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Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po
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Par cette expression, on désigne les cinq anciennes républiques soviétiques que sont le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan. Ces républiques ont accédé à l’indépendance en 1991, lors de l’effondrement de l’URSS. Outre leur situation intérieure, on évoquera aussi l’action et les réactions des grandes puissances, notamment voisines, sur cet espace, sachant que les Anglo-saxons ont une vision géographique plus large de l’Asie centrale, |
puisqu’ils y incluent par exemple l’Afghanistan, l’Iran, voire le Pakistan. Dans cette fiche, on privilégiera plutôt la définition française.
1. La situation intérieure actuelle des pays d’Asie centrale.
A. La situation politique des républiques d’Asie centrale.
Dans l’ensemble, les systèmes politiques en place dans la région se sont consolidés et jouissent d’une stabilité apparente. Néanmoins, les facteurs de fragilité persistent et peuvent, à moyen ou long terme, menacer les structures politiques existantes.
La continuité avec le passé sur le plan territorial est évidente. En Asie centrale, les assises territoriales sont restées identiques à celles des Républiques socialistes soviétiques. L’Ouzkékistan a toutefois des litiges frontaliers avec le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Kirghizstan, qu’il s’efforce de régler en discutant avec eux. Sur le plan culturel, l’unité et l’identité nationale se construisent essentiellement par le renforcement du groupe ethnique titulaire dont le nom se confond avec la dénomination du pays, ce qui a pour effet d’exclure les minorités ou de les obliger à refouler leur identité. Un autre aspect de la continuité réside dans le maintien en place des élites dirigeantes du système soviétique. Ces républiques du sud ont accédé à l’indépendance sans l’avoir vraiment sollicitée, et pour ainsi dire, par défaut, vu qu’elles avaient massivement répondu oui au référendum sur l’Union de mars 1991. Par conséquent, ce sont les cadres administratifs soviétiques qui se sont arrogés le pouvoir.
Malgré certains changements, plus apparents que réels, les institutions, les techniques de pouvoir, les cadres socio-économiques, les modes de pensée, l’administration, la bureaucratie, en un mot l’appareil d’Etat, sont aussi en général le produit de la période soviétique. Dix ans après les indépendances, le modèle soviétique influence encore d’une certaine manière l’appareil étatique et les structures administratives. Le système repose sur un parti dominant. Les parlements adoptent simplement les textes proposés par l’exécutif sans réelles discussions.Le culte de la personnalité du président est largement pratiqué. Des services spéciaux, comparables à l’ancien KGB, sont toujours en place. Ce qui caractérise plus particulièrement les régimes actuels, c’est le modèle autocratique du comportement des leaders, leur attitude paternaliste et la persistance du népotisme. La tradition centralisatrice, en Asie centrale s’est maintenue, voire renforcée. Les régions autonomes de l’époque soviétique sont de moins en moins autonomes et les gouverneurs de province sont très souvent désignés parmi les proches du président.
Depuis les indépendances, en matière de légitimation, le signe le plus tangible du changement est le recours à la nation et au nationalisme. Ce nationalisme se manifeste surtout par rapport à la langue et à la réécriture de l’histoire. De manière générale, la politique de promotion des langues de l’ethnie dominante en Asie centrale s’accompagne aussi d’une tentative de dérussification des langues nationales en remplaçant les mots empruntés au russe par des mots anciens ou par des néologismes. En ce qui concerne l’histoire, la réinterprétation du passé fait partie intégrante de l’affirmation nationale depuis les indépendances. Les changements les plus notoires concernent le retour aux traditions anciennes, comme le retour à la fête de Nowrouz, nouvel an du monde iranien, ou la référence à des personnages historiques, comme Tamerlan, Ulug Beg et Babour en Ouzbékistan.
