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Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po
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L'Asie est sans doute aujourd'hui le continent de tous les dangers. On y trouve des pays en croissance rapide, plusieurs poids lourds de la démographie internationale (bien que la plupart des puissances asiatiques sauf l'Inde soient actuellement en-dessous du seuil de renouvellement des générations), quatre puissances nucléaires, des nationalismes virulents, et divers problèmes territoriaux, politiques, historiques, non résolus. |
La puissance hégémonique traditionnelle dans cette région (la Chine) n'est pas la puissance hégémonique actuelle (Etats-Unis). Il y a dans cette région un système (hors Etats-Unis qui n'appartiennent pas à cette région) multipolaire, mais pas d'architecture régionale de sécurité (cf partie II ci-dessous). C'est un continent dont l'histoire est ancienne et qui n'est n'est néanmoins pas stabilisé comme peuvent l'être aujourd'hui l'Europe ou l'Amérique. L'équilibre actuel de ce continent repose sur une série de relations bilatérales (USA-Chine, USA-Japon, Chine-Japon, Chine-Russie, Japon-Russie, Russie-USA, Corée-Nord/Corée Sud etc.), mais pas sur une relation d'ensemble entre tous les acteurs. Qui plus est, la plupart de ces relations sont ambigües : les deux Corées sont-elles soeurs ou ennemies ? ennemies entre elles, elles seraient soeurs face au Japon ? La Chine et les USA sont-ils partenaires ou adversaires ? Taiwan est il l'allié des Etats-Unis ou de connivence avec une Chine dans laquelle il investit de plus en plus ses capitaux ? La nature même de certains pays est incertaine : le Japon est-il un "soleil levant" (dynamisme économique et technologique) ou un "soleil couchant" (faiblesse démographique, manque de grand projet national)[1]; la Chine est-elle une puissance moyenne ou une grande puissance : compte-t-elle vraiment sur la scène internationale ? a-t-elle des ambitions régionales ou internationales ? est-ce un pays communiste ou capitaliste ? sa relation avec les Etats-Unis est-elle de "paix chaude" , de "guerre froide" ou de « paix froide » ? on ignore même la réalité de sa puissance militaire qui n'est que très imparfaitement décrite par le nombre de ses soldats et le volume de son armement. Même la stabilité du régime chinois est sujette à caution, alors que c'est une donnée essentielle de la stabilité régionale.
L'Asie est le continent dans lequel la guerre froide est par deux fois devenue "chaude" (Corée -5 millions de morts- et Vietnam) et c'est aujourd'hui celui dans lequel les plus grands risques sont présents, moins parce que le risque de conflits y est grand (il est sans doute plus grand en Afrique) mais parce que ces conflits menacent d'être beaucoup plus dévastateurs : le risque le plus grand à l'heure actuelle est sans doute la tension indo-pakistanaise, surtout depuis que ces deux pays sont devenus détenteurs d'armes nucléaires. D'autres Etats, dont la capacité nucléaire est pratiquement établie comme la Corée du Nord, sont rien moins que rassurants. Mais même si la Corée du Nord venait à se réunifier pacifiquement avec la Corée du Sud, c'est alors la relation entre ce pays et le Japon qui poserait problème : le Japon n’a certainement pas envie d’avoir en face de lui une Corée réunifiée et nucléaire en plus. On a ainsi pu affirmer que le passé de l'Europe (1914-1945) était le futur de l'Asie[2]. Dans cette perspective, même ce que certains voient comme des gages de stabilité sont rien moins que rassurants : on fait ainsi valoir la croissance économique de la région et la croissante interdépendance des nations qui la composent, mais cela était également vrai de l'Europe immédiatement avant 1914.
