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L’Union monétaire - L'identité européenne - Cours sur l'Union européenne - Sciences Politiques

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L’Union monétaire - L'identité européenne

 

Réflexion sur l’Union monétaire. On entame la réflexion sur l’identité de l’Union européenne. Mercredi : les problèmes de l’Europe et de la puissance. Puis la question de la convention sur l’avenir de l’Europe. Deux parties suivront un ordre chronologique : - Du Plan Werner jusqu’à Maastricht : de la décision de créer l’Union monétaire.


- De Maastricht jusqu’à l’adoption de l’euro, sous forme scripturale, puis fiduciaire : histoire d’un accouchement dans la douleur.

Il s’agit d’éclairer les conditions politiques de la décision, puis de la mise en œuvre de l’Union monétaire.

 

I. Histoire d’une décision difficile

 

Il s’agit en fait d’analyser les facteurs qui ont influencé la décision. Ils sont au nombre de cinq.

 

1. Le premier facteur est un facteur purement économique. C’est l’instabilité des monnaies à partir de 1968, marquée par le décrochement de la valeur du franc. Pour la première fois depuis 1959, le franc est dévalué. On voit parallèlement à cette perturbation monétaire se mettre en place un marché commun avec la disparition des barrières douanières. Les mécanismes de solidarité budgétaire sont mis à mal par l‘absence de référence fixe. Mise en œuvre de la PAC problématique : MCM : amortisseurs de dévaluations. On a lissé dans le temps les effets de la dévaluation. Il a fallu démanteler les MCM pour revenir à une situation de parité. 11 août 71 : flottement des monnaies devient la règle. Mise à mal de la discipline communautaire. Entre l’arquebuse des spéculateurs et la cuirasse des banques centrales, c’est l’arquebuse qui l’emporte. Le cheminement intellectuel vers l’euro s’est fait par le biais d’un dilemme : soit on maintient un système de flottement généralisé, soit on fait une monnaie unique que l’on ne peut attaquer séparément : on ne peut ainsi attaquer l’euro français, ou l’euro allemand.


Le Plan Werner insistait davantage sur la solidarité des politiques budgétaires. Idée de Werner : avec une convergence des politiques budgétaires, on fait disparaître les disparités dues à la monnaie. Aujourd’hui, on assite à une réticence  des gouvernements à l’idée de subir une contrainte budgétaire. Le budget reste le principal instrument macroéconomique dont disposent exclusivement les Etats-membres. Après l’échec du Plan Werner, l’idée suivante fut  celle du serpent dans le tunnel : on tolère les fluctuations si elles restent tolérées en deçà d’une certaine marge. Bientôt, le serpent gisera sans vise sur les dalles humides de la récession. Nouvelle idée, plus ambitieuse : le système monétaire européen. Giscard et Schmidt. Exclut les flottements trop importants. Création de l’ECU. Mais le SME a mal résisté à l’arrivée des socialistes en France. Politique résolument keynésienne de Mitterrand : une série de dévaluations : échecs à maintenir des parités fixes, jusqu’au plan Delors. Seconde mise en cause de ce système : le gonflement des moyens de paiement internationaux : l’internationalisation des marchés financiers entraîne une situation de déséquilibre entre l’arquebuse et la cuirasse. Crise de 1993 : on a élargi les marges de fluctuations autorisées. Cela a paradoxalement permis un alignement progressif de la monnaie allemande et de la monnaie française, par le biais des politiques budgétaires. L’élargissement des marges de fluctuation a découragé les spéculateurs. Mais la seule manière de résoudre le problème pour de bon est  de faire la monnaie unique.

 

2. Une ligne politique partisane : la répartition des forces parlementa         ires a été quelque chose de décisif.  Configuration motrice : celle reposant sur les socialistes et des démocrates-chrétiens. Caractéristique de l’ère Kohl Mitterrand, mais également des origines de la construction européenne : ministres MRP. Rien n’a marché hors d’une configuration telle : échec du Plan Werner sous la législature Pompidou. Dès l’arrivée de Giscard, on retrouve une configuration favorable : on a avec Schmidt une initiative commune. On ne peut imaginer la réalisation de la monnaie unique en dehors de cette configuration mythique.

