Gouverner par contrat - L’action publique en question
Les méthodes de l’action publique semblent de plus
en plus marquées par l’émergence d’une « culture de la négociation ».
Celle-ci s’inscrit dans les propositions toujours plus nombreuses en vue de « moderniser
la vie publique » : partage renouvelé des décisions et des pouvoirs
institutionnels, nouvelle action publique, débattue, négociée et, partant, plus
proche des citoyens… Les méthodes de négociation se sont alors développées sous
des formes diverses : contrat, partenariat ou médiation… Selon
Jean-Pierre Gaudin, ces transformations de l’action publique se résument en une
formule clef : le déploiement d’une négociation explicite. Celle-ci
suppose la reconnaissance de pratiques en marge de l’action publique et la
reconnaissance d’interlocuteurs divers, promis à un rôle accru. En France,
l’explicitation de la négociation dans l’action publique s’est opérée par la
contractualisation croissante des politiques publiques.
J-P. Gaudin propose trois critères qui, une fois
réunis, permettent de préciser les modalités de la contractualisation :
l’existence d’un accord négocié sur des objectifs d’action,
l’engagement sur un calendrier de réalisation et les contributions
conjointes des parties prenantes. Les méthodes des politiques publiques s’en
trouvent de fait modifiées : les démarches contractuelles, par la négociation
d’objectifs ponctuels, mettent en forme des coopérations entre des mondes
multiples, à la fois partenaires et concurrents. On assiste dès lors à une
décentralisation des compétences et à l’assouplissement des rapports
entre public et privé.
Réponse à
l’exigence de modernisation de l’action publique, les démarches contractuelles
ont pour objectifs d’optimiser le travail administratif, de
décloisonner les domaines de l’action publique, d’individualiser les
rapports avec l’usager. Mais, derrière cette dimension fonctionnelle,
apparaît un objectif de réactivation de la participation. A travers la
contractualisation, les objectifs poursuivis sont à la fois de l’ordre de
l’efficacité gestionnaire et de l’approfondissement démocratique. Mais il s’agit
cependant de savoir quelle est la véritable portée de la négociation explicite
et de la contractualisation. Qui participe effectivement au débat public, à
quelles conditions et avec quelles ressources ? Telles sont les questions que se
pose J-P Gaudin tout au long de son ouvrage. Pour tenter d’y répondre, trois
points sont successivement abordés : le renouvellement de l’action publique en
France par le biais de la contractualisation, la négociation dans le cadre
européen et les formes de légitimation de ces méthodes nouvelles. Nous
conserverons ici ce cheminement pour suivre étape par étape le raisonnement de
l’auteur.
I. Le renouvellement
de l’action publique en France
- Contractualisation et
décentralisation
En France, la
multiplication des procédures contractuelles est à la fois corrélée avec le
mouvement de décentralisation et indépendante de lui. La décentralisation de
1982 favorise et requiert à la fois la multiplication des politiques
contractuelles ( elle ouvre de nouvelles perspectives en matière de contrats (
contrats de plan, chartes de développement…)). Mais la contractualisation est un
phénomène antérieur aux lois de 1982…
La diffusion
des démarches contractuelles s’est opérée dans la perspective d’un double
renouvellement : celui des formes de la participation et de consultation
politique et celui des modes de coordination entre institutions et
acteurs sociaux qui participent à l’action publique. D’une part, en effet, à
la fin des années 1960, un essoufflement de la participation
traditionnelle se fait sentir, révélé particulièrement brutalement par la crise
de mai 1968. Dès lors, parmi les projets de modernisation de l’Etat ou de
l’administration, le thème d’une mise en débat systématique de la conduite des
politiques publiques se fait jour. C’est dans ce climat qu’apparaissent les
premières expériences de contrats de politiques publiques. D’autre part, les
lois de décentralisation ont créé des blocs de compétences qui correspondaient à
des compartiments étanches alors même que les actions publiques de plus en plus
transversales tendaient à se multiplier. Par conséquent, les démarches
contractuelles se sont imposées d’elles-mêmes pour assouplir ces nouvelles
frontières d’action. Mais, si la décentralisation, réforme plébiscitée et
reconnue, a été le fruit d’un processus très solennel, la contractualisation,
elle, est restée beaucoup plus discrète, empirique, multiforme.