De fait, l'Asie ressemble assez aujourd'hui à ce qu'était l'Europe en 1914 : un continent dont nombre de nations marchent vers la prospérité ou au moins vers le progrès économique, mais où dans le même temps les haines nationalistes sont les plus vives et la coopération entre les Etats la moins développée. L'Asie est encore en transition entre les régimes autoritaires et la démocratie : le libéralisme économique n'avance pas du même pied que le libéralisme politique : c'est sans doute la conclusion la plus claire qu'on puisse tirer du débat sur les "valeurs asiatiques". A la différence de l'Amérique, de l'Europe ou même de l'Afrique, l'Asie n'a jamais été capable de mettre sur pied une organisation de coopération à l'échelle continentale[3]. Plusieurs puissances ambitionnent en outre d'y jouer un rôle dominant ou au moins sont résolues à s'opposer à ce qu'un autre qu'elles-mêmes y joue un tel rôle : Russie, Chine, Japon, sans compter les Etats-Unis eux-mêmes qui sont partie prenante à l'équilibre de cette région. L'instabilité politique interne des Etats est en elle-même un risque, surtout dans la mesure où il s'agit de grands Etats : l'Indonésie et ses 180 millions d'habitants, le Pakistan et ses 140 millions...
Comme l'Europe de 1914, l'Asie d'aujourd'hui est une zone en forte expansion démographique et surtout économique, ce qui ne va pas cependant sans creuser ou inverser des différentiels de puissance, alors qu'il y a 50 ans ces pays étaient tous ou presque uniformément sous-développés. Comme dans l'Europe de 1914, il ne faudrait cependant pas croire que la croissance économique et le développement des échanges soient nécessairement un facteur de paix. Au demeurant, la violence crise de l'été-automne 1997 a montré que cette prospérité reposait sur des bases financières fragiles. Cette crise aura en tous cas démontré l'incapacité des pays de la région a réagir ensemble et à trouver des solutions collectives à un problème commun : l'égoïsme de ce que furent alors les réactions nationales ne peut pas s'expliquer par la seule diversité des situations économiques. Il faut cependant ajouter que la seule tentative de réaction collective, à savoir la création d'un "Fonds asiatique" de stabilisation des changes proposé par le Japon a été torpillée par les Etats-Unis qui y voyaient l'amorce d'une réduction significative de leur influence sur la région, et à moindre degré par l'hostilité de l'Europe : on a finalement recherché une solution par le canal global (et amer) du G8 et de l'intervention du FMI, ce qui a eu pour tous le prix d'une humiliation nationale (particulièrement en Corée du Sud) et pour certains (Indonésie) celui du renversement du gouvernement..
Il y a un paradoxe : la régionalisation économique progresse en Asie, mais cela ne se traduit pas par une régionalisation politique ou un rapprochement politique régional. Le progrès politique est en effet déconnecté dans cette région du progrès économique : les gouvernement asiatiques qui ont promu le libéralisme économique durant les quarante dernières années ont été des gouvernements autoritaires (Deng Xiaoping, Suharto, Mahatir) dont certains, il est vrai, sont devenus tardivement démocratiques (Corée du Sud et Philippines), créant ainsi un nouveau régime économico-politique : le "capitalisme illibéral". La région tout entière présente ainsi la double caractéristique d'être simultanément un marché porteur et une zone internationalement dangereuse. En tous cas, il est clair qu'une politique extérieure vers l'Asie ne peut se contenter d'être une offensive commerciale comme on l'a parfois cru.
De même que l'Europe de 1914 avait ses zones de tension bien identifiées dont on savait qu'un jour la guerre pourrait sortir (on les résumait alors par la flèche de la cathédrale de Strasbourg -question d'Alsace-Lorraine- et les minarets de Sainte-Sophie -sort final de l'empire ottoman) et dont elle est effectivement sortie, on identifie parfaitement en Asie aujourd'hui les foyers de tension. Outre la question du Cachemire[4], le plus remarquable est celui de la péninsule de Corée, lieu d'un archaïsme né de la guerre froide (la division de la péninsule entre un régime stalinien et un régime capitaliste) et d'une surprenante modernité (en 40 ans, la Corée du Sud est passée du niveau de pays en voie de développement à celui de 12ème puissance économique mondiale, supérieure à celle de la Russie et déjà la moitié de celle de Chine, avec une population 25 fois moindre). La Corée est aussi le lieu d'une aporie politique : cette région est à l'intersection des zones d'intérêts de quatre grandes puissances : Etats-Unis, Japon, Chine et Russie, dont aucune n'a intérêt à ce que la péninsule se réunifie : la division vaut aux Etats-Unis leur seule base terrestre en Asie continentale, coupe en deux un pays qui serait un rival économique