 

 

3. Troisième moteur : le couple franco-allemand, et le sacrifice par l’Allemagne de sa monnaie. Grand courage politique des dirigeants allemands. Schmidt, en lançant le SME, a bousculé la technostructure nationale. En même temps, extrême difficulté à accepter cela. Le Conseil européen de Maastricht : Kohl est saisi d’hésitations sur le calendrier, il sent les fortes les réticences de  l’opinion. Remise en cause d’un symbole de l’Allemagne d’Adenauer : le mark fort. Les Allemands vont faire le choix à cause de la réunification. Kohl impose une mention allusive dans l’Acte Unique à la politique monétaire. Cela a déplu à Thatcher. Le passage à l’acte a été difficile, mais a été rendu possible par la réunification. Il fallait un geste fort de réaffirmation de la solidarité européenne. La décision de Kohl à Maastricht est une décision symétrique de celle de Robert Schuman, qui décide de mettre fin à l’autorité supranationale dans la Ruhr. Les Allemands, en donnant leur monnaie, donnent des gages de coopération, tout comme les français en 1950 en renonçant au démantèlement de l’Allemagne. Les Allemands étaient acquis au maintien du Deutschemark, mais, avec discipline, ils ont suivi leurs dirigeants Pour Felipe Gonzalez : la souveraineté espagnole a consisté à prendre quinze minutes pour s’aligner sur le politique monétaire allemande. Rôle important de l’Espagne dans la décision de créer la monnaie unique. L’hostilité périphérique s’est cassée sur la détermination franco-allemande. La détermination franco-allemande est la condition nécessaire et suffisante à l’Europe. L’Europe franco-allemande est nécessaire et suffisante. Couple non pas hégémonique, mais matriciel.

 

4. On a su désamorcer l’opposition des technocrates. Dans toute économie, il existe une technostructure budgétaire, et une autre monétaire (banquiers centraux et leurs administrations). Pendant longtemps, conjonction des réticences géopolitiques de l’Allemagne, résistance des banquiers centraux et des administrations monétaires Craignaient les effets néfastes que pourrait avoir une politique européenne du budget sur la monnaie. En Allemagne, de plus, la banque centrale est totalement indépendante. Double astuce, mise en place par Delors : on passe de la discipline budgétaire à la discipline monétaire. Il ne s’agit plus de mener on politique budgétaire européenne, mais de mener une politique monétaire européenne.  Seule réticence : celle des allemands, qui sont profondément attachés à leur monnaie. Le spectre de la coordination budgétaire trop forte s’éloigne. Delors a mis les banquiers centraux dans sa poche, et il a constitué le pouvoir monétaire comme un pouvoir indépendant. Pour la Banque de France : proclamation de l’indépendance de la Banque centrale. Constitution d’un pouvoir bancaire central européen indépendant. On a là un exemple de fédéralisme coopératif. Manœuvre politique habile visant à associer les technocraties à la mise en œuvre de la monnaie unique.

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5. Dernier moteur : la méthode Monnet, qui peut être caractérisée par trois choses : l’étapisme : on définit à Maastricht un calendrier.   L’Europe ne se fait pas d’un coup. Deuxième caractéristique : on distingue le moment où on décide du moment où on souffre. Troisième chose : la dépolitisation du problème. On dépolitisé la gestion monétaire. Création de procédures tout à fait objectives : indépendance de la Banque centrale, mise en place d’une batterie de critères prétendument objectifs. Ambigu : car l’Europe monétaire était perçue comme l’antichambre de l’Europe politique. A travers ça, on a dépolitisé la politique européenne. On n’a pas franchi la porte sacrée du politique. Rôle accru du Parlement européen dans le domaine législatif ; mais développement de structures technocratiques du pouvoir.

 

 

II. La mise en œuvre de la monnaie unique. Ses conséquences

 

 

 

Comment ça s’est  passé après cela ? Après Maastricht, les choses se sont faites dans le pire des climats possibles : l’heure était en effet à la récession économique.

Première critique : la mise en place de la monnaie unique implique nécessairement une politique  récessive sur le plan économique. Conjoncturellement, mais aussi structurellement : il est capital de maintenir la parité entre les monnaies. La mise en œuvre de la monnaie unique, en impliquant le maintien des parités, interdit les politiques de relance.  Choc asymétrique extrêmement puissant en Allemagne : laxisme budgétaire nécessaire à la suite de la réunification. A côté de ça ; rigorisme monétaire. Policy mix allemand, qui a nui à toute la politique européenne. Les Allemands étaient contraints de pratiquer une politique budgétaire expansive tout en étant contraint de ne pas laisser filer leur monnaie. Décrochement de toutes les monnaies : obligation de maintenir la parité. Critique de base contre la politique du franc fort. Il est vrai que l’on a souffert gratuitement pour la monnaie unique. Le raisonnement unique était vrai tant qu’il n’y avait pas de monnaie unique. Insuffisance de politique monétaire. A partir du moment où on aurait eu la monnaie unique : solidarité budgétaire vis-à-vis de l’Allemagne. Mutualisation du coût de la réunification. La politique monétaire aurait été celle de toute l’Europe. Mais ce qui s’est passé, c’est une tension sur le mark : l’Allemagne a fait payer par sa politique monétaire le prix de la réunification. Pour maintenir le mark à un niveau élevé, il a fallu compenser la politique budgétaire expansive de l’Allemagne par un soutien des autres monnaies, ce qui a été néfaste.