- Les modalités d’exercice
de la négociation dans les politiques contractuelles
La méthode
contractuelle s’exerce aux frontières des domaines d’action, entre principes de
concurrence et de coopération. D’une part, elle se déploie au sein de
l’administration de l’Etat entre les différents secteurs d’intervention, sous
forme notamment d’interministérialité. J-P Gaudin parle alors de
décloisonnements intersectoriels. D’autre part, il s’agit d’un
décompartimentage entre le domaine public et le domaine privé, par la mise
en place de partenariats sur des objectifs généralement ciblés et limités. Si la
contractualisation des politiques publiques renvoie dans l’imaginaire politique
à une « horizontalisation » entre les acteurs, il apparaît en réalité qu’elle
confirme ou renouvelle les rapports asymétriques existants en fonction de
plusieurs facteurs : ressources financières et juridiques, capacité à construire
une offre de négociation, processus de filtrage. Aussi apparaît-il que la
négociation explicite n’est pas une négociation ouverte.
Dans ces négociations contractuelles, caractérisées
par un foisonnement des procédures et une certaine labilité des démarches, on
observe un processus de stabilisation des relations interpersonnelles. En effet,
la négociation multicentrée se caractérise par l’individualisation des acteurs
et la structuration de réseaux interpersonnels et stratégiques. Ce nouvel
agir politique repose également sur l’imaginaire du contrat. En effet,
ses connotations, sa charge idéologique très forte se lisent en effet aussi bien
chez les citoyens qui se sentent davantage intégrés au débat public que chez les
acteurs politiques et les professionnels qui peuvent donner l’impression de
travailler de manière plus ouverte.
Dès lors, les contrats de politiques publiques
s’avèrent être des engagements moins juridiques que moraux et politiques,
permettant une visibilité et une personnalisation particulières des échanges
politiques.
- Les ressorts de la
contractualisation
Cependant, l’intérêt général est l’un des
référents traditionnels de l’action publique en France, qui légitime la décision
politique. Cette notion juxtapose trois registres principaux : la souveraineté,
l’unité et l’égalité dans l’Etat-nation, et l’autorité tutélaire de
l’administration à travers les présupposés de la neutralité : la technique et la
bureaucratie. Or, c’est l’ensemble de ce régime de convictions qui se trouve
confronté à présent à la méthode contractuelle. La contractualisation affaiblit
le champ d’application de la règle générale (introduisant des régimes
spécifiques), si bien qu’elle est considérée par certains comme un facteur de
désordre.
Aussi ces
mutations de l’action publique ont-elles fait l’objet d’interprétations diverses
qui se divisent schématiquement en deux types d’analyse opposés. L’une des
interprétations polarise l’attention sur le rôle incitateur de l’Etat et
sur son (néo)-volontarisme ; l’autre, en revanche, insiste sur le développement
des autorégulations au sein des systèmes sociaux d’ensemble. L’accent est
alors mis sur des jeux multi-acteurs, sans impulsion prééminente. Cependant, en
France, le polycentrisme décisionnel et les négociations multiniveaux n’ont pas
réduit l’Etat à néant. C’est un acteur collectif toujours essentiel.
Seule la question du degré de sa prééminence est ici en question.
Parallèlement, la méthode contractuelle présente des ambiguïtés entre
modernisation et déstabilisation. Certains insistent sur la dimension
moderniste de cette nouvelle action publique. Mais la critique de la méthode
contractuelle, bien que restreinte, n’en est pas moins récurrente. Elle vient
souvent des milieux juridiques ou de la haute fonction publique. Le contrat est
ainsi présenté comme une source de désordre car il fonderait une règle
spécifique. On met aussi en avant la faiblesse du contrôle d’application et de
la sanction juridique des engagements contractuels, l’instabilité et l’opacité
des politiques et des procédures…
Néanmoins
l’ensemble des démarches contemporaines de négociation explicite de l’action
publique fait l’objet d’un engouement qui ne se limite pas à la seule société
française.