Au niveau des institutions politiques, depuis les indépendances, on assiste le plus souvent à une concentration du pouvoir exécutif entre les mains du chef de l’Etat et à un parlementarisme de façade.La plupart des dirigeants se montrent toutefois soucieux de respecter les apparences démocratiques. Ainsi, des élections législatives sont régulièrement organisées, des assemblées locales et régionales sont élues, même si ces élections sont largement critiquées par l’OSCE. Il faut aussi tenir compte des structures non officielles du pouvoir, dont le rôle est souvent plus déterminant que les institutions officielles. On peut citer les logiques claniques et tribales, les solidarités locales et régionales, le communautarisme, les échanges de bons procédés entre groupes, les liens clientélistes, les réseaux mafieux, etc.
La plupart des républiques d’Asie centrale, sauf le Turkménistan, au moment de leur accession à l’indépendance, se sont dotées de constitutions relativement démocratiques, ont toléré un certain pluralisme politique et ont même admis la nécessité de respecter, dans une certaine mesure, les libertés individuelles et publiques. Dans l’ensemble, ce “ printemps ” centre-asiatique fut de très brève durée et très vite les habitudes patrimoniales ancestrales prirent le dessus : les oppositions furent muselées, les textes constitutionnels révisés, les mandats présidentiels prolongés, le rôle des parlements amoindri, la presse contrôlée.
Parmi les pays de la région, le Kirghizstan a été longtemps reconnu comme ayant le système le plus démocratique. Mais cs dernières années le président Akaev a renforcé le pouvoir présidentiel, durcit sa politique intérieure; son régime est de plus en plus autoritaire. Sa réélection en octobre 2000 s’est opérée dans des conditions contestables et confirme la tendance au retour à l’autoritarisme et à la détérioration du climat démocratique. L’évolution de la situation politique au Kazakhstan est aussi marquée par un autoritarisme croissant du président. Sur le plan institutionnel, la position du président Nazarbaev a été renforcée. Le gouvernement a limité sévèrement la liberté de la presse et des médias. En 2001, le pays semblait s’éloigner de plus en plus de toute procédure de démocratisation. En Ouzbékistan, le président Islam Karimov s’est attaché à renforcer son pouvoir, en éliminant toute velléité d’opposition et en plaçant sous son autorité tous les niveaux de l’administration. Toutefois, le président s’est efforcé de préserver une apparence démocratique, créant une fausse opposition pour les apparences. Au Tadjikistan, la situation est différente. Quelques mois après l’indépendance, une guerre civile y a éclaté, opposant les néo-communistes aux islamistes et à l’élite pro-démocratique. La phase de combat intense s’est déroulée de juin à décembre 1992, les néo-communistes l’emportant. La guerre s’est alors transformée en conflit de basse intensité jusqu’en 1997, avec la signature d’un accord de paix.Les consultations électorales se sont déroulées dans un climat de violence et de tensions. Quant au Turkménistan, il n’a même pas connu de période d’euphorie démocratique. Le président Niazov règne sans partage dans son pays, qualifié par certains de “ Dysneyland stalinien ”, avec un culte de la personnalité du président très développé.
B. La question islamique en Asie centrale.
Dans les pays d’Asie centrale, on assiste depuis quelques années à une remontée de l’Islam. Les fêtes islamiques ont été déclarées fêtes nationales. Tous les présidents ont fait au moins une fois le pélerinage à La Mecque et tous ces Etats ont adhéré à l’Organisation de la Conférence Islamique, soit de plein droit, soit avec le statut d’observateur. Tous ces Etats ont nationalisé le clergé officiel, mais avec l’accord de celui-ci. En 2001, on pouvait affirmer que tous les clergés officiels étaient parfaitement et entièrement contrôlés par les gouvernements. Les Etats ont donc installé et nationalisé le clergé; ils ont trouvé dans le haut clergé des relais, des gens qui jouent cette carte de l’Islam national, étatique, officiel, et qui tiennent des discours pro-gouvernementaux.
