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La guerre en Tchetchenie - Relations internationales - Geopolitique - Les politiques extérieures des Etats - Analyse des conflits - Analyse des dynamiques régionales

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La guerre en Tchetchenie

 

Après la chute de l’URSS, les peuples du Caucase du Nord (Ciscaucasie) sont demeurés dans la Fédération de Russie, qui a organisé cette zone frontière en y créant 7 républiques autonomes. Mais les Tchétchènes ont essayé de sortir de cette Fédération, en refusant notamment de signer le Traité de l’Union en 1992. Ce refus a entraîné la scission de l’ancienne République de Tchétchénie-Ingouchie en une République de Tchétchénie (16 600 km²) et une République d’Ingouchie (2 700 km²).

Utilisant les tensions ethniques entre Ingouches et Ossètes pour s’installer dans la région, l’armée russe en a profité pour encercler la Tchétchénie qui venait de proclamer son indépendance.

Fin 1994, l’armée russe a envahi la Tchétchénie. Elle s’est trouvée confrontée à une situation complexe, due à l’existence de 2 Tchétchénies : celle des plaines, organisée autour de quelques villes industrialisées grâche au pétrole, et modérément anti-russe, et la Tchétchénie des montagnes, celle de la résistance des musulmans à la Russie depuis plus de 150 ans. A ces deux Tchétchénies, il faut ajouter une diaspora forte d’environ 400 000 personnes (Russie, Turquie, Jordanie), qui s’est rangée du côté des indépendantistes et leur fournit des moyens financiers ainsi que des relais d’opinion dans le monde musulman.

30 000 soldats russes ont été envoyés en Tchétchénie. Le total des pertes des deux côtés est évalué à 50 000 morts, essentiellement des civils. Il y a eut en outre plus de 200 000 réfugiés dans les républiques voisines de l’Ingouchie et du Daghestan.

La 1ère guerre se termine par les accords de Khassavyoud, qui concédent à la Tchétchénie une importante autonomie assortie d’un retrait des troupes russes et de la promesse d’une référendum sur l’indépendance en 2001.

Contre toute attente, après la mort de Doudaïev, les élections amenèrent au pouvoir Mashkadov, partisan d’un dialogue avec Moscou, et non l’homme qui représentait l’aile dure de l’indépendantisme, Bassaev. La crise semble donc stabilisée.

2ème guerre tchétchène – un rejet de l’occupation russe

Lancée durant l'été 1999, l'opération « antiterroriste », qui, selon le gouvernement russe, devait prendre fin en mars de l'année suivante, se poursuit. Cette guerre d'usure a causé la mort de dizaines de milliers de civils, détruit à grande échelle et dépeuplé la république caucasienne. De sources officieuses, la population serait passée de 1,2 million à l'époque soviétique à 400 000 aujourd'hui. Du côté russe aussi, les pertes atteignent un niveau insoutenable, dénoncé par des associations russes, telle Mémorial.

Analyse

Une continuité historique ?

Le Caucase oriental (Daghestan, Tchétchénie, Ingouchie, Ossétie), profondément islamisé depuis le XVIIIème siècle a toujours été une région rebelle. Par le passé il a constitué le fer de lance de la résistance à la pénétration russe.

Une analyse historiciste des 2 guerres tchétchènes tend ainsi à les inscrire dans la continuité des hostilités russo-tchétchènes, qui remonteraient à deux cents ans, voire plus, depuis la rébellion de l’imam Chamil (XIXème siècle) jusqu’aux vélléités indépendantistes des années 1920-21 et à la déportation de 1944. Mais une telle analyse introduit une vision déterministe de l'histoire qui voudrait que Russes et Tchétchènes soient en état de guerre permanent. Or, au XIXème siècle, la Russie ne combattait pas le groupe ethnique des Tchétchènes : elle s'opposait à un front de résistance des peuples caucasiens, dont la figure emblématique fut l'imam Chamil, un Avar du Daghestan. Les Avars ont conservé un esprit tout aussi combatif que les Tchétchènes, mais ils ne se sont pas rebellés contre Moscou depuis le début des années 1990. Pas plus que d'autres peuples musulmans du Caucase comme les Kabardes ou les Ingouches.

Un danger d’éclatement de la Fédération de Russie ?

L’argument russe selon lequel la perte de la Tchétchénie entraînerait l'éclatement de la Fédération de Russie, sur le modèle de l'Union soviétique, paraît injustifié. Depuis les accords conclus entre les autorités fédérales et le Tatarstan en février 1994, la Tchétchénie est désormais le seul « sujet » de la Fédération à revendiquer une pleine souveraineté. Ce qui mine surtout l'autorité de la Russie dans le Caucase, ce sont les violations massives des droits humains commises par Moscou, conjuguées à son impuissance militaire et politique.

