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La colombie : entre guerre et paix - Relations internationales - Geopolitique - Les politiques extérieures des Etats

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La colombie : entre guerre et paix

 

Depuis vingt ans, la Colombie connaît des phénomènes de violences « circulaires » particulièrement complexes, liés au conflit armé interne, au trafic de drogue, aux règlements de comptes et à la délinquance. Au cours de la décennie 1990 elle aurait provoqué la mort de plus de 23 000 personnes en moyenne par an.

 

Un conflit  remontant à plusieurs décennies, impliquant des acteurs multiples et qui tend aujourd’hui à s’intensifier et se complexifier

 

 Importance des guérillas

 

Principaux  acteurs illégaux du conflit aux côtés des paramilitaires

 

-Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC, 1964) originellement liées au parti communiste colombien

-Armée de Libération Nationale (ELN, 1965) inspirée de la révolution cubaine

 

Accentuation des opérations de ces guérillas depuis 1992-1993

 

-Confrontation accrue entre les guérillas et les paramilitaires

-Adoption par ces guérillas d’une stratégie « antisubversive » résolument offensive

 

Multiplication des attaques contre les forces armées et de police

 

-Particulièrement vrai pour les FARC et dans une moindre mesure pour l’ELN

-Constitution de prisonniers dont le nombre actuel s’élèverait à plus de 520.

 

                Rupture stratégique (1982-1983)

 

Adoption de stratégies politico-militaires particulièrement offensives

 

-Dédoublement des fronts de guerre existant

-Dissémination géographique selon une logique centrifuge

-Diversification des sources de financement des guérillas

-Implication dans la vie des Municipes en vue de créer les conditions d’une insurrection populaire

 

Cette politique coïncide avec un bouleversement dans l’économie de guerre

 

-Essor du commerce de drogue

-mobilisation d’une multitude de ressources économiques (mines d’or, émeraude, charbon, pétrole)

-Ce qui permet un saut qualitatif et quantitatif de la guerre (course à l’armement)

 

Les FARC passent de 32 fronts et 3500 soldats  en 1986 à plus de 60 fronts et 7500 combattants en 1995.

 

                Un désengagement de l’armée au profit de groupes paramilitaires

 

Les groupes  paramilitaires trouvent leur origine au milieu de la décennie 1980 en réaction aux exactions de guérillas

 

-Bénéficient, à l’époque, de soutien d’officiers de l’armée régulière et des services de renseignement

-Reçoivent des soutiens occultes de nombreux secteurs de la société (notamment les propriétaires terriens)

-Passent également des accords d’opportunité avec les narcotrafiquants, quand ils ne sont pas financés par eux.

 

Désormais, les principaux opposants à la croissance des guérillas.

 

- Bipolarisation croissante  du conflit dans laquelle l’armée ne tient pas pour l’instant un rôle très actif

- Faute de stratégie d’action clairement définie et de maîtrise du territoire, l’armée reste souvent cantonnée dans ses campements

- Réduite à une position d’attente, l’armée donne ainsi l’impression de se satisfaire des offensives des paramilitaires et d’être prise dans un système tacite de délégation de la force à ces organisations privées illégales.

 

 

II° Des tentatives de résolution du conflit dont l’issue reste incertaine…

 

A l’instar des autres conflits internes (Algérie, Sierra Leone, Angola,…) les principales victimes des actions armées sont les populations civiles

 

Il ne s’agit pourtant pas d’une guerre civile

 

- Evidemment des citoyens ont pris les armes pour s’opposer à l’Etat et/ou entre eux

- Mais l’immense majorité de la population souhaite rester en dehors du conflit et ne s’identifie en rien avec les groupes armés.

 

Aussi s’agit il, non pas d’une guerre civile, mais d’une guerre contre les civils

 

-les populations deviennent d’ailleurs malgré elles, et sous l’emprise de la coercition, un acteur du conflit

-Elles sont à la fois cibles et les enjeux des stratégies des protagonistes armés qui cherchent à les contrôler à les expulser des territoires ou à les éliminer.

