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Effectivement, ce qui caractérise le politique, ce n’est certainement pas l’organisation rationnelle voulue par Monnet. En jeu : des intérêts et des valeurs. Intervention des jeux de domination. Il s’agit de comprendre comment et pourquoi la communauté européenne n’a pu accéder à une véritable dimension politique. Nous verrons deux échecs : l’échec de la CED et l’échec du Plan Fouchet. Lorsque l’on parle d’Europe politique, on parle d’une chose précise, voire restrictive. Tout peut en effet être considéré comme politique. « Les affaires de tout le monde sont les affaires politiques et les affaires politiques sont les affaires de tout le monde ». Ici, quand on parle d’Europe politique, on entend : - Un domaine de prédilection : les relations internationales. Trouver à l’Europe une place dans le jeu diplomatique. - Objectifs : accroître sécurité et influence d’un ensemble déterminé. Quelle est la véritable influence extérieure de l’Europe ? - Un ensemble de moyens : la puissance. Être capable d’assurer la sécurité et l’influence. Pourquoi, de 1950 à 1989 (C’est à peine mieux aujourd’hui), dans le domaine des relations internationales, cette union ne s’est jamais faite ? Plan en Trois parties : I. Implications conceptuelles de l’Europe politique. II. Attitude des principaux Etats de l’UE (RU, Allemagne, France). Monopole accaparé par ces Etats III. Echecs et alternatives à ces échecs. Echec de la CED, échec de la tentative gaulliste.
I. Les implications d’une Europe politique
1. L’Europe diplomatico-militaire est une transgression
Le concept d’Europe puissance est une transgression pour la France. Concept qui s’oppose à celui d’Europe espace. C’est une double transgression : - D’abord une transgression idéologique. Cela contredit le fondement de la construction européenne, qui vise justement à abolir les rapports de puissance. Communauté de droit éliminant les conflits d’intérêt. Valorisation de la paix, de la fraternité, de l’échange. La volonté d’exister fortement implique une rupture idéologique radicale. L’union européenne essaie justement de promouvoir une nouvelle vision des relations internationales.
Il s’agit ensuite d’une transgression géopolitique. C’est l’ordre atlantique qui est censé garantir la paix. Un lien de solidarité, d’alliance, mais également un lien d’hégémonie. Les Américains sont les garants de notre sécurité. Une Europe politique serait une transgression de cet ordre. Une remise en cause totale ou partielle. Totale : alliance avec l’URSS, ou neutralisme complet. Alliance partielle : Volonté de rééquilibrage. The twin pillar concept.
2. C’est une transgression coûteuse
Cela ne se fait pas du jour au lendemain :
Le prix politique est très élevé : il s’agit de l’acceptation d’une perte de souveraineté. La mise en commun de la souveraineté n’est pas la même chose pour la défense que pour le charbon et l’acier, même s’il s’agit d’industries stratégiques. On touche ici au cœur des fonctions régaliennes de l’Etat. Monnet préférait de loin commencer par le fédéralisme économique. Voir l’hostilité de Bidault, qui était à cette époque proche de De Gaulle.
Acceptation de l’égalité avec l’Allemagne. Il n’y a en effet pas d’autre base possible que celle de la parité. C’est la « parité du vainqueur avec le vaincu ». En 1945, la France a officiellement un statut de grande puissance. L’Allemagne n’est, elle, même pas en situation de souveraineté.
3. Les bénéfices que l’on peut en attendre
Bénéfice incertain pour deux raisons :
Il s’agirait d’une remise en cause de la solidarité atlantique, qui est la grande pourvoyeuse de sécurité. Face à Staline, il faut avant tout assurer la sécurité. Toutefois, la sécurité n’est pas totalement assurée par le Pacte : Jusqu’en 54, on assure la défense sur le Rhin, ce qui n’est pas très rassurant pour l’Allemagne, qui se verrait ainsi transformée en champ de bataille. Après 54, c’est la doctrine du new look stratégique. Rassurant pour les allemands. 1957 : lancement de Spoutnik. Le new look devient une absurdité. Le territoire américain devient vulnérable. Mac Namara : doctrine de la riposte flexible. Risque d’une guerre contenue sur le territoire européen. Les européens sont mal. Années 60 : accommodement avec les russes. Il y a donc un certain nombre d’interstices au sein desquels peut se légitimer la création d’une Europe politique. L’OTAN n’est pas parfait.
