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Le Caucase dans les relations internationales - Relations internationales - Geopolitique - Analyse des dynamiques régionales

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Le Caucase dans les relations internationales (Géorgie, Arménie, Azerbaidjan, Russie)

 

La Russie a étendu son influence sur le Caucase à partir du début du XIXème siècle. Elle l’a partiellement perdu à la suite de la dissolution de l’URSS en 1992. La période soviétique avait à la fois gelé les nationalismes et abouti à des redistributions de territoires qui ont créé la situation inextricable que connait la région aujourd’hui.

Un facteur extérieur est intervenu pour rendre la situation encore plus complexe : la volonté des Etats-Unis de prendre pied dans cette région qui jusqu’ici était fermée à leur influence. Pour cela Washington s’est choisi deux alliés de choix : l’Azrbaïdjan d’une part (pays qui fait partie de l’axe turcophone et avec lequelle de bonnes relations se trouvaient dans la logique de l’alliance américano-turque) et la Géorgie d’autre part (qui cherchait à conforter son indépendance par rapport à la Russie et dont le territoire est nécessaire à l’évacuation des ressources pétrolières de la région sans passer par la Russie : le trajet du pipe line serait : Bakou-Tbilissi-Ceyhan en Turquie au lieu de Bakou Novorossisk). En sens inverse, La Russie soutient l’Arménie (ennemie de l’Azerbaïdjan, fait pression sur la Géorgie et cherche à s’entendre avec l’Iran).


Schématiquement, le Caucase est donc crucifié par deux axes d’alliance qui cherchent aussi à être des axes d’influence : Moscou-Erevan-Téhéran du nord au sud et Washington-Ankara-Tbilissi-Bakou d’ouest en est. Il faut en effet souligner que l’Iran ne souhaite pas voir à sa frontière un Azerbaïdjhan trop à l’aise, car tout le nord de l’Iran est peuplé d’Azéris qui pourraient être tentés de rejoindre une mère-patrie plus prospère ; les relations entre les deux pays ont même failli tourner franchement à l’aigre quand sous la présidence résolument « turquiste » d’Elchibey en 1992-93, on parlait de recréer un « Azebaidjan unifié » (aux dépens de l’Iran bien entendu). Point donc de solidarité chiite ou musulmane face à l’Arménie : les ennemis de mes ennemis sont mes amis est la logique des relations irano-azerbaidjano-arméniennes..

 

L’Azerbaïdjan et l’Arménie se trouvent dans la situation baroque d’avoir chacun, du fait des découpages administratifs soviétiques, un territoire peuplé de gens de leur ethnie dans le territoire de l’autre. Le Haut –Karabakh (Nagorny-Karabakh) est une enclave en territoire azerbaidjanais, peuplée à 76% d’Arméniens (mais avec un secteur peuplé d’Azerbidjanais,à Choucha), constituant un « territoire autonome » attribué cependant par Staline à la RSS d’Azerbaïdjan. Cette RSS avait en outre juridiction sur le territoire du Nakhitchevan, situé entre Iran, Arménie et Turquie, et essentiellement peuplé d’Azéris. Déjà à la fin de l’ère soviétique, la quasi-totalité de la populataion du Haut-Karabakh avait demandé à Gorbatchev par pétition son rattachement à la RSS d’Arménie. A l ‘écroulement de l’URSS des incidents, puis une guerre éclatent aboutissant à la victoire des Arméniens qui contrôlent le Haut-Karabakh et même des districts adjacents et créent un « corridor » qui le met en contact avec le reste de l’Arménie, tandis que l’Azerbaïdjan n’a toujours pas de communication directe avec le Nakhitchevan : 15% de son territoire est occupé par l’Arménie. La guerre débutée en 1991, à la débâcle de l’URSS, s’achève en 1992 par un  premier cessez-le feu qui aurait dû être prolongée par une conférence de paix à Minsk la même année,  suite à l’entrée des deux pays dans la CSCE/OSCE,laquelle ne sera finalement pas réunie et les combats reprennent.  Il n’en reste que le « groupe de Minsk », réunissant 11 pays[1] outre les deux parties au conflit. Les combats ont repris jusqu’en mai 1994, date à laquelle il y a eu un cessez-le-feu à peu près respecté depuis : mais il y a eu entretemps 20.000 morts et un million de réfugés, surtout azerbaidjanais.

 

Pour l’OSCE les principes de règlement de la question auraient dû être : 1) respect de l’intégrité territoriale des deux pays dans le respect des frontières soviétiques 2) autonomie la plus large pour le Haut-Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan, et 3) garanties de sécurité.

 

La mise en oeuvre de ces principes a été envisagée alternativement selon des plans « globaux » ou « par étapes ».  Les plans globaux s’avéraient trop ambitieux (on ne peut pas tout régler d’un seul coup) et les plans par étapes (par exemple : normalisation économique d’abord, puis retrait des territoires occupés, puis retour des populations sur leurs territoires, puis définition d’un statut d’autonomie pour le Haut-Karabakh et de voies de communications avec le Nakitchevan) ne pouvaient que se heurter à la méfiance réciproque des parties en présence, chacune doutant de la sincérité de l’autre.