 

Difficiles négociations de paix : des espoirs très largement évanouis

 

Incapacité des gouvernements successifs de mener des discussions avec les guérillas

 

-Faute de stratégie de paix gouvernementale clairement définie et en raison de la multitude des acteurs impliqués dans les négociations, le gouvernement de Belisario Betancur (1982-86) suspend les pourparlers sans avancée majeure.

-Sous le mandat d’Ernesto Samper (1994-98), les négociations de paix sont bloquées à la suite de la crise politico institutionnelle survenue à la suite des accusations de financement occulte de sa campagne électorale par les trafiquants de drogue.

-Incapacité du gouvernement d’Andres Pastrana au pouvoir depuis 1998 d’entamer une discussion de fond sur la guérilla autour du cessez le feu, de la démobilisation et de la réinsertion des combattants ou en core de la réforme politique et économique demandée par la guérilla.

 

Le gouvernement actuel à donné davantage l’impression de faire des concessions à la guérilla qu’il n’en obtenait de progrès sur le chemin de l’apaisement

 

-Une relation directe avec les FARC a été privilégiée au détriment de la négociation avec l’ELN et  des paramilitaires qui se sentent exclus des pourparlers.

-Le gouvernement a accepté une négociation en temps de guerre sans cessez le feu préalable et de demilitariser une zone de 42 000 km² passée sous le contrôle de la guerilla en vue de créer un climat de confiance et faciliter les pourparlers.

-Le gouvernement actuel semble participer indirectement à la modernisation de la guérilla, qui met à profit cette zone de non guerre pour acheminer des armes depuis les pays frontaliers.

 

Une stratégie de paix difficile à percevoir

 

Les parties se donnent elles réellement les moyens de créer les conditions d’une paix durable, croient elles en une solution négociée du conflit

 

-Renforcement des liens avec les Etats-Unis matérialisée par l’acceptation du « Plan Colombie »  dont l’ambition affichée est de sortir la Colombie de la crise politique, militaire et socioéconomique.

-Ce plan s’articule autour de la paix, la défense et la sécurité nationale, la reforme fiscale et financière, la lutte contre la drogue, le respect des droits de l’homme….

 

Cependant il apparaît que l’essentiel de l’aide financière américaine sera consacrée à un accroissement de l’éradication des cultures de drogue

 

-Ce qui laisse présager une recrudescence de la confrontation armée non seulement contre les réseaux mafieux mais aussi contre les guérillas et les paramilitaires associés au trafic pour financer leur effort de guerre et l’acquisition d’armes modernes.

 

Conclusion      Incertitude d’une catastrophe certaine

 

En se militarisant toujours davantage, les protagonistes semblent se préparer à une nouvelle intensification de la guerre qui pourrait bien avoir comme épicentre les zones de culture et de production de la drogue dans l’est et le sud du pays.

Si ce scénario militaire venait à se confirmer, le pays entrerait alors dans une période d’incertitudes et de confrontations armées sans précédent. Or le bilan économique et humain du conflit est dores et déjà catastrophique pour la société colombienne.

Le pays compte déjà 1,5 millions de déplacés internes, en outre plus de 200 000 colombiens ont officiellement quitté le territoire national.

Le Plan Colombia de Jose Pastrana (1998)

Le Plan Colombie a été élaboré par le gouvernement du Président Pastrana en 1998 comme un ensemble de stratégies destinées à appuyer les besoins les plus pressants de la population colombienne concernant la paix, le développement économique et social et le renforcement de l’État. Le Plan Colombie contenait cinq axes stratégiques.