Le niveau global de sécurité s’effondre. La responsabilité de la défense incombe au couple franco-allemand, ce qui, face aux russes, n’est pas très sérieux. L’Europe politique peut naître si elle augmente la garantie de sécurité. Le risque est énorme si cela entraîne une désolidarisation avec les américains.
II. L’attitude des principaux Etats
On peut reprendre le vers de Victor Hugo : « D’un côté il y avait la France, de l’autre l’Europe ». On constate deux attitudes très différentes face à la possibilité d’une Europe politique : - La « Sainte Alliance », regroupant la RFA, le Royaume Uni et les petits pays. Attitude conservatrice face au maintien de l’ordre atlantique - La France, dont l’attitude est caractérisée par un mélange de frustration et d’impuissance. La remise en cause de l’hégémonie leur coûterait trop cher.
1. La RFA, le Royaume uni et les petits pays
La RFA : l’intérêt pour elle d’une alliance avec la France est fort. Elle mettrait fin à un statut d’inégalité. Motivation relativement positive pour un ensemble intégré. Il s’agirait certes d’une aliénation de la souveraineté, mais il s’agirait en même temps d’un rétablissement de l’égalité. Cependant, il est hors de question pour elle de remettre en cause l’ordre atlantique. Pour eux, l’Europe est le couronnement de l’orde atlantique, la consécration de leur retour dans le concert des nations. La RFA est bien consciente de la nécessité d’un apport complémentaire pour pallier les rares faiblesses de l’OTAN. Mais ils sont hostiles à toute politique qui viserait à les éloigner de l’ordre atlantique. C’est un peu comme la sécurité sociale qui est complétée par la mutuelle. Ce discours est opposé à celui des français, qui ambitionnent justement de se dresser contre l’ordre atlantique. Prudence de la RFA Le Royaume Unie : Pour eux c’est beaucoup plus simple : ils sont hostiles à tout. Ils sont extérieurs à l’Europe des 6. Il est donc hors de question de remettre en cause leur souveraineté. L’égalité leur coûterait bien cher, en raison des liens privilégié qu’ils entretiennent avec les USA. Ils sont farouchement favorables au maintien de l’orde atlantique. Ils ne remettent pas en cause l’Euramérique. Les autres : Ils sont très conservateurs. Leur sécurité ne dépend pas d’eux. On peut citer le cas particulier des Pays Bas, pas particulièrement favorable ni à une domination allemande, ni à une domination française, et qui pensent que, quitte à être protégés, mieux vaut que ce soit par la première puissance mondiale qui, de surcroît, ne représente aucune menace pour eux. Ils ont donc de fortes raisons d’être conservateurs. Blocage face à l’idée d’une Europe de la défense.
2. La France
Les Français ont une attitude fondamentalement ambiguë. Sentiment de frustration très fort. Frustration devant l’hégémonie des Américains. Jusqu’en 1940, la France était la maîtresse des arbitrages européens. Elle avait maintenu une inégalité entre la France et l’Allemagne. Ici, ce sont les USA qui font l’arbitrage. Ce sont eux qui désormais assument la mission universelle. D’où la volonté de maintenir une exception française, d’où les gesticulations de de Gaulle, qui ira se faire acclamer partout. Maintien de positions nationalistes et communistes. Néanmoins, la France ne peut accepter l’idée d’une subversion de l’ordre atlantique. La France est une Grande Nation souveraine. Créer une Europe de la défense intégrée la conduirait à perdre une grande partie de cette souveraineté. Par ailleurs, les Français ne sont pas idiots, ils savent qu’ils ne font pas le poids seuls face aux Russes.