Entre 1990 et 1992, a eu lieu en Asie centrale une période de libéralisation où les frontières ont été ouvertes. Des prédicateurs étrangers sont venus, de nombreux jeunes de la région sont allés dans d’autres pays musulmans, des mosquées ont été construites, des corans distribués. Sur le plan politique, il n’en est résulté que deux zones d’agitation : en Ouzbékistan la vallée de Ferghana, et au Sud du Tadjikistan la vallée de Garm. Peu avant l’indépendance s’était constitué un parti islamique transnational, appelé Parti de la Renaissance Islamique (PRI), qui voulait regrouper tous les musulmans de l’ex-URSS, et donc conserver la structure d’empire. Dès l’automne 1991, le PRI s’est divisé en branches nationales.
Au Tajikistan, le bilan des quatre premières années (1997-2001) de paix entre les islamistes et les néo-communistes est globalement positif. La base de cette alliance repose sur le nationalisme tadjik, avant tout anti-ouzbek. L’évolution du PRI tadjik se situe de fait dans “ l’islamo-nationalisme ”. Ils ont fait le choix du nationalisme ethnique, contre le supranationalisme idéologique, comme l’ont fait auparavant par exemple le FIS algérien, le Hamas palestinien ou la république islamique d’Iran. En 2001, les islamistes ouzbeks combattaient leur gouvernement, ce dernier leur interdisant toute participation politique. Profitant de leurs bases chez les talibans afghans, ils ont lancé deux grandes attaques en août 1999 et en août 2000. Le jeu stratégique régional était alors complexe. Les islamistes ouzbeks ont pu pénétrer au Kirghizstan grâce aux Tadjiks qui les ont laissés passer. Quand ils ont eu des difficultés au Kirghizstan, ils ont été rapatriés par des hélicoptères de l’armée russe.
En 1996, un trosième mouvement islamiste est apparu, le Parti de la libération, dit aussi Hizo-ut-Tahir. Il est essentiellement basé en Ouzbékistan, mais il se développait aussi en 2001 dans le sud du Kirghizstan. Abandonnant le nationalisme palestinien, ce mouvement est devenu un mouvement transnational dont l’objectif unique est le rétablissement immédiat du Califat sur le monde islamique. En 2001, ils ont fait une percée parmi des jeunes ouzbeks “ déculturés ”.
A court terme, les islamistes d’Asie centrale ont été pris pour cible lors de la campagne anti-terroriste, même s’ils ne représentent pas une menace. Le Mouvement islamique d’Ouzbékistan a été en partie éliminé par les opérations américaines en Afghanistan. Ses positions en Afghanistan ont été détruites. Avec la fin des talibans, le MIO ne dispose plus de soutien, de refuge et d’infrastructures en terre afghane.
Le repli des islamistes en Asie centrale risque toutefois d’être temporaire. En effet, les causes profondes à l’origine de l’apparition de mouvements radicaux, très hétérogènes quant à leur nature, ont été jusqu’ici négligées. A terme, le développement de ce courant de pensée va dépendre, pour partie du moins, des choix politiques de Washington. Le non-règlement de la question palestinienne, la situation en Irak et au Cachemire, par exemple, qui exaspèrent une large fraction des opinions publiques musulmanes, risquent de nourrir le ressentiment et de conduire à une nouvelle poussée du radicalisme islamique. Le caractère autoritaire des régimes en place et des difficultés socio-économiques persistantes constituent aussi des ferments de tensions.
En définitive, Olivier Roy affirmait à l’été 2001 qu’il n’y avait pas de menace stratégique islamiste. En plus, depuis, avec la guerre en Afghanistan, les islamistes d’Asie centrale n’ont plus de bases dans ce pays pour les appuyer. Par contre, la Russie est susceptible de brandir la menace islamiste pour y conserver ses bases et se réimplanter où elle était en retrait.
2. L’Asie centrale : un enjeu géostratégique important des relations internationales.
Durant les dix difficiles premières années de la période post-soviétique, les incertitudes liées à la situation économique et sociale ont mobilisé l’attention des populations, comme des autorités. Les événements du 11 septembre 2001 ont ouvert une nouvelle phase historique pour l’Asie centrale, qui a été projetée sur l’avant-scène de la politique internationale.
