intérêt, taux d’inflation, préférence du présent, etc. dans la répartition de la consommation et de l’épargne).

Bibliographie recommandée pour cette fiche :

Histoire de la pensée économique de Henri Denis et Quadrige


Théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie de John Maynard Keynes et Jean de Largentaye

Tous les ouvrages de John Maynard Keynes

Histoire de la pensée économique de Gérard-Marie Henry

Ce faisant, il pose un des principes fondamentaux de la macroéconomie moderne. Il parait évident que la consommation augmente dès lors que le revenu augmente, cependant augmentent-ils de façon simultanée et équivalente ?

Si l’on considère que le revenu correspond à la somme de la consommation et de l’épargne : Y = C + S ( avec Y = revenu, C = consommation et S = épargne), de quelle façon ces deux composants coexistent et évoluent avec le revenu ?




Deux notions sont à la base de l’analyse keynésienne de la consommation : la mesure des propensions

 

  • La propension moyenne à consommer

Afin de préciser la relation entre consommation et revenu, il convient de calculer la part du revenu consacré à la consommation. La propension moyenne à consommer est donc le rapport entre la consommation globale C et le revenu global Y : C/Y ( ex : si le résultat de C/Y est 0,85, cela signifie que 85% du revenu est consommé)

(de la même manière on peut calculer la propension moyenne à épargner avec S/Y )

 

  • La propension marginale à consommer

Lorsque le revenu augmente, on peut s’interroger sur la proportion de cet accroissement consacré à la consommation ; la propension marginale à consommer correspond au rapport suivant entre l’accroissement de la consommation et l’accroissement du revenu : ∆C/∆Y

(idem pour la propension marginale à épargner : ∆S/∆Y)

La fonction de consommation : elle exprime la relation entre consommation et revenu telle que Keynes la définie dans la « loi psychologique fondamentale », au chapitre huit du livre trois de sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de 1936 :

« La loi psychologique fondamentale, à laquelle nous pouvons faire toute confiance, à la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des enseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. »

 

Ainsi, selon Keynes, lorsque le revenu augmente, la consommation s’accroît, mais dans des proportions moins importantes : un effet de saturation entraîne la baisse des propensions à consommer au profit des propensions à épargner. Les ménages épargnent une part croissante de leur revenu au fur et à mesure que celui-ci s’accroît : l’épargne est une fonction croissante du niveau de revenu. Il explique cela par le fait que les habitudes de consommation des ménages demeurent lors d’une augmentation de revenu, ils sont donc amenés à épargner la différence entre leur nouveau revenu et leur consommation habituelle. Ainsi, la différence entre le revenu et la consommation s’élargit lors d’une augmentation de revenu.

 

La fonction keynésienne de consommation peut être exprimée de la façon suivante :

 

C = c.Y + Co

 

C = consommation globale

Y = revenu

c = propension marginale à consommer ( 0 < c < 1)

Co = consommation incompressible autonome, c’est la consommation de l’agent même quand il ne dispose d’aucun revenu (il puise dans son épargne) (si Y = 0, C = Co)

Schéma de la fonction de consommation keynésienne : on observe bien que lorsque le revenu s’accroît ( de Y1 à Y2 ), la consommation augmente moins rapidement ( de C1 à C2 ) ( la droite ne passe pas par l’origine et la pente est de plus en plus faible) : ainsi la propension moyenne à consommer diminue avec l’élévation du revenu.[1]

La conséquence de cette évolution est que la propension marginale à consommer est plus faible que la propension moyenne à consommer.

 

Portée de la loi sur les politiques économiques

Si en effet la relation entre revenu courant et consommation est stable, alors on pourra mener une politique de relance par la consommation. Ainsi l’Etat peut accroître ses dépenses, par exemple en augmentant les prestations sociales aux ménages, qui verront leurs revenus s’élever et par conséquence augmenteront leur consommation. Ce qui entraînera également une hausse de la production. C’est un moyen pour l’Etat de stimuler la croissance et l’emploi : augmenter le revenu entraîne, via la consommation, un effet multiplicateur sur la production nationale.

Les limites de la « loi psychologique fondamentale » : les critiques des néo-classiques sur la théorie keynésienne de la consommation et de l’épargne

 

De nombreux économistes ont remis en cause la théorie keynésienne qu’ils considèrent comme incomplète et imparfaite, et ont essayé d’affiner et d’approfondir la relation consommation/revenu. Ils ont fait entrer en jeu la dimension temporelle inexistante dans l’analyse keynésienne qui se vérifie surtout dans le court terme : des travaux ont confirmé que la propension moyenne à consommer diminue effectivement avec l’augmentation du revenu. Cependant, l’économiste Kuznets, après une étude menée en 1946 ( à partir de données chronologiques sur la consommation et le revenu nationaux des Etats-Unis sur une vingtaine d’années), démontre que sur le long terme la propension moyenne à consommer est constante : les ménages n’ont pas plus de besoins à satisfaire mais ils commencent à consommer des biens de qualité supérieure.

Au premier rang des critiques, Modigliani et Friedman, qui introduisent la notion du long terme dans la relation consommation/revenu : ils prennent en compte le rôle des revenus futurs, alors que la théorie keynésienne ne tient compte que du revenu courant (= revenu absolu).

 

  • Modigliani et sa théorie du cycle de vie (1954): selon Modigliani, l’agent essaie de « lisser » sa consommation entre les années de jeunesse, de travail et les années de retraite, afin d’avoir un niveau de vie stable. Ainsi il consomme ou épargne en fonction de son cycle de vie. Lorsqu’il est jeune il emprunte, lorsqu’il travaille il épargne et lorsqu’il est à la retraite il désépargne. Ce qui lui permet d’avoir une consommation constante toute sa vie.
  • Friedman et le revenu permanent (1957) : la consommation est liée au revenu, cependant il ne s’agit pas du revenu courant, mais du revenu permanent qui est le revenu moyen d’une personne au cours de sa vie : l’agent « lisse » sa consommation cette fois-ci en fonction des bonnes et des mauvaises années.
  •  

     

    Selon ces théories, le revenu courant a finalement peu d’influence sur la consommation : la consommation d’une année donnée n’est pas seulement liée au revenu de cette même année. La politique de relance par la consommation est donc critiquée, un individu rationnel organise en effet son mode de vie et sa consommation en fonction de son revenu courant mais aussi de ses revenus supposés futurs ; ainsi lorsque l’Etat augmente par exemple les prestations sociales, les ménages peuvent anticiper une prochaine hausse des impôts et ne pas changer leurs habitudes de consommation.

    Même si les études statistiques tendent à vérifier que la consommation dépend surtout du revenu courant, on ne peut s’en tenir là, et la réalité complexe des comportements de consommation implique de tenir compte d’autres facteurs non négligeables ( anticipation sur les conditions futures, variations des cotations boursières, variation des conditions d’accès au crédit, des prix de l’immobiliers etc). La fonction keynésienne de la consommation nécessite d’être affinée et complétée.


     

    [1] Schéma tiré de : Combe, Emmanuel, Précis d’économie, ed. PUF, mise à jour 2000


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