sans doute animé des plus mauvaises intentions politiques à l'égard du Japon (et dangereux, surtout s'il se réunifiait avec le potentiel nucléaire de la Corée du Nord); pour la Chine, la Corée du Nord est un glacis protecteur, et pour la Russie c'est un moyen de pression sur la région,et en particulier sur le Japon. Paradoxalement même les deux Corées n'ont pas intérêt à la réunification : le Nord serait certain d'être absorbé par le Sud (il suffit de penser à ce qui est arrivé à l'Allemagne de l'Est qui n'était pourtant "que" trois fois moins riche que l'Allemagne de l'ouest : la Corée du Nord, elle, est 20 fois moins riche que la Corée du Sud, et l'écart ne cesse de s'accroître). Quant au Sud, le "rachat" de la Corée du Nord lui coûterait sans doute beaucoup plus que les 120 milliards de dollars de ses réserves de change. Finalement il n'y a que la population coréenne qui souhaite la réunification : au Nord -qui a inventé la République populaire héréditaire par primogéniture- elle n'a pas voix au chapitre, et au Sud la "Sunshine policy" du gouvernement vise surtout a amortir, c'est-à-dire à différer le choc de la réunification qui interviendra lors d'un effondrement qui pourrait être soudain d'un régime où seules l'armée et la police tiennent debout. De ce point de vue on ne peut que s'interroger sur une politique qui, placant la Corée du Nord parmi les pays constituant un "axe du mal"[5], et dont les régimes devraient par conséquent être renversés (notamment par pressions ou sanctions économiques), ou du moins poussés à l'effondrement, risque de provoquer de la part du régime de Pyonyang soit à une action militaire désespérée (y compris nucléaire) soit au contraire à un réel effondrement qui serait tout aussi désastreux et pour la Corée du Sud (économiquement) et pour la Chine (qui ne manquerait pas d'y voir un acte d'hostilité américain) et pour le Japon, et même finalement pour les Etats-Unis eux-mêmes, dont l'objectif proclamé à long terme d'une "péninsule de Corée non-nucléaire, démocratique, réconciliée et finalement réunifiée" paraît bien difficile à atteindre... En attendant la Corée du Sud se retrouve dans l’inconfortable situation d’être constamment soumise au double chantage à la sécurité et de la Corée du Nord (qui la force à lui apporter une aide économique sans contrepartie) et des Etats-Unis (qui exigent des contributions de Séoul à leur politique, ce qui fait de plus en plus regimber l’opinion publique qui a ainsi forcé le gouvernement à renoncer à envoyer en Iraq une partie des troupes que sous la pression américaine il avait consenti à y poster). En fait, la seule politique viable vis-à-vis de la Corée du Nord consiste à l’ »acheter » en lui proposant un paquet d’aide substantielle jusqu’à l’effondrement «en douceur » du régime sur lui-même ou sa transformation progressive (dont on ne voit cependant pas vraiment la possibilité) C’était la vision du président Clinton (mise en place de la KEDO[6]) , c’était aussi celle de celle du président sud-Coréen Roh, mais l’administration de G.W Bush a remis cela en question. La péninsule coréenne est toujours sous l’emprise des « quatre baleines » à savoir par ordre d’influence décroissante : Etats-Unis, Chine, Japon, Russie.
L'Asie est cependant un continent plus complexe et moins unifié que l'était l'Europe en 1914. Il y a peu de choses en commun entre l'Inde et la Chine ou entre le Japon et le Pakistan, les distances, les cultures, tout oppose ou du moins rien ne réunit les différents pays de la région (une région beaucoup plus vaste que l'Europe, même si on la scinde en "sous-continent indien" (Pakistan, Afghanistan, Inde, Birmanie, Indonésie et les Etats instertitiels) d'une part et, "Asie-Pacifique" (un concept récent : tout ce qui se trouve à l'est du Laos jusqu'au Japon) d'autre part. Si on veut vraiment adopter une logique civilisationnelle à la Huntington, on pourrait parler de "monde sinisé" d'une part et de monde "indianisé" de l'autre, mais cela n'est pas bien utile en politique : le couple "Pakistan-Inde" ou le couple "Japon-Chine" ont beau appartenir aux même "sphères", ils n'en sont pas pour autant des pays frères politiquement. On voit mal comment l'Asie pourrait entrer dans une logique d'unification voire de simple réduction des tensions comme l'a fait l'Europe après 1945, car le continent est encore dominé par la toute puissance des Etats-nations (même quand ils ne sont pas véritablement des nations). L'Asie donne l'impression d'être un continent englué dans une transition qui s'éternise : la Corée n'en finit pas de rester divisée, le Japon est un pays politiquement presqu'immobile, la Chine n'en finit pas de devenir une grande puissance.... tout se passe comme si tout le monde avait l'impression que tout changement du paysage ne pourrait se faire que pour aller vers une catastrophe.