A. L’installation américaine en Asie centrale à la suite des événements du 11 septembre 2001.
A la suite des attentats de New York et Washington, les Etats-Unis ont reçu le soutien des pays d’Asie centrale. Mais les réactions ont varié en fonction de leurs intérêts et de leur marge de manoeuvre par rapport à la Russie et aussi, dans certains cas, à la Chine. Ainsi, l’Ouzbékistan, qui cultive son indépendance envers la Russie, a été le premier à offrir sa coopération à l’administration Bush. A l’été 2002, environ 1000 à 1500 soldats américains y étaient déployés. Le Kirghizstan et le Tadjikistan ont aussi accepté d’accueillir des troupes américaines, après avoir au préalable consulté Moscou, et dans le cas kirghize aussi Pékin.
Un an après le 11 septembre, la présence américaine a transformé le paysage géopolitique de cette région. Alors que ces dernières années, les Etats-Unis s’étaient relativement désintéressés de l’Asie centrale, au profit d’un renouveau d’influence de la Russie et d’une entrée progressive de la Chine, cette tendance est aujourd’hui remise en question. La coopération américano-centrasiatique dans le domaine de la sécurité s’est ainsi renforcée. D’autres formes de coopération, notamment en matière économique, devraient se développer dans l’avenir. Ainsi, les Etats-Unis ont signé le 5 octobre 2001 un accord avec l’Ouzbékistan établissant une base solide pour la coopération bilatérale. Lors de la visite à Washington, en mars 2002, du président ouzbek Islam Karimov, les deux pays ont fait une déclaration commune sur le “ partenariat stratégique et la coopération ” entre les deux pays. Une déclaration américano-kazakhe a aussi été proclamée.
Certains signes laissent penser que les Etats-Unis envisagent de maintenir à long terme leur nouvelle influence en Asie centrale. Leur objectif est d’assurer la stabilité de cette région, en encourageant les réformes économiques et la démocratisation des régimes en place. A l’été 2002, il semblait que les forces américaines pourraient rester en Ouzbékistan et surtout en Afghanistan. Au Kirghiztan et au Tadjikistan, le maintien à long terme des forces américaines semblait moins assuré. La question qui se pose est de savoir si l’Asie centrale va véritablement continuer à figurer dans les priorités américaines.
B. L’action stratégique de la Russie en Asie centrale.
La Russie a choisi de soutenir Washington dans sa campagne contre le régime des talibans, brandissant la lutte contre le terrorisme international. Le but était de faire cesser les critiques occidentales sur sa guerre en Tchétchénie, but largement atteint. L’éventuelle installation de bases américaines permanentes en Asie centrale et en Afghanistan reste un sujet d’inquiétude pour Moscou. Le président Poutine a renforcé sa coopération militaire avec le Kirghizstan, le Kazakhstan et le Tadjikistan. En plus, Moscou a assuré son rôle de pays de transit pour les productions pétrolières kazakhes. Moscou va dans l’avenir être conduite à partager son influence et à cohabiter avec les Etats-Unis, dans cette région. A moyen terme, la Russie pourrait éventuellement jouer le rôle de relais des Etats-Unis dans cette partie de l’Eurasie. La Russie cherche à trouver une formule qui lui permettrait de tirer un maximum de profits économiques des opportunités que lui offre sa géographie. Ainsi, la Russie continue à entretenir des relations avec les Etats de l’ “ Axe du Mal ”.
La pénétration de Washington en Asie centrale et dans le Caucase modifie considérablement les rapports de force régionaux. Cette pénétration américaine illustre le déclin de l’influence russe dans cette région. La Russie est limitée par la faiblesse de ses moyens et par la puissance de Washington. L’Ouzbékistan est désormais très proche des Etats-Unis. De même, malgré l’importance des liens entre le Tadjikistan et la Russie, certains analystes tadjiks pensent que leur pays devrait saisir la chance historique qui lui est offerte de devenir une sorte de tête de pont en Asie centrale. Le Kazakhstan entend aussi conserver une certaine marge de manoeuvre à l’égard de Moscou. Si Washington décide de s’engager à long terme en Asie centrale et au Caucase, la Russie n’aura d’autre alternative que de cohabiter avec elle dans ses zones d’influence traditionnelles. Cette coopération pourrait déboucher à terme sur un véritable partenariat russo-américain.