II. Le contrat dans une perspective européenne
- La diffusion d’un modèle
standard
Les mutations de l’action publique dans les pays
européens vont dans le sens d’un développement de la négociation généralisée. Il
semble que trois vecteurs particuliers soient à l’origine de la diffusion
d’un modèle « européen » de la négociation. Il s’agit d’une part de la
pénétration en Europe des idées néo-libérales, de la multiplication de
dynamiques variées de régionalisation ou de décentralisation d’autre part,
et, enfin, de l’intégration croissante des politiques publiques dans le cadre
de l’Union européenne. La négociation irait alors partout dans les mêmes
directions : négociation explicite, pragmatisme accru, banalisation des rapports
entre secteurs public et privé, coopérations multiniveaux dans un esprit
décentralisé.
La question de l’élargissement du débat public est
en outre posée dans les mêmes termes dans l’ensemble des pays européens. L’idée
d’une rationalisation du débat explicite et de son élargissement est ainsi
contrecarrée par certains par la dénonciation d’une dérive fonctionnaliste.
Car, il apparaît dans les faits que si des forums élargis de débat se
sont constitués, les arènes décisionnelles restent fermées.
Les prises de position concernent également une
dénonciation de la négociation en tant que source de désordre et d’inégalités.
A l’idée de modernisation s’oppose la volonté de respecter la règle générale,
associée à l’universalité des situations et au caractère prévisible des normes.
La règle générale permet en effet la péréquation financière et la redistribution
à grande échelle, conformément aux principes républicains. La fragilité des
engagements contractuels s’oppose à la sécurité et à la prévisibilité normative.
En réalité, derrière le débat autour de la
contractualisation, sont en jeu des conceptions globales de la chose publique,
comme le montre J-P Gaudin à travers l’exemple du vaste débat de presse autour
de ce thème en France en 1998.
- Un polycentrisme
croissant
La décentralisation a été le catalyseur d’un
mouvement de dispersion et de fractionnement des capacités d’initiative et des
pouvoirs de contrôle, tandis que la multiplication des partenariats entre les
secteurs public et privé a été à l’origine d’un décloisonnement des opérateurs.
Citant l’exemple des lobbies aux Etats-Unis, l’auteur démontre le rôle
essentiel des acteurs économiques dans les processus de négociation dans
l’action publique. D’un autre côté, les acteurs institutionnels restent
largement influents d’autant que certains pouvoirs institutionnels,
bénéficiant d’une prééminence au sein de la structure institutionnelle, restent
puissants dans les rapports de force qui structurent la négociation. Dans les
diverses perspectives, selon la prise en compte d’acteurs économiques ou
institutionnels, il apparaît qu’on peut raisonner en termes de partenariats
hiérarchisés car on est généralement en présence de déterminations
économiques fortes ou de prééminences institutionnelles.
Mais, si la négociation peut être encore fortement
corporatiste et polarisée, il est nécessaire de prendre en compte des
configurations où le jeu des relations personnalisées est peu coordonné et en
apparence plus ouvert. La personnalisation des négociations pousse en effet
à sortir quelque peu des relations codifiées par les hiérarchies
traditionnelles. Des réseaux interpersonnels opèrent ainsi parallèlement à la
règle générale et correspondent à des besoins croissants de liaison et
d’harmonisation entre des pôles de décision multiples et fragmentés. Le thème de
gouvernance qui intègre les pratiques contractuelles met ainsi l’accent sur
une approche plurale et interactive du pouvoir. En somme, la problématique
de la négociation multicentrée pose la question de la régulation globale des
sociétés par le polycentrisme croissant qu’elle contribue à créer.