Deuxième critique, de type keynésien : la monnaie, une fois qu’elle est unique ne peut plus constituer un instrument de relance ; La politique conjoncturelle est menée par la politique budgétaire. On fait plonger la monnaie pour financer le déficit. A partir du moment où la monnaie est dépolitisée, celle-ci devient neutre : on est obligé d’équilibrer le budget. On s’interdit toute politique de relance. Objections morales : est-il moral de faire reposer la relance sur la dépréciation de la monnaie ? Jusqu’ à la mi-75, la situation des vieux est très précaire. Maintenant, la monnaie unique est à l’avantage des vieux. D’ailleurs, dans une économie mondialisée, les marchés financiers ont bien plus de puissance : le taux d’intérêt négatif provoque une crise durable de la monnaie, d’où l’intérêt de pratquer un contrôle sévère de la masse monétaire. On est en benchmarking monétaire. Rémunération compétitive de l’épargne.

Hétérogénéité des zones économiques : on impose une gestion commune du système. Galice : choc asymétrique avec la marée noire. Appauvrissement net de la Galice. Dans un système autonome, on pratique le laxisme budgétaire. Si l’Espagne avait conservé sa monnaie, elle aurait mutualisé le coût représenté par le choc de la marée noire par le biais de la dévaluation. En monnaie unique, on n’a pas cette possibilité. La seule variable d’ajustement est la cessation d’activité. En fait, tout dépend de la façon dont on réagit à la situation : on peut mener une politique de laxisme budgétaires qui va affecter la valeur de la monnaie européenne. Phénomène de mutualisation au niveau de la zone entière : perte marginale de richesse. Réponses à l’objection friedmanienne contre les politiques budgétaires expansives : il faut un pilotage central beaucoup plus souple de la politique budgétaire : on autorise les espagnols à dépasser, mais pas les finlandais etc. La véritable critique, c’est que le système est s’un point de vue budgétaire à la fois décentralisé et rigide : le pouvoir budgétaire reste aux mains des Etats, mais dans certaines limites, on n’a pas de marges de manoeuvres suffisantes. Il faudrait un système centralisé avec une gestion beaucoup plus souple et plus flexible. C’est la négation du policy mix que d’attribuer la compétence budgétaire aux Etats et la compétence monétaire à l’Union. Le policy mix permettrait d’articuler avec souplesse la politique budgétaire et la politique monétaire.

Une critique de nature politique : la perte de la souveraineté monétaire. A part en Allemagne, où cette crainte est réelle, cela n’a finalement pas fait tant de vagues que ça. Les gens  tiennent surtout au fait qu’on  attribue à l’Europe des faux pouvoirs : il n’existe pas d’Europe fiscale, ni d’Europe sociale, de défense … Là il y a une défiance : là où l’Europe n’a pas de compétence clairement définie. Mais lorsque l’on présente quelque chose de costaud aux gens, ils sont d’accord. Les gens apprécient le fédéralisme à l’endroit, ils apprécient que l’on attribue à l’UE de véritables pouvoirs. Sondages d’opinion en faveur d’une armée européenne. Pour des raisons économiques, dont les dirigeants allemands étaient conscients, l’Allemagne a finalement accepté la monnaie unique. L’Allemagne était au bout de son cycle de monnaie forte. La monnaie forte est celle qui se surenchérit constamment par rapport aux autres. L’Allemagne tellement forte économiquement que l’on achetait indépendamment du prix, simplement parce que c’était allemand. Monnaie réévaluée, qui se renchérit constamment. Modèle inverse : la dévaluation compétitive de type italien. Le compromis fut donc la monnaie stable. Conscience plus grande de la vulnérabilité allemande.

Troisième catégorie de critique: l’Europe périphérique, qui n’a pas le même degré de participation : Royaume Uni, Danemark, Suède . Tel est le rapport à la souveraineté monétaire : crainte allemande, promesse de souveraineté clairement définie pour les autres, repli des périphériques.

