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Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po
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Ce sont désormais les deux super-grands. La Chine est devenue la seconde puissance économique mondiale et défient pus que jamais les Etats-Unis, alors que leur monnaie est structurellement sous-évaluée malgré les pressions de Washington et que la Chine détient la majorité des bons du Trésor Américain, en plus d'être devenu l'usine des plus grandes entreprises américaines. d'aucuns parlent de conflit larvé qui, on ne l'espère pas, pourrait évoluer vers des situations de guerre dans les années ou les decennies à venir. Qu'en est-il . |
La relation sino-américaine est aujourd’hui plus volatile que jamais. On ne peut exclure l’hypothèse d’un choc frontal.
3 crises ont considérablement assombri le climat stratégique dans la région :
- L’atterrissage d’urgence d’un avion espion américain EP-3 sur l’île de Hainan après avoir heurté un chasseur chinois en avril 2001,
- Le bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade en mai 1999 durant la guerre du Kosovo,
- L’envoi par Washington en février-mars 1996 de deux de ses porte-avions à proximité du détroit de Formose, alors que l’armée populaire de libération se livrait à des manœuvres d’intimidation à l’encontre de Taiwan.
Ces crises s’inscrivent dans une logique à l’œuvre depuis une dizaine d’années : le divorce stratégique croissant dans le Pacifique entre la puissance installée gardienne des équilibres en place (les Etats-Unis) et la puissance émergente résolue à recouvrer la puissance qui était la sienne avant le traumatisme des guerres d’opium (la Chine).
Les contentieux sont multiples : droits de l’homme, Tibet, espionnage technologique…Mais c’est incontestablement Taiwan qui figure en tête des sujets de friction. Après avoir récupéré Hongkong en 1997 et Macao en 1999, le régime continental est plus que jamais déterminé à ramener Taiwan dans son giron. Or, en vertu du Taiwan relations Act, les Etats-Unis se sentent engagés à la défense de l’île.
Cette fracture qui s’ouvre entre les deux rives du Pacifique est le produit d’une double évolution :
- La disparition de la menace commune que constituait l’Union soviétique.
- Le décollage économique de la Chine qui a nourri une fierté nationale de plus en plus allergique à la pax americana.
Pourtant ces poussées centrifuges n’ont pas encore suffi à déstabiliser une relation dont le socle reste solide. En effet, elles sont contrebalancées par des forces centripètes, produits de l’explosion des échanges économiques et commerciaux dont le bassin Asie-Pacifique est le théâtre. La relation entre Pékin et Washington est donc devenue une équation complexe, vouée à être chahutée au rythme des cycles crise/raccommodement.
Cette nouvelle volatilité des relations sino-américaines inquiète dans les deux capitales où l’on redoute un dommage irréparable. Du côté chinois, les analystes s’efforcent d’évaluer le « risque » venant des Etats-Unis. La découverte de la nouvelle « hégémonie américaine » est assez récente. Elle date du milieu des années 1990. Jusqu’alors, la réflexion stratégique chinoise obéissait à l’orthodoxie optimiste élaborée par Huan Xiang (conseiller pour les affaires de sécurité de Deng Xiaoping). Il fut le premier à théoriser l’avènement d’un « monde multipolaire », fruit du déclin concomitant des deux supers grands et de la montée en puissance de la Chine, du Japon et de l’Europe. Il a fallu attendre 1997 pour qu’un chercheur hétérodoxe, Yang Dazhou, prévoit que les Etats-Unis resteront une « superpuissance » encore au moins 30 ans. Il ajoute que la Chine n’a pas encore les conditions requises pour se constituer en pôle d’influence.
La vision de l’espace international de Dazhou ouvrit la voie à toute une littérature pessimiste, voire alarmiste. Les Chinois craignent que les Etats-Unis interviennent à Taiwan de la même façon qu’ils l’ont fait en Serbie. Toutefois, si la perception des Etats-Unis s’est dégradée dans la décennie 90 par rapport à la 80, elle reste ambivalente. La répulsion cohabite avec l’attirance comme en témoignent le faible taux de retour des étudiants chinois partis étudier sur les campus américains où la prégnance de la nouvelle culture d’importation dans les villes chinoises.