- La négociation de
l’action publique au rythme du changement politique
Aussi cette problématique amène-t-elle à
s’interroger sur les ressorts du changement politique lui-même.
Citant Habermas et Gellner, J-P Gaudin souligne
l’idée de complexification sociale. En effet, ces auteurs mettent en
évidence – chacun de manière différente – l’émergence d’une perception
plurale des intérêts collectifs et la montée en puissance des principes
gestionnaires et de mobilité, alliée à un utilitarisme compétitif croissant.
La compréhension des transformations dans les règles du jeu de l’action publique
et, par conséquent, du changement politique, est selon Gaudin fonction de trois
facteurs : non seulement du cadre des institutions et de son histoire mais aussi
de la dynamique des représentations collectives et du rôle des acteurs sociaux
qui, par leurs intéressements, portent des objectifs d’action et s’insèrent dans
des rapports de force.
Dans cette perspective qui articule intérêts,
valeurs et institutions, il apparaît impossible de parler de la diffusion d’un
modèle standard de négociation politique. Pour parler d’un tel modèle, il aurait
fallu qu’il s’agisse d‘une seule et même dynamique, aux implications et aux
enjeux identiques d’un pays à l’autre. La négociation de l’action publique
diffère également entre les pays par ses formes. En effet, elle ne veut pas dire
partout développement de procédures contractuelles. Dans certains pays, la
contractualisation institutionnalisée est concurrencée par d’autres formes
préexistantes ou parallèles de mise en débat de l’action publique. En Allemagne,
par exemple, il s’agit essentiellement d’une coopération multiniveaux par voie
de commissions permanentes, tandis qu’en Grande-Bretagne, le partenariat
informel et pragmatique domine les différentes pratiques de la négociation
explicite.
III. Entre légitimité et objectif
d’approfondissement démocratique
- La médiation,
garantie de souplesse et d’adaptation
La négociation contractualisée requiert des
fonctions d’interface entre différentes organisations ou mondes d’action,
favorisant l’émergence de cultures de « médiation ».
Impliquant un travail de courtage personnalisé, la
négociation mobilise un éventail élargi d’interlocuteurs institutionnels et une
riche combinaison d’arrangements et d’échanges organisationnels. Ce phénomène
est à l’origine de la constitution de milieux d’acteurs multiformes et
fragmentés. Distincts de la ressource liée à une position institutionnelle, de
nouveaux atouts émergent dans la négociation, dus à un itinéraire professionnel
mixte ou à une trajectoire sociale diversifiée, permettant à un individu de
capitaliser des appartenances multiples et des mondes de légitimité
complémentaires (engagement professionnel et engagement public en
particulier). Par ce profil d’intermédiaires, les acteurs de la
négociation explicite détiennent des ressources adaptées pour agir de manière
souple, facilitant la recherche de consensus. Cela entraîne en outre la
constitution de profils de métiers plus stratégiques.
Ces acteurs, insérés dans des logiques de gestion
et d’organisation collectives des tâches, mènent un travail d’accréditation de
la négociation contractuelle, qui entend participer à une légitimation
d’ensemble de l’action publique.
- Un travail
d’accréditation de la négociation explicite
Le travail d’accréditation de la contractualisation
s’effectue dans deux directions : l’ouverture d’arènes de débat élargies et la
redéfinition des répertoires d’argumentation.
L’argumentation en faveur de la légitimité des
démarches contractuelles reposent sur de nouveaux répertoires qui
combinent normes sociales et normes juridiques. En effet, c’est dans le contexte
de ces argumentations que s’est développée la notion de discrimination
positive entre différentes aires territoriales. Celle-ci correspond à une
démarche différentielle, qui peut être perçue comme allant à l’encontre du
principe républicain d’égalité. L’enjeu est alors de combiner les principes
d’égalité et d’efficacité dans la mesure où les compensations mises en œuvre par
les actions de discrimination positive créent des statuts spécifiques.