La critique de l’engrenage. La monnaie entraînerait irrémédiablement un  passage vers l’Europe politique : pas si évident. Le spill-over attendu ne s’est pas produit. Entre la technique et la politique, il y a en effet un saut qualitatif. On est dans une logique pascalienne : on  oppose l’esprit de finesse à l’esprit de géométrie. Pour faire de la politique, il faut des autorités politiques. L’euro est la dernière manifestation de l’Europe technocratique plutôt que la première manifestation de la nouvelle Europe.

 

 

La question de l’identité européenne

 

 

« Je ne peux qu’approuver ceux qui cherchent en gémissant ». Cette citation de Pascal reflète bien les difficultés que l’on peut éprouver à trouver une identité à l’Europe. Distinguer identité de l’Europe de l’identité de l’UE. Identité de l’Europe : un héritage formé d’un ensemble de déterminants géographiques, historiques et culturels. L’identité de l’UE, c’est un projet, un pacte, qui s’apparente à l’identité des USA. Vise à s’accorder sur les institutions pour exercer les compétences ; C’est un acte volontaire. Distinction du critère de nationalité à l’allemande sur critères à la française. Renan : adhésion à une Nation, plébiscite de tous les instants. C’est le modèle allemand qui l’a emporté. Définition allemande : l’Alsace Lorraine était allemande entre 1870 et 1914. France : c’est le vouloir vivre ensemble qui l’emporte. Même différence entre identité Europe et UE : ce qui nous est transmis, et ce qu’on décide de faire ensemble. On pourrait imaginer une UE plus étroite que l’Europe : sans Transcaucasie, Ukraine etc. UE suppose un accord sur les valeurs. Qu’est ce que l’unité européenne : c’est la Grès, Rome, l’héritage judéo-chrétien, l’humanisme des Lumières : cela ne veut rien dire.

Trois caractéristiques fondamentales de l’identité européenne :

- un positionnement philosophique reposant sur la notion de relativité

- Un positionnement géographique reposant sur la notion de vulnérabilité

- Un modèle institutionnel reposant sur la sacralisation de l’Etat-Nation.

 

1. Le positionnement philosophique

 

On a une triple relativité : dans l’histoire, la géographie, et la politique. Idée que l’homme est une réalisation progressive, complexe, pas caractérisa par appartenance à un ordre immuable. Apport du judaïsme. Les grecs ont contribué à cela : Hérodote est le premier historien. Perception de la transition des cités. Le christianisme joue également son rôle : l’histoire sainte, le paradis perdu, la longue conquête de la rédemption. Grandes œuvres occidentales marquées par cette conception historique : Rousseau : déchéance du bion sauvage, rédemption par le contrat social. Hegel. Puissante persistance. Asie : recherche de la perfection. Autre relativité : relativité à l’espace : l’Europe se pense comme une civilisation parmi d’autres ; Capacité à comprendre intellectuellement les autres civilisations. Invention de l’ethnographie et du musée. Témoignage de Paul Valéry ou d’André Malraux. Capacité de l’intellectuel européen pense l’universel en prenant en compte l’altérité.

Politique : distinction du spirituel et du temporel. On pense différence entre existence temporelle et croyance en la divinité. Alliance entre le peuple élu et la divinité. Alliance de liberté. Pas de soumission. Apport du judaïsme. Dogme trinitaire : égalité du fils par rapport au père. Autonomie de l’Homme par rapport à Dieu. Même type de problème avec l’église ortgodoxe. Clovis : le véritable inventeur de la laïcité. Cela pose le problème des musulmans. On ne peut pas dire qu’ils ,e peuvent pas devenir européen en raison de ce critère de relativité politique. Cela pose certes un problème théologique ; Seul vrai problème : celui de la laïcité. L’Europe est certainement la société la moins religieuse de toutes. Différence avec l’Amérique. Saturation du religieux dans le discours politique américain.

 

 

2. le positionnement géographique

 

Céline : « Quarante millions de cons au bout de l’Europe qui n’ont pu aller plus loin », sur les français. L’Europe, c’est un cul de sac ultra peuplé, constamment soumis à une pression extérieure. Influence modèle de développement. Pression extérieure : depuis Salamine et Alexandre. Angoisse face à l’étendue de l’asie. Pression des barbares. Trèves : cœur du dispositif. De même pour les croisades : affaire contre les turcs. Hostilité actuelle à la rentrée de la Turquie : réminiscence. Tension démographique forte. Impossibilité d’émigrer davantage. Différence entre les USA et l’Europe. Aux USA, la solution aux problèmes sociaux : c’est « exit ». C’est le « go west ». En Europe, le modèle c’ est « voice ». Développement d’une lutte des classes. La charte des droits fondamentaux est inacceptable pour les américains : ce n’est pas le même modèle. Europe solidaire, Amérique pionnière.

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