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Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po
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Le paysage stratégique a profondément changé depuis le 11 septembre 2001. De la chute du Mur de Berlin jusqu'à cette date, les analyses européennes n'ont que rarement pris pour point de départ le concept de menace : l'Europe était surtout confrontée à des défis ou à des risques et les enjeux politiques consistaient justement à éviter que ces dangers potentiels ne deviennent des menaces réelles. |
D'où un recours au "soft power" plutôt qu'aux moyens militaires traditionnels, et la mise en œuvre d'une "diplomatie de défense" fondée sur des initiatives multi- ou bilatérales. Autre évolution majeure : si les conflits sur le continent européen n'ont pas été moins nombreux durant les années 1990, les Etats européens qui ont participé aux opérations de maintien ou de rétablissement de la paix l'ont fait non par contrainte mais volontairement, guidés par des préoccupations d'ordre géopolitique ou humanitaire, tandis qu'ils n'étaient pas eux-mêmes menacés.
Avec l'attaque du 11 septembre 2001, le concept de menace a retrouvé une nouvelle validité. Et s'il est à prévoir qu'un temps d'adaptation sera nécessaire pour que les stratégies des Etats européens en tiennent compte, mieux vaut tout mettre en œuvre pour que ce délai soit le plus court possible pour éviter des conséquences par trop néfastes.
Le Moyen-Orient est depuis longtemps une zone à risques – et une zone dont les ressources pétrolières affectent directement les intérêts économiques des pays occidentaux. Le décalage politique, économique et social de cette région avec le reste du monde s'accroît sans cesse : Etats autocratiques sans assise nationale solide, prédominance d'une "vieille économie" d'exploitation des matières premières, respect des droits de l'homme bien limité. Pour parachever le tout, ces Etats se caractérisent par une démographie généralement vigoureuse et surtout, par une militarisation élevée et une gamme d'armements très large, y compris nucléaires, chimiques et biologiques.
Au Moyen-Orient, le 11 septembre 2001 et ses suites ont eu pour effet d'accélérer des transformations qui se seraient déroulées sur une plus longue durée. Les contradictions internes de la région sont susceptibles d'éclater dans la décennie qui vient :
- Eclatement des Etats post-ottomans : l'Irak (en cas de guerre), la Syrie (en cas d'affaiblissement de la coalition au pouvoir) mais aussi l'Arabie Saoudite (cf. infra).
- Acquisition de l'arme nucléaire par un ou plusieurs pays anti-occidentaux.
- Eclatement de troubles en Arabie Saoudite avec prise de pouvoir par un régime anti-occidental : risque de tensions accrues sur les marchés pétroliers.
S'ils se produisent, ces scénarios de rupture affecteront l'Europe et appelleront de sa part une réponse militaire au moins égale à celle mise en œuvre durant la Guerre du Golfe.
B. La mise en échec des politiques de non-prolifération
Si le problème est ancien (Israël détient l'arme nucléaire depuis 1968-69, l'Inde depuis 1974), il a connu ces dernières années de nouveaux développements :
- Le Traité d'interdiction de 1972 ne prévoyant aucun mécanisme de vérification, la prolifération biologique ne connaît aucun frein.
- La communauté internationale ne l'ayant jamais rappelé à ses devoirs de signataire du TNP, l'Iran accèdera probablement sous peu au seuil nucléaire. Les seuls efforts à ce jour sont l'œuvre des Etats-Unis, visant à bloquer les transferts de connaissances et de technologies vers ce pays : cette approche purement coercitive échouera sans doute, comme elle a échoué face au Pakistan. Et une fois le seuil atteint, il sera tentant pour d'autres pays de la région de suivre l'exemple iranien (notamment l'Arabie Saoudite).
- Enfin, dans la foulée du 11 septembre, l'Inde et le Pakistan, qui faisaient l'objet de sanctions par plusieurs pays occidentaux en raison de leurs essais nucléaires de 1998, ont vu ces sanctions levées et leur statut de pays nucléaire reconnu de fait.
Les conséquences sont triples :
- La prolifération ne signifie plus une mise au ban des nations, mais seulement un coût politique et économique international limité dans le temps.
