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Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po
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Le slogan des années 1950 avait été en Chine "Chine et URSS sont pour toujours unies par des liens fraternels". Puis vint la rupture sino-soviétique de 1960, l'URSS devenant du point de vue de Pékin un pays "néo-impérialiste". Le traité russo-chinois de "bon voisinage, amitié et coopération" du 16 juillet 2001 marque-t-il un retour à la fraternité entre les deux pays ? En fait ce traité venait couronner plus qu'initier un rapprochement entre les deux pays, qui s'était concrétisé au cours des années 1990 par un rapprochement des positions, |
spécialement face à la montée en puissance des Etats-Unis : commune opposition aux élargissements de l'OTAN, puis au projet de NMD (puis MD), ainsi qu'à l'opération de l'OTAN au Kosovo. La question peut d'ailleurs se poser de savoir si on assiste à une alliance "anti-hégémonique" (lire "anti-américaine" dans le langage chinois) entre les deux pays.
A cet égard il apparait que si des préoccupations stratégiques communes forment un soubassement à une possible alliance entre les deux pays, leurs divergences d'intérêt sont par ailleurs trop importantes pour que les Etats-Unis aient vraiment à redouter une alliance russo-chinoise dirigée contre eux.
I - Il existe un réel soubassement pour une alliance sino-russe
A- la Chine et la Russie cessent de se considérer mutuellement comme des menaces
- la Chine s'est un temps sentie menacée par le cours des choses en Russie (effondrement du communisme, politique eltsinienne d'alignement sur l'Ouest), mais elle apprécie finalement d'être traitée comme une égale par la Russie nouvelle, ce qu'elle n'avait jamais obtenu de l'URSS. Le fait est que tant du point de vue de Moscou que du point de vue de Pékin les relations bilatéralesn'ont jamais été aussi bonnes depuis 1960 qu'au cours des années 1990. En juillet 2000, au cours d'une visite à Pékin, le Président Poutine a signé avec son homologue chinois une déclaration commune condamnant le projet américain de NMD et annoncant la négociation d'un traité d'amitié qui fut effectivement signé l'année suivante au cours de la "visite-retour" de Jiang Zeming à Moscou. La Chine n'a pas de traité semblable avec un autre pays. Ce traité, qui n'est pas formellement une alliance, contient néanmoins deux clauses qui en sont proches : 1) les deux pays renoncent à entrer dans des accords avec des pays tiers qui pourraient porter atteinte à la sécurité, souveraineté ou intégrité territoriale de l'autre et 2) chacun des deux pays s'engagent à se consulter immédiatement en cas d'une menace d'agression dirigée contre l'autre. Le Groupe de Shanghai (devenu en juin 2001 "l'organisation de coopération de Shanghai" regroupe désormais les anciens territoires soviétiques qui longent la frontière chinoise (Russie, Chine, Kazakhstan, Kirgizhstan, Tadjikistan et Ouzbékistan ) pour régler les questions d'intérêt régional, et informellement dans l'esprit de Moscou etde Pékin pour contrebalancer l'influence américaine grandissante dans la région.
B - Russie et Chine s'accordent désormais sur le souhait commun d'un monde multipolaire, chacun d'eux constituant un de ces "pôles", et les deux étant engagés dans une relation de partenariat stratégique. Ceci résulte notamment du fait que la Russie a perdu ses illusions sur un rapprochement avec l'Occident et que la Chine s'est également trouvée rejetée par lui à la suite de la répression de 1989 (événements dits "de la place Tien'anmen"), et s'est sentie menacée lors de la crise du détroit de Taiwan (1996), et l'annonce de la mise en place d'une défense anti-missile de théâtre (TMD) au bénéfice de l'île rebelle, en sorte qu'un rapprochement entre les deux était logique. C'est surtout Primakov qui, à partir de 1996, a cherché a construire des partenariats spéciaux avec la Chine d'une part et l'Inde d'autre part, tout en renouant avec la Corée du Nord, ces partenariats bilatéraux étant selon lui plus "payants" que le tête-à-tête avec les Etats-Unis. Il s'agissait aussi de prendre en compte le fait que si la Russie a l'essentiel de sa population en Europe, elle a l'essentiel de son territoire en Asie.
C - intérêts communs : la Chine a besoin de la Russie pour des fournitures d'armements et de technologies dont elle estime avoir besoin pour contrer la "nouvelle menace hégémonique américaine", et la Russie a besoin de ces ventes pour abonder ses réserves en devises fortes. La Chine représentait en 2000 50% des ventes d'armes russes et en 2001 un nouveau contrat de 2 milliards USD a été signé. Certains des armements achetés à la Russie ont été déployés face à Taiwan.
II - Néanmoins il reste encore trop de divergences d'intérêt pour qu'on puisse redouter à Washington une alliance sino-russe
A- Certains contentieux restent entiers :
- Le traité de 2001 ne résout pas tous les contentieux territoriaux entre les deux pays, même s'il affirme qu'aucun des deux pays n'a de prétentions sur le territoire de l'autre : il prévoit seulement le maintien du "statu quo" sur la frontière commune.. Ce traité ne représente donc pas une avancée par rapport au traité d'amitié précédent (1950) qui ne réglait pas non plus les contentieux territoriaux.