L’accréditation de la négociation passe donc par la
nécessité d’apprendre à combiner des principes d’action, par le biais d’une
négociation contractuelle où le général et le singulier (l’Etat et les
municipalités par exemple) s’affrontent dans des rapports de force assouplis et
rénovés, qui ne sont plus enfermés dans les différences de statut
institutionnel.
Mais, parallèlement, à travers l’acculturation
entre deux modes d’action, celui de l’intérêt général et celui de la négociation
explicite, se jouent à la fois l’officialisation de règles hybrides (entre règle
et contrat) et une banalisation croissante des « arrangements ». En ce sens,
officiel et officieux se combinent dans la contractualisation, ce qui ne peut
que nuire aux processus d’accréditation et de légitimation de ces nouvelles
méthodes d’action publique.
- Une renonciation
aux ambitions initiales de démocratisation ?
La négociation accorde une très large place aux
acteurs professionnels qui posent en quelque sorte des diagnostics sur les
projets d’action publique. Se pose alors la question d’un relatif retrait du
politique au profit de « développeurs de projets ». J-P Gaudin définit ces
derniers comme de nouveaux acteurs se distinguant des élites classiques de
l’administration et tirant leur autorité dans les affaires publiques d’une
capacité individuelle à intégrer savoir gestionnaire et art de la médiation.
Mais ces acteurs, majeurs dans les démarches contractuelles, ont le profil
d’intermédiaires situés à la charnière du technique et du politique.
Aussi, l’hypothèse d’un retrait du politique ne rend pas compte de toutes les
situations possibles. Il existe des actions négociées dans lesquelles l’Etat
joue un rôle non négligeable (ex : environnement).
Pourtant, à l’échelle locale, la démocratie
représentative n’apporte qu’une faible légitimation à la négociation
explicite. En effet, les élus traditionnels ne sont pas les acteurs centraux de
ces pratiques et les « développeurs de projets », qui ne disposent pas toujours
de mandat électif, tendent à devenir leurs concurrents plus que leurs alliés. De
plus, malgré un objectif initial d’ouverture du débat et de sa facilitation à la
fois par le biais de la décentralisation et par celui des procédures
contractuelles, la distance entre objectifs initiaux et réalités s’est vite
révélée importante. Ouverture du débat et intégration à la négociation sont,
notamment du fait d’effets de filtrage, plus que restreints. L’ouverture
de la négociation aboutit le plus souvent à la multiplication de scènes de
débat, qui ne se réduisent cependant généralement qu’à des parcours
« processuels » : la phase de discussion et de négociation paraît ouverte mais
le processus décisionnel reste le fait d’un nombre très réduit d’acteurs
choisis.
Si la contractualisation est une méthode d’action
publique qui présente un certain nombre de carences, de failles et de
contradictions dans ses applications, elle n’en demeure pas moins un modèle
de plus en plus utilisé, qu’on cherche davantage à perfectionner qu’à
exclure. Il s’agit désormais d’en faire une méthode d’action qui reste
souple mais à l’intérieur d’un « code de bonne conduite » plus explicite.
En effet, une lacune fondamentale demeure : la
légitimation des pratiques contractuelles. Bien qu’elles apportent des gains
de performance ou de souplesse, les coordinations multicentrées restent bien
souvent labiles et brouillent les responsabilités. La perspective
démocratique est trop souvent tenue à distance, voire inexistante ; d’autant que
la négociation explicite s’avère fréquemment coupée de la légitimation du
suffrage universel et de la règle générale, c’est-à-dire des bases
traditionnelles de légitimité de l’action publique.
Aussi Jean-Pierre Gaudin s’interroge-t-il sur la
possibilité de contourner longtemps la question de la légitimation démocratique.
Selon lui, ce que l’on peut redouter, c’est le risque de laisser la chose
publique être peu à peu remplacée par les formes d’une « citoyenneté privée »,
basée sur un individualisme exacerbé et un Etat contingence.