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Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po
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Depuis la fin de la guerre froide, on constate une réorientation de la politique de Washington en Afrique. Il s’agit, en effet, de replacer ce continent dans les nouveaux défis actuels. Pourtant, la politique américaine en Afrique ne procède pas d’une stratégie d’ensemble mais marque tout au plus certaines tendances. De Clinton à Bush Jr., une multiplicité de courants doctrinaux se confrontent rendant la politique américaine quelque peu incohérente, du moins peu lisible. |
Depuis la fin de la guerre froide la politique américaine en Afrique est fonction de ses intérêts économiques. La stratégie à adopter se décide au cas par cas d’où l’existence d’une multiplicité de doctrines.
L’Enlargement et la Bottom-Up Review
La politique étrangère de Bill Clinton, fortement axée sur les droits de l’Homme- dans un premier temps du moins(d’où l’intervention en Somalie)-, s’est fondée sur le concept d’enlargement (élargissement)[1]. L’objectif était avant tout l’extension de la démocratie aux zones d’intérêt stratégiques américains. C’est un nouveau globalisme[2] qui prend forme, néanmoins plus sélectif puisqu’il s’adapte au cas par cas : c’est le multilatéralisme « sélectif ».
Parallèlement, le début du mandat de Clinton est marqué par un processus de révision de « bas en haut » (Bottom-Up Review) du département de Défense : une nouvelle structuration des forces armées allant dans le sens d’une plus grande rapidité de déploiement et d’une meilleure mobilité est réalisée pour permettre des interventions régionales multiples dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
La FDD 25
Le retrait des forces armées américaines de la Somalie, intervenu le 31 mars 1994, a cependant atténué la politique ambitieuse de l’enlargement. Le fiasco somalien (mort de 18 Marines en opération) relance le débat sur l’isolationnisme et se traduit par l’adoption d’une politique minimaliste. La critique violente de l’interventionnisme tout azimut refait surface-les arguments avancés étant qu’il ne règle que sommairement le problème, qu’il est impossible à financer, qu’il engendre un surcroît de violence (cf. opération « Restore Hope » en Somalie) et enfin que les E.U ne doivent pas céder aux pulsions émotionnelles mais agir selon l’intérêt national (S.J. Stedman, G.F. Kennan).
La Directive présidentielle 25 (FDD 25) de mai 1994 tient compte de ce courant doctrinal puisqu’elle pose des conditions très restrictives préalables à toute intervention américaine :
-existence d’intérêts américains
-définition claire des objectifs
-calendrier contraignant
-identification d’une « stratégie de sortie »
-cessez-le-feu préalable et effectif si la mission relève du chapitre VI de la Charte de l’ONU (maintien de la paix)
Cette directive reçoit une application claire avec le refus d’intervenir au Rwanda, au Congo ainsi que dans l’ex-Zaïre. Désormais, un soutien militaire ou financier aux OMP ne sera accordé que lorsqu’il fait avancer les intérêts américains.
L’African Crisis Response Initiative (Acri)
Après la Somalie, l’administration Clinton se retrouve à cheval sur deux courants de pensée à propos de la résolution de conflits en Afrique :
-croyance classique que les problèmes américains ne pouvaient que distraire des véritables objectifs et amenaient des controverses de politique intérieure indésirables ;
-dépenses coûteuses de l’opération « Restore Hope » pouvaient être évitées par une action préventive rapide
Cela se traduit immédiatement par une certaine réticence à l’engagement dans les conflits armés et l’articulation de la politique américain vers une diplomatique préventive. L’objectif aujourd’hui est de donner les moyens matériels et logistiques aux Africains afin qu’ils résolvent eux-mêmes leurs conflits. Dans cette optique, Warren Chritopher, Secrétaire d’Etat, lance le projet de l’Acri, la force de réponse aux crises africaines (1996). Cette initiative consacre donc un changement stratégique en Afrique certain.
L’Acri prévoit la constitution d’une « force interafricaine de maintien de la paix », composée de 10 000 soldats africains, dirigée par des soldats africains sous l’égide de l’ONU et financée par des donateurs américains et européens. Les réticences immédiates internationales, et en premier lieu celles des Africains eux-mêmes, sont nourries par des points d’ombre concernant cette force armée: Quels seront les pays africains participants ? Qui sélectionne et sur quels critères ? Quel sera le rôle exact de l’ONU et de l’OUA ? Mais un retournement progressif est opéré sous l’impulsion du Mali, Ouganda et Ethiopie, acteurs émergents de la nouvelle géopolitique africaine, qui avec ce projet veulent se positionner sur la scène africaine.
Cependant, il convient de s’interroger quelque peu sur les motivations réelles de ce projet. Y a-t-il une réelle volonté de pacifier l’Afrique ? Ne s’agit-il pas plutôt de concurrencer les N.U et l’Europe sur leur propre terrain ? Si c’est le cas, l’objectif est-il de faire pression sur certains dossiers diplomatiques ou alors jouer un rôle moteur dans le champ stratégique africain ?
Il semble pourtant que ce projet procède d’un réel intérêt pour la question du maintien de la paix en Afrique- au regard notamment des sommes d’argent mises en jeu (25 millions de $ sur les 40 nécessaire à sa création). Mais cette option répond d’abord à une double difficulté, juridique et stratégique. En effet, la période de l’après guerre froide coïncide avec une nouvelle donne géopolitique puisqu’elle voit la multiplication des guerres civiles. Ces guerres posent des difficultés juridiques importantes quant à une éventuelle intervention de l’Onu. Par ailleurs, la création de l’Acri se place également dans le champ du stratégique : la résolution d’une crise locale ne concourant pas à la défense des intérêts stratégiques américains, ce projet est un moyen efficace de payer un tribut moins lourd (matériellement et humainement) en cas de crise. De plus, l’Afrique en tant qu’épicentre de la violence mondiale est un terrain idéal pour affirmer le leadership américain.
Le projet Acri reprend donc l’idée d’une sous-traitance des problèmes internationaux aux acteurs régionaux concernés exprimée par un certain nombre de stratèges américains. Néanmoins, cette sous-traitance n’est pas synonyme de désengagement. En effet, ce projet montre bien le désir des E.U. de s’impliquer dans la géopolitique africaine- considérant qu’elles ont un rôle à jouer[3]. L’objet final de ce projet rend bien compte des intentions stratégiques américaines réelles puisqu’il est de sécuriser le continent africain afin de garantir l’épanouissement de l’investissement et l’intérêt américain dans un climat stable. Finalement, la stratégie géopolitique des E.U. sur le continent africain après la guerre froide (la « grande stratégie ») est conditionnée avant tout par une stratégie économique et financière.
[1] Il s’agit de l’élargissement des valeurs «universelles» américaines de la démocratie et de l’économie de marché.
[2] Stratégie qui fait écho au globalisme de Reagan puis Bush. Les E.U se voulaient des «facilitateurs» de résolutions pacifiques de conflits régionaux en Afrique. Cependant, cette politique se caractérisait par un aspect sporadique; en effet, elle ne concernait que des cas isolés. L’opération somalienne, soutenue par G.H. Bush, rentrait dans ce cadre. Cette doctrine selon laquelle il fallait rétablir la paix et la démocratie dans le monde (intervention pour des raisons morales) fut, dès lors, reprise par Clinton : il approuve l’intervention somalienne décidée par Bush.
[3] Cf. tournée africaine de Colin Powell du 23 au 28 mai 2001 (Mali, Afrique du Sud, Ouganda, Kenya)