Un conflit instrumentalisé

Par deux fois en dix ans, les dirigeants russes ont tenté d'instrumentaliser la situation explosive dans le nord du Caucase pour régler des problèmes politiques au Kremlin. On peut voir en l’invasion de décembre 1994 une décision prise pour accroître les chances de M. Boris Eltsine dans l'élection de 1996. De même, en 1999, le conflit a contribué à donner une assise populaire à cet inconnu qu'était alors M. Vladimir Poutine. L'invasion du Daghestan par les forces tchétchènes sous le commandement du chef de guerre Chamil Bassaïev et son allié, le Jordanien de tendance wahhabite Khattab, représentait, certes, une menace sérieuse, mais, en y répondant par une guerre totale, la Russie a choisi de ne pas aborder les problèmes du nord du Caucase.

Ce faisant, les généraux russes ont tourné le dos aux leçons de leur défaite de 1996, pensant à nouveau venir à bout de la résistance tchétchène en concentrant plus de moyens militaires dans le pays. De 30 000 soldats envoyés en Tchétchénie en 1994, on est passé à 90 000 en 1999, soit l'équivalent du corps expéditionnaire soviétique en Afghanistan. Les autorités se sont également employées à faire taire les critiques des médias. Après les « prises de contrôle hostiles » de la chaîne indépendante NTV, qui avait couvert le précédent conflit de manière critique, et le rachat par le géant gazier Gazprom de l'hebdomadaire Itogui, un nouveau scandale a mis en lumière les atteintes à la liberté de la presse à Moscou : l'arrêt d'un tribunal ordonnant la fermeture de TV6, la dernière chaîne de télévision nationale à échapper au contrôle du Kremlin.

Les généraux russes se sont également mépris sur les divisions entre Tchétchènes. Il est vrai que la Tchétchénie connaissait une situation de guerre civile en 1999. Mais la situation était identique en 1994, avec un président Doudaïev isolé de la population, ce qui n'a pas empêché les Tchétchènes, qui n'oublient pas les déportations de masse de 1944, de passer outre leurs dissensions pour résister à l'envahisseur. Si, en 1994-1996, la résistance tchétchène se battait avant tout pour l'indépendance nationale, actuellement, elle relève plus d'un simple rejet de l'invasion russe que d'un combat pour un objectif politique.

 

La Tchétchénie après le 11 septembre

Depuis les attentats du 11 septembre, les contestations face à la version de Moscou selon laquelle la Tchétchénie est un problème interne se sont affaiblies : beaucoup admettent qu'il faut l'aborder dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international.  Pour Vladimir Poutine, la guerre en Tchétchénie représente la participation russe à ce combat international : à l'instar des Etats-Unis, la menace terroriste lui donne donc le droit d'intervenir de manière préventive et hors de son territoire (notamment en Géorgie, dans les gorges du Pankissi.)

Perçue et présentée à l'opinion publique comme le 11 septembre de la Russie, la prise d'otages d'octobre 2002 a encore radicalisé le discours officiel comme les sentiments populaires.

Mais la guerre en Tchétchénie, malgré le contexte antiterroriste, a un prix, externe et interne.

Sur le plan externe, M. Poutine, craignant de compromettre le volet « coopération antiterroriste » du sommet, a ainsi dû faire des concessions sur la question de Kaliningrad  lors de la dernière réunion Union européenne - Russie et admettre le principe d'un document de transit délivré par la Lituanie.

De surcroît, si l'aval international permet de marginaliser encore plus les opposants russes à la politique du Kremlin en Tchétchénie et en Ciscaucasie, sur le plan interne, cette croisade contre le « terrorisme international » a pris des accents antimusulmans qui ne sont pas sans risques pour la cohésion de la Fédération de Russie, qui comprend de nombreux peuples musulmans.

Les pressions s'accentuent donc pour que Moscou mette un terme à la guerre. Non seulement le conflit occasionne des pertes énormes, mais il a paralysé la réforme militaire promise par le chef de l'Etat russe. Qui plus est, il engloutit toutes les ressources militaires de la Russie. La seule solution pour Moscou consiste à effectuer un nouveau retrait militaire, et c'est bien là son dilemme. Livrée au chaos et à l'incertitude, la Tchétchénie d'après-guerre risque fort de ressembler à celle d'avant-guerre : un Etat en pleine débâcle dont les seules activités économiques seraient illicites, voire criminelles (industrie de la prise d'otages, trafic d'armes ou piratage du pétrole acheminé par l'oléoduc Bakou-Novorossisk). Sans parler du camouflet que subirait un président russe ayant fait de la victoire militaire le cheval de bataille de sa campagne électorale. Depuis une décennie, malgré les limites évidentes de leur option militaire, les dirigeants russes n'ont élaboré aucune autre politique tchétchène. Et ce n’est pas le récent référendum sur une nouvelle Constitution tchétchène qui mettra fin au conflit. Un retrait militaire paraît la seule solution pour arrêter le bain de sang, suivi d’un dialogue avec des représentants du peuple tchétchène qui ne soient pas à la solde de la Russie.

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