- Dans les pays d'Asie disposant d'une certaine base industrielle, la possession de l'arme nucléaire n'est plus l'exception mais la règle, compromettant la survie même du régime international de prolifération.
- Enfin, le risque d'utilisation de l'arme nucléaire croît : les nouveaux pays détenteurs de l'arme sont dans des situations stratégiques souvent délicates (cf. l'équilibre instable indo-pakistanais) et la probabilité d'une erreur de jugement n'est plus négligeable.
Il s'agit là de menaces importantes mais auxquelles l'Europe peut encore faire face, notamment en réactualisant le principe de dissuasion nucléaire. En revanche, il sera beaucoup plus difficile de contrôler…
C. … l'accès des acteurs non étatiques à la destruction massive
L'attaque du 11 septembre représente un tournant matériel (sans armes de destruction massive, l'effet atteint équivaut en termes de destruction physique à celui d'une petite charge nucléaire) et doctrinal (cet effet massif était clairement voulu par les organisateurs de l'attaque). Le terrorisme de destruction de masse (hyperterrorisme) est désormais une réalité stratégique d'autant plus sérieuse que des organisations comme Al Qaida ou la secte Aum Shinrikyo ont clairement manifesté leur volonté d'acquérir des armes de destruction massive).
Pour les Européens, la menace est double :
- Menace directe : l'utilisation effective d'armes NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques) contre lesquelles il n'existe quasiment aucune mesure palliative, par des groupes insensibles à la dissuasion nucléaire car implantés au cœur même des sociétés qu'ils attaquent.
- Menace indirecte : le transfert de matières et de savoir-faire d'un Etat vers un groupe hyperterroriste, soit par volonté politique, soit en raison du désordre régnant dans cet Etat.
Un constat demeure : la vulnérabilité presque totale des sociétés urbanisées à la destruction de masse d'origine non étatique.
II. Options pour l'Europe
Dans ce contexte radicalement nouveau, l'Europe ne pourra pas agir sans tenir compte des politiques de sécurité d'autres acteurs, à savoir les Etats-Unis et la Russie :
- La position américaine sera déterminante. Il est souhaitable pour l'Europe que Washington opérât à l'avenir de façon plus respectueuse du multilatéralisme : les efforts de lutte contre la prolifération seront plus efficaces s'ils sont menés par la communauté internationale et l'Europe n'a de toute façon pas les moyens d'organiser une coalition militaire de l'ampleur de celle conduite par les Etats-Unis. En pratique, c'est pourtant l'unilatéralisme de la riposte américaine qui prévaut jusqu'ici.
- Si la position russe est moins essentielle, l'Europe devra néanmoins veiller à conforter Moscou dans ses choix pro-occidentaux et à ne pas affaiblir la position du Président Poutine.
Indépendamment de ces positions, l'Europe aura avantage à explorer quatre pistes :
1. L'intégration des mesures de sécurité et de défense intérieure et extérieure. Les menaces actuelles, protéiformes, pèsent à la fois sur les fronts interne et externe des Etats. Or, en Europe, si les politiques de sécurité sont fortement intégrées (cf. Europol), les politiques de défense extérieure demeurent, elles, d'essence nationale.
2. L'extension du champ de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense. La capacité de réaction rapide de 60.000 soldats prévue à l'horizon 2003 par la PESD n'aura pas, en l'état actuel, les moyens d'opérer au-delà des limites du continent européen. Elle ne possèdera ni la structure opérationnelle intégrée, ni les moyens de commandement requis pour agir dans des missions de type "Guerre du Golfe". Face aux nouvelles menaces, ces ambitions réduites ne suffisent plus.
3. La fin des dividendes de la paix. Les moyens militaires doivent être impérativement accrus, suivant trois axes : disponibilité opérationnelle des forces dans des délais très brefs ; augmentation des dépenses de R&D pour conserver une capacité d'action autonome ; et renforcement des outils de projection lointaine (transports, moyens d'écoute et de reconnaissance, etc).
4. La redéfinition de la politique de lutte contre la prolifération. L'avènement de l'hyperterrorisme appelle le passage d'une politique de non-prolifération (d'ordre notamment juridique ou diplomatique) à une politique de contre-prolifération, d'ordre essentiellement militaire.