Les querelles territoriales sont légion, qui toutes pourraient servir de détonateurs à des explosions ; îles Kouriles, Paracels, Spratleys, Taïwan, différends entre le Cambodge et le Vietnam, affaire du Cachemire etc. On a beau souligner, et avec raison, que dans le monde globalisé d'aujourd'hui la puissance est très largement "déterritorialisée", que la puissance économique et financière ne dépend pas du contrôle d'un vaste territoire, le jeu des nationalismes et les questions stratégiques aigües font que les questions territoriales demeurent très importantes en Asie, surtout dans le contexte d'une absence de coopération ou d'intégration régionale institutionnalisée. C'est donc sur cet aspect de la politique internationale qu'on insistera particulièrement.
Finalement, ce qui inquiète le plus est que toute modification du statu quo, même minime, pourrait avoir des conséquences incalculables : une déclaration d'indépendance de Taiwan pourrait entraîner une guerre avec la Chine dont nul ne peut prévoir les conséquences. L'effondrement de la Corée du Nord pourrait mettre la Corée du Sud en demeure de réunifier le pays à un coût qui selon les estimations se situerait entre 200 et 1700 milliards de dollars, la réunification entrainerait logiquement le départ des Américains, ce qui mettrait la Chine et le Japon face à face avec entre les deux une Corée unifiée disposant d'armes nucléaires et décidée à ne pas retomber dans la zone d'influence d'aucun des deux. Or il s'agit là d'hypothèses parfaitement vraisemblables voire inévitables (comment par exemple concilier la démocratisation croissante de Taiwan avec la négation à son droit à l'autodétermination ?). En outre plusieurs évolutions globales risques de bousculer les fragiles équilibres actuels (par exemple, si les Etats-Unis mettaient au point une défense antimissile efficace, cela pourrait changer totalement la situation stratégique de Taiwan et du Japon; si la Corée du Nord s'enfonce dans la famine elle risque de s'effondrer et de poser le problème de la réunification de la péninsule, qui n'arrange personne; si l'Inde se met à mener une "campagne anti-terroriste" en s'inspirant des politiques du président Bush, elle risque d'entrer rapidement en confrontation armée avec le Pakistan; si le marasme économique s'installe en Asie, les transitions vers des régimes démocratiques responsables et plus pacifiques seront remises en cause).
N.B : il y a peu de choses à dire sur la place de l'Océanie dans la politique internationale. Australie et Nouvelle-Zélande sont pratiquement des non-acteurs de la vie internationale. La politique australienne fut naguère (sous le gouvernement travailliste) assez en pointe dans les domaines multilatéraux (droits de l'homme, défense de l'environnement et autres thèmes sociaux et humanitaires), au point qu'on avait parlé à son sujet de "roaring mouse" (les moyens de l'Australie sur la scène internationale étant des plus limités). Ce zèle multilatéral s'est singulièrement refroidi depuis que l'Australie s'est vu refuser une place de non-permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU dans des conditions humiliantes[7], et qu'elle est prise pour cible par un certain nombre d'agences de l'ONU, par exemple pour sa politique envers les aborigènes ou en matière de droit d'asile (affaire des boat-people de Timor-est), ce qui a profondément irrité un pays qui était dans ces domaines assez donneur de leçons. La politique australienne se développe désormais selon deux lignes : 1) alignement systématique sur la politique de Washington (y compris pour ne pas ratifier le protocole de Kyoto, fut-ce au pris de quelques exercices de contorsionnisme diplomatique) 2) recherche de l'intérêt commercial avant tout (avec prouesses de souplesse dorsale devant un certain nombre de pays asiatique dont elle n’apprécie pourtant pas les régimes internes). C'est à cette seconde ligne que se rattachait la politique d'insertion du pays dans le contexte asiatique du précédent gouvernement australien, qui l'avait mené par exemple à reconnaitre l'annexion de Timor-est par l'Indonésie, sur laquelle il a bien fallu revenir (alignement sur Washington, qui revoyait également sa position à ce sujet). Il y a néanmoins une certaine contradiction entre ces deux lignes car l'alignement sur Washington amène l'Australie a soutenir