Tout d’abord, une stratégie de retour à la paix qui se proposait de mettre en place un processus de négociation en vue d’un accord de paix avec les rebelles, selon les principes d’intégrité territoriale, de démocratie et de respect des droits de l’homme. Cette stratégie de paix négociée différait essentiellement des efforts réalisés auparavant, dans la mesure où elle allait au delà de l’idée de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants. De plus, cette stratégie reconnaissait la nécessité de changements politiques, judiciaires, sociaux et économiques, si la Colombie voulait éviter de nouveaux affrontements et construire une paix durable. En second lieu, la stabilisation de l’économie avait pour but de retrouver la confiance des investisseurs internationaux, à travers la mise en place de mesures de stabilisation, y compris un ajustement budgétaire. Ces mesures devaient permettre de jeter les bases d’une croissance durable de l’investissement et de la production, par le développement de l’investissement privé. C’était là une stratégie essentielle, à un moment où la Colombie traversait sa plus grave crise économique des soixante-dix dernières années. Avec un taux de chômage d’environ 20%, la capacité du gouvernement pour lutter contre la violence et le trafic de drogue affectait gravement les ressources disponibles. Troisièmement, le plan Colombie souhaitait renforcer la présence de l’État sur l’ensemble du territoire national et proposait également de réduire de 50%, pendant les six prochaines années, la culture, la fabrication et la distribution de produits stupéfiants. En outre, la Colombie a cherché à coopérer avec les autres pays impliqués dans les différentes opérations qui constituent les maillons de la chaîne : production, distribution, commercialisation, consommation, blanchiment de capitaux, autres facteurs de production et trafic d’armes, afin de lutter contre la totalité des composantes du cycle des drogues illicites, et d’empêcher le flux des produits de ce trafic — qui nourrit la violence — vers la guérilla et autres organisations en marge de la loi. Dans le cadre de cette lutte, le développement alternatif apparaissait comme un élément essentiel. Cette stratégie était appelée à encourager des schémas de production agricole et d’élevage, ainsi que d’autres activités économiques, rentables pour les paysans et les familles qui travaillaient dans les cultures illicites. Le plan prévoyait également des activités de protection de l’environnement, économiquement viables, permettant de préserver les zones forestières et de mettre fin à l’expansion dangereuse des cultures illicites sur le bassin amazonien et sur de vastes étendues naturelles, creuset d’une immense biodiversité vitale pour l’ensemble de la communauté internationale. En quatrième lieu, la réforme de la Justice avait pour but de construire un système judiciaire impartial et efficace afin d’assurer l’État de droit, de lutter contre le blanchiment de capitaux et priver les criminels des bénéfices illicites obtenus, accroître la crédibilité du système judiciaire, lutter contre la contrebande et renforcer la répression du trafic de drogues et d’éliminer la corruption. Cinquièmement, la démocratisation et le développement social avaient pour but de réduire de façon progressive et systématique les causes et les manifestations de la violence, au moyen du renforcement de la participation des citoyens et de la création d’une conscience collective. Cette stratégie a pour but d’apporter une aide humanitaire portant essentiellement sur les besoins physiques et psychologiques. L’adoption de mesures destinées à assurer la protection des droits des personnes déplacées, ainsi que la mise en place de mécanismes pour apporter une aide humanitaire d’urgence, — eau, aliments, santé et protection — avaient également été mises en place. Le gouvernement, par l’intermédiaire du Réseau de Sécurité Sociale, des Ministères et des ONG, avait prêté son appui aux collectivités locales dans la gestion des ressources et des compétences techniques, ainsi que pour le travail avec les personnes déplacées, le développement alternatif et la lutte contre la pauvreté.

En conclusion, le coût du Plan Colombie s’est élevé à 7,5 milliards de dollars pour trois ans. Les États Unis et l’Europe ont manifesté leur soutien ferme concernant cette stratégie sociale et économique destinée à accompagner le processus de paix. Mais le plan Colombie fut un échec puisque le processus de paix engagé avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie — FARC —, à qui avait été attribuée une zone démilitarisée de 42 000 km² s’est achevée en janvier 2002 sans aucune avancée. Les négociations ont même été interrompues dans un contexte de violence accrue. Le conflit s’est intensifié, avec un renforcement des principaux groupes militaires illégaux (FARC, ELN — Armée de Libération Nationale — et paramilitaires). Et la multiplication d’actes terroristes. En élisant, dès le premier tour M. Uribe la population a apparu séduite par le langage de fermeté du nouveau président à l’égard des groupes armés illégaux.

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