La dépendance économique devrait de toute façon jouer le rôle d’amortisseur de crise. La Chine et les Etats-Unis ont été emportés ces dernières années par un tourbillon d’échanges. Le commerce bilatéral serait passé de 20 milliards de dollars en 1990 à 116,4 milliards en 2000, soit une multiplication proche de 6 en une décennie. Dans le même temps, les Américains se sont massivement implantés en Chine : leur stock d’investissements se monte à environ 27 milliards de dollars, ce qui les place en deuxième position après Kongkong.
L’interdépendance décrite plus haut est toutefois asymétrique et en défaveur de la Chine. Le creusement du déficit commercial américain au bénéfice de Pékin nourrit le courroux des anti-chinois du Congrès. Mais en cas de rupture des liens, c’est la Chine qui aurait le plus à en souffrir. Le débouché américain absorbe 21,5% de ses exportations. En revanche, les performances américaines dans l’Empire du Milieu sont assez médiocres et le marché chinois n’occupe qu’une place marginale dans les exportations américaines (2,1% du total). En matière d’investissements, l’analyse conduit à des conclusions identiques. Les multinationales américaines installées en Chine sont précieuses à un double titre : tout d’abord elles sont source de devises, mais également elles sont le moyen pour Pékin de réussir à greffer en Chine la culture managériale d’inspiration américaine, indispensable à la restructuration de l’économie nationale.
Pékin multiplie les arguments pour marteler que la Chine a autant besoin de l’Amérique que l’inverse : les conséquences au niveau international d’éventuels désordres en Chine, le chantage à l’inflation. En ce qui concerne ce dernier élément l’analyse est la suivante : Zhu Rongji (grand argentier du régime) considère qu’une crise majeure en Chine toucherait les Etats-Unis par le biais d’un relèvement de 2% du taux d’inflation. En effet, les Américains, de même que les Européens, ont désormais accès dans leurs supermarchés à des stocks de consommation inépuisables de biens made in China. Or ces produits, écoulés à des prix défiant toute concurrence, sont dominants sur certains segments (jouets, électronique bas de gamme…). La douleur de la rupture serait ainsi partagée. En fait, la seule arme dont la Chine dispose véritablement pour rétablir un semblant de parité est politique. Ainsi Pékin s’emploie t’il à s’assurer le soutien d’une « cinquième colonne » (hommes d’affaires occidentaux ayant des intérêts économiques et financiers importants en Chine), commode à activer en cas de crise politique. C’est notamment dans cet objectif que la Chine a accepté d’intégrer l’OMC, en dépit des sacrifices qu’il lui en coûtera. Enfin, le Parti communiste chinois n’a pas d’autres options que poursuivre les réformes économiques en cours, réformes qui impliquent fatalement ouverture sur l’extérieur et collusion avec les Etats-Unis.
Note de J. Villemain (janvier 2004) : il faut apporter un correctif à cet article, qui a désormais trois ans d’âge : les fondamentaux de l’opposition entre Chine et Etats-Unis demeurent, mais depuis que cet article a été publié s’est produit le 11 septembre 2001 qui a oblitéré la rhétorique antichinoise aux Etats-Unis où depuis 1996 au moins on voyait en ce pays le prochain ennemi à abattre(épisode au cours duquel la Chine avait organisé de grandes manoeuvres navales devant Taiwan pour influencer le résultat des élections présidentielles sur l’ile et intimider les partisans d’une déclaration d’indépendance de l’île, entraînant le déploiement de deux porte-avions américains + leur “environnement” soit une vraie flotte entre la marine chinoise et l’île “rebelle”). L’attention américaine est désormais totalement monopolisée par la “guerre contre le terrorisme” et par le Moyen-orient, ainsi que par la crise nord-coréenne (depuis 2002) or sur tous ces points la Chine s’efforce de se montrer constructive dans sa relation avec les Etats-Unis, car elle a besoin de stabilité et de capitaux étrangers pour son développement économique. On peut raisonnablement penser que l’opposition entre les deux pays est davantage dissimulée que dissoute et que les problèmes sont plus différés que résolus, mais il n’est plus aussi exact qu’à la fin des années 1990 de parler des “meilleurs ennemis” du monde.