des positions qui contredisent sa volonté d'insertion en Asie (dernier exemple en date : le soutien australien à la "doctrine Bush" de frappes préventives contre les pays abritant des terroristes a soulevé un tollé anti-australien dans toute la région; la non ratification du protocole de Kyoto a choqué nombre de micro-Etats insulaires que le réchauffement global de la planète menace de disparition pure et simple etc.). La diplomatie australienne, qui pratique donc aussi le « grand écart » est sans doute une des plus souples qui soient au monde, tout en restant une des plus déclamatoires. Les relations entre l'Australie et l'Union Européenne en tant que telles sont soit inexistances (l'Australie peine à reconnaitre l'existence d'une unité européenne au moins économique, alors que l'UE est en fait le premier partenaire commercial et le premier investisseur en Australie) soit mauvaises (la Politique Agricole Commune, dont Canberra ne peut nier l'existence, est un problème pour l'Australie qui anime le "groupe de Cairns", lobby des pays exportateurs de pays agricoles voué à son démantèlement). Dans le dernier "Livre blanc" australien sur la politique extérieure, l'Europe n'est citée qu'une fois. La Nouvelle-Zélande, tout en restant très proche de Washington, conserve davantage ce qui fut la ligne "multilatéraliste" de l'Australie jusqu'en 1996.
II - Le point sur quelques éléments de l'architecture régionale en Asie
Une des grandes incertitudes pour l'avenir de l'Asie (mais pas la seule cf supra partie I) réside dans ce fait qu'il n'y a pas d'architecture régionale qui permette de stabiliser la région. A la différence de ce qui s'est passé en Europe, la guerre froide n'a pas été à l'origine d'un réseau d'institutions (OTAN, UEO, CEE, Conseil de l'Europe, CSCE etc.) qui aurait pu porter une vraie réconciliation ou au moins les bases d'un modus vivendi durable entre les acteurs régionaux. On a donc des institutions sans lien les unes avec les autres, et généralement impuissantes. Il n'y a en outre pas d'organisation continentale à vocation politique comparable à l'OUA, à l'OEA ou à l'UE.
pour mémoire : l'OTASE était une espèce d'OTAN de l'Asie du Sud-Est, forgée dans le cadre de la "pactomanie" de Foster Dulles. Elle a été dissoute après l'échec américain au Vietnam.
ASEAN (Association of South East Asia Nations) a été créée en 1967 dans le contexte de la guerre du Vietnam et a regroupé d'abord 6 pays, essentiellement sur la base de l'anticommunisme (Singapour, Brunei, Philippines, Indonésie, Malaisie, Thailande rejoints depuis par Cambodge, Laos, Myanmar, Vietnam). Après la fin de la guerre du Vietnam, cette organisation s'est réorientée vers le domaine économique. La cohérence de l'ASEAN reposait en fait sur un réseau d'amitiés personnelles entre les dictateurs ou monarques de ces régimes pro-occidentaux, qui étaient en place depuis longtemps, mais depuis la disparition de Marcos (Philippines) de Suharto (Indonésie), l'ASEAN est en perte de vitesse. Elle maintient cependant toujours un semblant de cohésion, mais sans grand dynamisme. En outre le fait que certains des pays membres aient connu une forte croissance économique alors que d'autres végètent a introduit dans ce groupe des failles et des divergences d'intérêt alors que d'un autre côté le ciment anticommuniste n'est plus aussi fort ni aussi nécessaire qu'autrefois.
APEC (Asia Pacific Economic Cooperation) était à l'origine (1989) un groupe informel créé à partir de l'ASEAN, élargi à d'autres pays en vue de créer une coopération économique Asie-Pacifique-Amérique (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, Chine, Japon, Brunei, Chili, Hong Kong, Indonésie, Corée du Sud, Malaisie, Mexique, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pérou, Philippines, Russie, Singapour, Taiwan, Thailande, Vietnam. L'aspect le plus visible de ce groupe est le sommet des décideurs économiques à partir de 1993 (initiative Clinton, dans sa période multilatéraliste). Ces sommets (institutionnalisés depuis 1995) ont mis l'accent sur la coopération dans trois domaines particuliers :
1- libéralisation de l'investissement étranger
2- libre-échange avec l'objectif peu réaliste de créer un marché commun pour 2002 (objectif non atteint)
3- faciliter le travail de la communauté d'affaires (nomenclatures douanières communes etc.)