- le contentieux de l'immigration illégale chinoise vers le territoire russe (qui prend la forme d'une invasion, vu de Russie, car on estime que 7,5 millions de Chinois se sont illégalement installés dans l'extrême-orient russe) surtout dans un contexte où les contentieux territoriaux n'ont pas été vidés mais seulement mis "sous cloche") et les contentieux économiques de la région frontalière demeurent (commerce anarchique entre les provinces frontalières des deux pays avec les problèmes que cela entraine). L'extrême-orient russe est presque dépeuplé face à une Chine du Nord-est qui compte au moins 100 millions d'habitants.
B- les divergences d'intérêts demeurent
- le différentiel de puissance économique et démographique entre la Russie et la Chine constitue une menace pour l'avenir des relations bilatérales. Les objectifs de la ccopération russo-chinoise ne sont pas atteints : le commerce bilatéral qui devait atteindre 20 milliards USD en 2000 n'a atteint que 8 milliards; par comparaison, le commerce sino-américain atteignait la même année 116 milliards USD. La Russie n'a pas les capacités nécessaires pour être le partenaire économique privilégié d'une Chine en pleine expansion qui préfère la technologie occidentale à la technologie russe (il est vrai qu'en sens inverse la Russie achète plus volontiers sud-coréen ou japonais que chinois).
- la Russie mène d'autres partenariats que la Chine peut trouver menacante pour elle : notamment le développement d'une possible coopération OTAN-Russie ou le partenariat russo-indien. De son côté la Chine décrit son traité avec la Russie comme instituant une relation de "non-alliance, non-confrontation, non-menace pour un pays tiers".
- la question de la péninsule de Corée n'est pas mentionnée dans le traité, or la Russie et la Chine peuvent avoir à ce sujet des points de vue divergents. Pour l'heure la Chine a réussi ce que la Russie n'a su faire : créer une solide relation avec la Corée du Sud tout en conservant un lien stratégique avec la Corée du Nord.. En fait la Russie a intérêt à la réunification coréenne, qui gênerait la Chine et le Japon, ces deux pays étant évidemment pour le statu quo (une Corée réunifiée, surtout si elle était pro-américaine, serait une épine dans le pied de ces deux pays)..
- la Russie et la Chine ne sont pas affectées de la même manière par le développement d'une défense anti-missile américaine : elle ne fait que remettre en cause à terme éloigné la dissuasion russe, alors qu'elle oblitère à court terme la dissuasion chinoise : les deux pays ne présenteront donc pas un front tout à fait uni face aux Etats-Unis sur cette question. La Chine peut redouter légitimement que la Russie cherche à conclure avec les Etats-Unis un accord qui les laisserait libres de développer un MD limité, laissant la dissuasion russe intacte, mais oblitérant la menace des "rogue-states" (type Corée du Nord), et aussi, incidemment, la dissuasion chinoise.
- la Russie et la Chine peuvent partager une commune inquiétude devant l'expansion des intérêts américains en Asie centrale, mais ils sont également compétiteurs l'un vis-à-vis de l'autre dans cette région. En particulier, on trouve à Moscou que la Chine est plus active qu'autrefois dans cette région qui était naguère une chasse gardée soviétique/russe.
- le Japon peut être une pierre d'achoppement dans les relations sino-chinoises : alors que les relations russo-japonaises sont gelées à cause du différend territorial qui les oppose, le Japon coopère économiquement, notamment par des investissements, avec la Chine et renforce donc son potentiel face à la Russie.
- Russie et Chine s'opposent théoriquement ensemble à la politique hégémonique américaine, mais son également intéressés à avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis et sont à cet égard en compétition, ce qui peut les amener à prendre des positions politiques différentes : lors de la guerre du Kosovo, Primako a annulé sa visite à Washington tandis que le premier ministre chinois s'y rendait car il n'entendait pas sacrifier les négociations sur l'entrée de la Chine à l'OMC, pour laquelle l'appui américain était indispensable, à la question kosovare, même s'il désapprouvait l'action de l'OTAN.
conclusion :
Le rapprochement sino-russe achoppe sur le fait que les deux pays sont compétiteurs entre eux, autant que partenaires. En outre, l'un comme l'autre souhaitent développer leurs relations avec l'ouest et sont donc également compétiteurs dans ce domaine et chacun d'eux a plus besoin d'une bonne relation avec les Etats-Unis ou l'Europe que d'une bonne relation avec l'autre. C'est surtout de Washington que pourrait venir un rapprochement sino-russe plus intime, si les Etats-Unis poursuivaient des politiques ressenties comme menacant les intérêts vitaux de la Chine (développement de TMD en Asie, par exemple) ou de la Russie (renforcement de l'OTAN, qui ne pourrait être ressenti que comme une menace à Moscou)