 

L’Arménie en particulier, se sentant en position de force, a refusé à partir de 1998 de reconnaitre le principe de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et accepterait tout au plus que le Haut-Karabakh se situe dans un premier temps sur un pied d’égalité avec l’Azerbaidjan (avec le droit de faire sécession) et jusqu’à ce que Bakou l’accepte elle pense que le temps conforte le statut quo actuel qui lui est favorable. Mais l’Azerbaïdjan croit tout autant que le temps joue en sa faveur (alliance américaine + ressources en pétrole)

 

Les puissances tutélaires ont bien entendu leur propre vision des choses : la Russie, dans le sens de l’Arménie, a évoqué la possibilité d’un Etat commun Azerbaidjan/Haut-Karabakh (dans lequel Bakou ne voit qu’une formule pour l’indépendance déguisée). Cette formule semble aujourd’hui dépassée, car les Karabaghtsis ne veulent plus entendre parler d’un quelconque lien de subordination à l’Azerbadijan. Les Américains ont un temps proposé un échange de territoires ou de facilités (un corridor –« corridor de Latchne »entre  l’Arménie et le Haut-Karabakh,  moyennant quoi l’Arménie renoncerait à sa frontière avec l’Iran pour céder une bande de terres  -« bande de Meghri » permettant la liaison directe entre l’Azerbaïdjan et le Nakitchevan. L’Arménie ne peut cependant pas renoncer à sa frontière avec l’Iran, qui est non seulement un allié sûr, mais son premier partenaire commercial (40% de son commerce). Sans cette frontière avec l’Iran, l’Arménie est pratiquement entièrement coincée entre deux pays turcophones hostiles, qui la soumettent d’ailleurs actuellement à un blocus entrainant une reprise de l’émigration arménienne. . L’Iran pour des raisons symétriques n’est pas prêt à accepter un tel arrangement. La seule manière de rétablir une frontière arméno-iranienne serait la cession d’une bande de territoire au nord ouest du Nakhitchevan, mais alors l’Azerbaïdjan perdrait sa frontière avec le Turquie qui, bien qu’étroite, lui est essentielle.

 

Le plan d’échange des territoires a de toutes façons été abandonné après 1999 à la suite d’un attentat qui a tué les principaux responsables arméniens, alors que le gouvernement azéri était renversé. Depuis on a plus ou moins parlé de « facilités de passage » plutôt que d’échanges de territoires » pour en faire des corridors, mais rien n’a avancé : le « mécanisme de Prague », nouveau round de négociations au niveau des vice-ministres des affaires étrangères des deux parties,  ouvert en 2002, est pour l’instant stérile. Ce conflit est donc pour l’instant gelé.

 

Deux logiques s’affrontent donc irréductiblement : celle de l’autodétermination (Arménie et Karabaghtisis) et celle de l’intangibilité des frontières de l’ex-URSS (Azerbaïdjan). Aucune des deux ne s’impose. Sur le plan tactique, Bakou voudrait un plan par étapes (consacrant en première étape le principe de l’intangibilité des frontières fut-ce au prix d’accommodements ultérieurs avec les Karabaghtsis) alors que l’Arménie et les Karabaghtsis ne veulent rien céder à crédit à des interlocuteurs en qui ils n’ont pas confiance et veulent un règlement global.

 

Le cas de la Géorgie est à la fois connexe et différent : la Géorgie cherche à sortir de l’orbite de la Russie. Depuis sa conquête par la Russie au début du XIXème siècle, ce pays a toujours été très nationaliste et avait imposé la reconnaissance de son identité même à l’URSS. La Géorgie était un peu la Corse de l’URSS (et comme la Corse pour la France , elle a fourni au pays son pire dictateur : Staline). Elle occupe en outre une position stratégique sur le flan sud de la Russie, faisant presqu’entièrement le lien entre mer Noire et mer Caspienne, enjeu stratégique multiplié par le fait que cette route est la route la plus directe pour l’évacuation des pétroles de la région (projet de pipe-line BTC : Bakou-Tbilissi-Ceyhan). La Géorgie n’est entrée dans la CEI qu’en 1993 et sous forte pression de Moscou. Edouard Chevarnadzé (qui a été renversé en décembre 2003),  bien qu’ancien hiérarque soviétique, a cherché à obtenir le départ des troupes russes (la Russie a encore deux bases en Géorgie). Les échanges de mauvais procédés sont courants (la Géorgie passe pour soutenir la rébellion tchétchène tandis que la Russie passe pour soutenir la rébellion Abkhaze ainsi que les séparatistes en Ossétie du Sud et en Adjarie). D’une manière générale, la Géorgie peut être considérée comme un Etat « en faillite » et Moscou ne fait rien pour faire cesser cette déliquescence qui renforce sa main en lui donnant plus grande prise sur le pays.  Le récent changement de gouvernement s’est fait au profit d’un dirigeant (M. Shaakashvili) sans doute encore plus pro-américain que son prédecesseur (qui avait tout de même des liens historiques avec la Russie et savait jusqu’où ne pas aller trop loin), et dans la mesure où il pourrait être un dirigeant fort, cela ne fera pas le jeu de Moscou qui, bien qu’ayant de mauvaises relations avec M. Chevarnadzé le connaissait bien et préférait de toutes façons un interlocuteur faible, sans véritable légitimité populaire, surtout sur la fin.


 

[1] France, Etats-Unis, Russie, Allemagne, Turquie, Finlande, Suède, Italie, Bélarus, Portugal, Pays-Bas

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