Désormais toutes les puissances majeures de la région Asie-Pacifique sont représentées, avec pour conséquences que le groupe a perdu son élan initial. Sur la papier, c'est une organisation de première importance : 2,5 milliards de personnes, 47% du commerce extérieur mondial, 18 trillions de dollars de PNB, mais en fait cette organisation n'a guère de cohérence interne et fonctionne plutôt comme une chambre de commerce que comme une organisation internationale. La crise de 1997 a montré l'inanité des efforts effectués jusque là car les différents pays ont abordé leurs difficultés en ordre dispersé. Qui plus est la nouvelle administration américaine est revenue à une vision plus bilatéraliste de ses relations avec l'Asie et ne favorise plus à présent ce genre de regroupement.
APPF : l'Asia Pacific Parliamentary Forum a été constitué en 1992 pour permettre la coopération entre les assemblées nationales de la même manière que l'APEC se situe au niveau des gouvernements de la région Asie-Pacifique. Il s'agit de promouvoir un cadre de discussions et d'échange entre responsables politiques pour éviter les conflits par la non-agression mutuelle et le règlement pacifique des différends, la libéralisation des marchés intérieurs et l'ouverture vers d'autres continents, notammment l'Europe, et développer la connaissance mutuelle des peuples par des programmes d'échanges universitaires.
ASEAN +3 (Japon, Corée du Sud et Chine) est un groupe qui s'est constitué en réaction à la réponse jugée insuffisante et visant exclusivement à mettre en vigueur en Asie les normes du capitalisme américain entérinées par le FMI, pour pallier les conséquences de la crise de 1997. Le Japon aurait en effet souhaité mettre en place un fonds de stabilisation asiatique, une sorte de mécanisme d'entr'aide entre pays asiatiques qui aurait été comme une solution alternative aux potions amères du FMI en cas de problème. Les Etats-Unis s'y sont fortement opposés (cela remettait en cause leur influence sur la région). On ne peut pas savoir jusqu'à quel point ce groupe serait efficace s'il entrait véritablement en action, mais sa seule constitution est déjà un signal politique fort pour le FMI et les Etats-Unis (et relativise la "subordination aux Etats-Unis" dont on fait un peu abusivement l'alpha et l'oméga de la politique extérieure japonaise, même si la récente crise de Corée du Nord met tout spécialement la diplomatie de Tokyo entre les mains de Washington).
ARF (Asian Regional Forum) a été créé pour promouvoir des mesures de confiance entre ses 23 Etats membres, à commencer par les 6 de l'ASEAN (c'est toujours un membre de l'ASEAN qui préside et dans un de ces pays que ce groupe se réunit). Mais c'est un groupe qui se détermine sur la base du consensus. Les Etats-Unis ne trouvent pas que ce groupe soit très efficace et lui reprochent d'être essentiellement sous l'influence de l'ASEAN et de ne pas représenter véritablement les intérêts de la zone. D'autre part c'est un groupe qui est réservé aux Etats ce qui empêche Hong Kong et Taiwan, deux poids lourds économiques, d'en faire partie, alors que leur coopération est indispensable aux problèmes économiques traités par ce groupe. La crise en Indonésie a montré l'inanité relative de cette organisation qui s'est montrée incapable d'y apporter le moindre début de solution. Mais c'est là une constatation un peu commune à l'ensemble des organisations créées dans la région.
ASEM (Sommet Asie Europe) a été créé en 1996, originellement à la demande de pays asiatiques et notamment du Japon qui souhaitaient sortir du tête-à-tête avec les Etats-Unis. Le thème spécial de cette enceinte est la coopération économique, ainsi que la coopération commune avec d'autres continents (en particulier l'Afrique dont l'Europe a une meilleure connaissance et pour laquelle le Japon pourrait amplifier son volume d'aide).