Ainsi personne n’est prêt à payer le prix d’une Europe militairement indépendante. Même une solidarité égalitaire est impensable. Beaucoup se satisfont très bien d’une hégémonie américaine. Aujourd’hui, on assiste à une dissolution du lien atlantique, remis en cause par les Américains eux-mêmes. Beaucoup acceptent une renonciation à une souveraineté totale, corollaire d’une solidarité atlantique. La France aimerait remettre ça en cause, mais ne le peut, sous peine de rentrer en contradiction avec elle-même. La situation est inextricable, si bien que la communauté est restée économique.
III. Echecs et alternatives
1. Deux grands échecs
L’échec de la CED : Le Plan Pleven naît le 24/10/1950. Quelques mois après la Déclaration Schuman. Entre temps, on assista au déclenchement de la Guerre de Corée. L’URSS ne serait elle pas tentée de faire la même chose sur la RFA ? Le problème de la défense de la RFA prend une acuité particulière. On ne peut défendre l’Allemagne sans les Allemands : il faut réarmer l’Allemagne. Acheson veut voir des allemands en uniforme d’ici un an. Ceci est totalement insoutenable pour les Français. Ils vont donc proposer une alternative en utilisant la méthode Monnet. Le 27/05/52 : signature du traité instituant la CED. Une armée européenne est prévue. Incohérences techniques flagrantes. On s’est rendu compte après coup de la nécessité de créer des organes politiques pour encadrer cette Armée. Création d’une Assemblée ad hoc. On aurait rapidement abouti à une Union politique. 10/03/53 : projet de traité établissant une communauté politique européenne. On aurait eu un exécutif bicéphale semblable à celui que l’on a aujourd’hui. Les Français se montrèrent de plus en plus réservés, jusqu’à ce qu’une coalition hétéroclite rejette la question de confiance le 30/08/54 : la CED était morte née. Il s’agit apparemment d’un grave échec pour le système communautaire. La France a donné une piètre image d’elle-même. La vulgate présente l’échec de la CED comme un échec monumental. Est-ce vraiment le cas. Pour Bourlanges, la CEV était un très mauvais projet. Pour Georges-Henri Soutou, il s’agissait d’un « monstre stratégique et juridique ». Monnet y semblait plutôt hostile. Quatre points permettent de nuancer le constat d’échec : - Ce projet était assez boiteux sur le plan technique, la mixité des unités étant une idée assez catastrophique. - Ce projet rompait le compromis politique issu de la CECA. On passe d’un coup, très brusquement de l’économique aux fonctions régaliennes de l’Etat. On met le temps contre soit, on tire d’un coup sur la pelote. - Il s’agit au fond d’un concept inacceptable pour les français. Le prix politique est très élevé. Pour quoi ? Pour un renforcement de fait de l’ordre atlantique. Abandon souveraineté + égalité = équation inverse de celle qu’avait souhaitée les français. Pas adapté à leurs attentes fondamentales. - Union politique plus soumission à l’autorité américaine. On crée l’Union politique au nom de principes à la Klausewitz. De bout en bout, c’est inapproprié. En guise de remplacement, il y eut les Accords de Londres, puis ceux de Paris, en octobre 54 : - On reconnaît la souveraineté allemande. Les Français ne peuvent pas faire autrement. Ils doivent bien se rattraper après l’échec de la CED. Ils acceptent donc ce qu’ils avaient refuse en 1950. La Crise a été le moteur de la IVème République. Le réarment allemand est autorisé. Mais l’égalité n’est pas complète, car les Français commencent à se doter de l’arme nucléaire. L’inégalité depuis toujours souhaitée par les français se reproduit donc à un autre niveau. - On crée l’UEO, qui n’est en fait qu’une coquille vide liée à l’OTAN. Espoir français déçu au sujet de l’UEO.