C. L’action stratégique des autres puissances intéressées par l’Asie centrale.
Profitant du nouveau climat à la suite des événements du 11 septembre, la Chine a accentué sa campagne de répression contre les organisations indépendantistes ouïghoures au Xinjiang, en dénonçant leur caractère terroriste. Comme la Russie avec la Tchétchénie, la Chine a réussi à faire taire les critiques face au problème ouïghour. Néanmoins, la pénétration des Etats-Unis en Asie centrale et la possibilité de voir Washington y établir une présence militaire permanente inquiètent Pékin. Le risque pour la Chine est à la fois stratégique et idéologique. Sur le plan stratégique, Pékin craint d’être encerclée par le dispositif américain en Asie. Elle appréhende aussi de voir les hydrocarbures de la Caspienne lui échapper, au profit des marchés occidentaux. Sur le plan idéologique, la propagation des valeurs occidentales et des idées démocratiques jusqu’à ses frontières indispose les dirigeants chinois. L’essor des relations des Etats-Unis avec l’Inde, la Russie et le Pakistan inquiète aussi Pékin.
L’Iran, quant à lui, a l’impression d’être encerclé par les Etats-Unis, dans la mesure où les forces américaines sont présentes dans le Golfe persique, en Turquie, en Afghanistan et en Asie centrale. Cette situation inconfortable oblige Téhéran a se plier aux conditions de Moscou plus que son ancien tropisme historique (vers la Russie puis l’URSS) ne l’y porte. Au plan régional, l’élimination du régime des talibans prive le Pakistan de la “ profondeur stratégique ” que constituait l’Afghanistan. Le Pakistan souhaite exploiter sa situation géographique pour devenir une voie privilégiée du désenclavement des Etats d’Asie centrale vers l’océan Indien. Le Pakistan constitue, de par sa position géographique, un obstacle de poids à l’essor des liens économiques entre l’Inde et l’Asie centrale. New Delhi a toutefois relancé son offensive diplomatique en direction de cette région. Outre la promotion des liens économiques et l’intérêt de l’Inde pour les ressources énergétiques de cette zone, l’Inde souhaite étendre sa coopération avec les Etats centrasiatiques en matière de sécurité afin de lutter contre la propagation de l’islamisme. L’Inde aurait ainsi établi une base militaire au Tadjikistan, à proximité de la frontière afghane. L’Inde cherche à contrebalancer l’influence chinoise en Asie centrale. Pour cela, elle a candidaté pour adhérer à l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï).
La situation socio-économique en Asie centrale ne s’est pas fondamentalement améliorée, sauf pour le Kazakhstan, en raison de l’accroissement de ses capacités d’exportation pétrolières. En 2002, les réformes économiques dans cette région étaient en panne. L’aide américaine demeure trop faible. De plus, plus de la moitié de la population vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté. La question de l’exploitation des hydrocarbures de l’Asie centrale se pose également. Une stabilisation de l’Afghanistan permettra peut-être à terme d’acheminer les hydrocarbures kazakhs et turkmènes par le sud. La coopération qui s’est développée entre Russes et Américains pourrait également avoir des conséquences positives pour les pays exportateurs de la région (Turkménistan, Azerbaïdjan et Kazakhstan). A l’été 2002, Russes et Américains coopéraient; une cogestion américano-russe des ressources de l’espace caspien semble se dessiner. Dans ce cas, l’Iran sera le grand perdant.
Globalement, les perspectives de démocratisation des régimes en place se sont éloignées depuis le 11 septembre. Les régimes centrasiatiques ont fait le choix de l’immobilisme, voire du renforcement de leur autoritarisme. La région continue toutefois à rester un enjeu significatif des relations internationales.