KEDO (Korean Energy Development Organization) a été créée en 1995 à l'initiative des Etats-Unis pour fournir un cadre à l'approvisionnement en énergie dela Corée du Nord et lui retirer le prétexte qu'elle en tirait pour développer un programme nucléaire qu'en échange elle s'était engagée à arrêter. C'est un bon exemple du "mulilatéralisme dégradé" par lequel les USA essaient de contourner l'ONU quand ils estiment que ces organisations risqueraient de ne pas bien servir leurs intérêts. L'idée était de fournir des réacteurs nucléaires contrôlés par l'AIEA à la Corée du Nord, et dans l'intervalle de la construction et de la mise en service de ces réacteurs (2005) de lui fournir du fuel lourd pour centrale électriques. La date a été repoussée à 2007-2008, si même ces réacteurs sont jamais construits, en sorte qu'il y a aujourd'hui un doute sur l'avenir même de cette organisation (l'administration Bush n'est guère enthousiaste, pour dire le moins) qui s’est matérialisé par sa mise en sommeil ou suspension en décembre 2003. Mais si cela ne marche pas, quelle serait l'alternative ? L'UE a rejoint le comité exécutif de KEDO, et peut-être cette institution finira-t-elle par trouver sa voie. En tous cas, un "bon point" par rapport à ce qui se passe dans le reste de la région, est que cette organisation ne cherche pas devenir universelle et conserve sa spécialisation, et partant son efficacité au moins potentielle (car l'universalisation + la règle du consensus mène tout droit à la paralysie).
La capacité nucléaire de la Corée du Nord est source d'interrogations : de nombreux experts internationaux estime qu'elle pourrait fabriquer un ou deux engins nucléaires grâce aux matières fissiles fabriquées en secret dans la centrale de Yongbyon entre 1985 et 1991. La Corée a toujours refusé et refuse toujours de soumettre ses installations au contrôle de l'AIEA, ce qui permettrait de savoir de combien de plutonium elle peut effectivement disposer : cette ambiguité est au coeur de son positionnement stratégique. Lever le voile risquerait de diminuer la force de ce "moyen de pression" grâce auquel la Corée du Nord a déjà réussi à obtenir une importante aide économique et certains ménagements sur le plan politique.
L'avenir de la KEDO a peut-être été scellé par la décision de la Corée du Nord (décembre 2002) d'expulser les inspecteurs de l'AIEA dont la présence était la condition de l'aide occidentale à la Corée. Cette décision nord-coréenne est-elle une conséquence de l'hostilité manifestée par le président Bush qui a placé ce pays dans son "axe du mal", rompant avec une politique de négociation engagée par le président Clinton ? est-elle au contraire la logique d'un régime à peu près complètement autiste tant en interne (il n'a aucun contact autre que policier avec la population) qu'en externe (il vit dans une paranoïa permanente) ? Ces questions devraient être rapidement tranchées dans un sens ou dans l'autre.
Le groupe de Shangai (Chine, Russie, Tadjikistan, Kazakstan, Kirghizstan, et Ouzbékistan depuis 2001) est un groupe qui s'est donné pour but d'éliminer tous les problèmes frontaliers entre la Chine et ses quatre voisins d'Asie centrale. La Mongolie n'en fait pas partie parce que ce pays n'est pas un problème pour la Chine (le point chaud, c'est l'Asie centrale et surtout le Sinkiang chinois où les Ouïghours sont en guérilla contre le gouvernement central, et bien entendu le Tibet). Certains y ont vu une la réponse immédiate à la création par l'OTAN du "partenariat pour la paix" (PfP), mais depuis plusieurs membres des "5 de Shangai" sont devenus membres du PfP. Ce groupe a eu pas mal de succès notamment en ce qui concerne la délimitation des frontières, mais aussi pour l'établissement de "Mesures de Confiance" comme la démilitarisation dans une zone de 100 km à l'intérieur des frontières respectives et la notification des activités militaires dans les zones frontalières. Les 5 de Shangaï ont ensuite élargi leur coopération, par exemple pour combattre le terrorisme, le séparatisme, les trafics d'armes et de drogue qui sont des problèmes partagés par ces différents Etats. La Chine serait intéressée à étendre le champ économique de la coopération, notamment pour la création d'infrastructures économiques et de développement communes (surtout