L’échec du Plan Fouchet : On est dans un contexte précis. L’équilibre de la terreur est atteint entre américains et soviétiques. Les Allemands ne sont pas très rassurés, d’autant plus que les Américains gardent une attitude très prudente à Berlin, contrairement à ce qu’aurait souhaité Adenauer. De Gaulle montre sa solidarité à Adenauer lors de la crise de Berlin. Propose une nouvelle organisation politico-militaire de l’Europe pour apporter une sécurité supplémentaire. Les Allemands se montrent intéressés. Pour eux, il s’agit uniquement de compléter l’ordre atlantique, pour les français plutôt de le subvertir. Commission confiée à Fouchet le 11/02/61. Rend son projet le 17/04/62, puis c’est l’échec du Plan. Le Plan Fouchet est l’exact contraire de la CED. La CED réclamait un abandon de souveraineté et promettait peu d’indépendance face aux américains. Le plan Fouchet est symétrique : il réclame une maigre renonciation de souveraineté, l’unanimité étant presque toujours requise. Sorte de 2ème et 3ème pilier avant l’heure. S’agit il d’une remise en cause de l’Europe communautaire ? S’il s’agit de remettre en cause l’ordre atlantique, les allemands ne sont pas prêts à remettre en cause l’ordre atlantique. De Gaulle a été maladroit de telle manière qu’il a rendu les allemands réticents. Les néerlandais ont obtenu gain de cause.
2. Les alternatives
Il existe deux solutions alternatives pour la France :
Prendre le contrôle de l’alliance atlantique à égalité avec le Royaume-Uni. Etablir une relation de parité avec les USA. Cela suppose donc que le contrôle et l’organisation et de l’Europe soient assurés par l’Alliance Atlantique, et que l’inégalité entre la France et l’Allemagne soit maintenue ou rétablie. Préserver l’inégalité franco-allemande est une perversion du choix européen. A plusieurs reprises, la France suivra cette voie : Bidault à la fin des années 40, Mendès-France en 54, le mémorandum de De Gaulle à MacMillan et Eisenhower en 1958. De Gaulle reçut une réponse négative, les américains ne trouvant aucun intérêt dans cette configuration. Il ne tienne pas à s’aliéner la fidélité des anglais et à être sur le même plan que les turbulents français. Ils ne veulent pas non plus se brouiller avec l’Allemagne. Cette initiative française était malsaine, elle revient à combiner une égalité sur le plan communautaire et une inégalité sur le plan diplomatique. Dans le même temps, les français créent une arme nucléaire de courte portée : ils considèrent le territoire allemand comme leur glacis contre les russes. L’hypocrisie française aurait causé de gros problèmes à la réunification de l’Allemagne sans le rôle joué par Mitterrand, notamment lors de son discours de janvier 1983. Retour d’un statut d’égalité entre la France et l’Allemagne.
La stratégie de l’éloignement de l’ordre atlantique. Organisation de la belle et bonne alliance. Créer contre les USA un lien privilégié avec la Russie. Cela n’est pas très bon pour l’Allemagne. Cette attitude n’est pas franche. On ne peut en effet aller trop loin avec les russes. C’est une politique au bord du gouffre. Il y a donc là une double schizophrénie : - Volonté de déstabiliser l’alliance en supposant qu’elle reste en place. Cette politique, pour réussir, a le devoir d’échouer. - On exalte l’amitié franco-allemande, tout en se rapprochant des russes.
Conclusion : - Cette politique s’est arrêtée à un moment déterminé, lors du discours du 20 janvier 1983. Ce jour là a commencé la véritable coopération franco-allemande et européenne. Les avancées en matière de défense ont été limitées, ce qui est compatible avec le maintien de la fidélité à l’OTAN. En 1989, les allemands sont délivrés de l’obstacle nucléaire. - La France n’avait pas pris la mesure des changements de l’équilibre européen. L’Allemagne avait depuis longtemps, à bien des égards, la supériorité sur la France. En 1989, la France cesse d’être une figure imposée pour devenir une figure libre. - Il faut se rappeler du rôle joué par de Gaulle, une figure emblématique. Pour le développement d’une Europe politique et contre le développement d’une Europe communautaire. Il a donné aux Français le sentiment qu’ils pouvaient tout avoir à la fois. Il a retardé la prise de conscience des choix stratégiques réels.
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