pour le Sinkiang, et surtout dans le domaine de l'extraction et du transport de l'énergie). Les Etats-Unis y voient la tentative de la Chine de créer un réseau de coopérations sectorielles qui serait une alternative au système américain de sécurité fondé sur des alliances bilatérales avec les uns et les autres. La Mongolie et l'Inde font fait savoir leur intérêt de participer à ce groupe et pour le moment leur désir a été pris en compte par la création d'un statut d'observateur qui leur est consenti pour certaines réunions, mais la Chine tient évidemment à conserver sa position centrale au sein du groupe. La question de l'admission du Pakistan est sans doute surbordonnée à la préoccupation que constitue le "fondamentalisme islamique" dont Islamabad est considéré comme un des fourriers, pourtant, ce n'est pas sans inquiétude que la Chine voit les Etats-Unis établir une relation positive avec le Pakistan qu'elle a toujours courtisé comme alliance de revers contre l'Inde. L'Afghanistan des Talibans était un Etat paria, mais la nouvelle donne consécutive au renversement des talibans et à la mise en place d'un gouvernement pro-américain à Kaboul pourrait modifier cet état de choses. Le groupe de Shangaï a été fondé en 1997, mais depuis septembre 2001 il a pris une orientation "anti-islamiste" plus nette, la menace islamiste étant une préoccupation commune à ses différents membres.
Le GOUAM (Géorgie Ouzbékistan, Ukraine, Azerbaidjan et Moldavie) est un regroupement des pays qui ont maille à partir avec la Russie et sont favorables aux projets américains dans la région d’Asie centrale et du moyen-orient, intéressés notamment à l’évacuation des pétroles de la Caspienne et d’Asie centrale par une route qui éviterait et la Russie et l’Iran (transfert par le Caucase puis la Turquie). Ce n’est donc que partiellement un regroupement asiatique (cf la présence de la Moldavie et de l’Ukraine). Il a été fondé en 1997 avec le soutien de l’OSCE pour (en principe) favoriser la coopération économique et militaire entre ses membres, lutter contre le terrorisme et apaiser les conflits locaux. Le GOUAM est vu également de Pékin, comme de Moscou comme un instrument de la politique américaine dans la région (d’où aussi la création du groupe de Shangaï par la Chine : l’Ouzbékistan est membre des deux groupes). Il y a eu des tentatives pour y faire entrer le Kazakhstan, pour l’heure encore trop lié à la Russie (forte diaspora russe). Si le GOUAM continuait à s’étendre il constituerait en fait un « cordon sanitaire » américain entre la Russie et la Chine, et entre la Russie et les pays du type « Iran » et « Afghanistan » où elle a toujours voulu s’étendre (tropisme russe et soviétique vers les mers chaudes). Ce plan d’approvisionnement énergétique « sans la Russie » ferait passer les oléoducs soit par le trajet caucasien (cf supra) soit au travers de l’Afghanistan (en évitant l’Iran).[8]
Conclusion : le multilatéralisme est une nécessité dont les pays de la région ont conscience et que les pays de la région essaient d'explorer, mais il n'a clairement pas le soutien des Etats-Unis qui y voient une concurrence ou une menace à leur influence dans la région. Il y a en effet une tentative asiatique de développer le multilatéralisme économique dans des conditions qui permettraient d'exclure ou au moins de diluer l'omniprésence américaine dans la région comme par exemple la transformation de l'ASEAN en zone de libre-échange "Asians Only" (car si les Etats-Unis en faisaient partie, ce serait introduire le loup dans la bergerie).
Le rapprochement russo-chinois n'est pas vu par les Etats-Unis comme une menace car ils en connaissent trop les limites. Chine et Russie ont fondamentalement plus de points de différends que de points d'accord. Le mieux (ou le pire, d'un point de vue américain) qu'ils puissent faire est de coopérer dans des domaines particuliers comme par exemple contre le projet américain de défense antimissiles ou pour ne pas se gêner mutuellement sur les questions de minorités (échange de silences complices Tchétchénie/Tibet). En fait, la méfiance à l'égard des Etats-Unis est sans doute le principal point de contact entre la Russie et la Chine.
[1] Cf fiches de lecture sur Foreign Affairs aout 2000 : "Japan : a rising sun ?" Japan a setting sun ?" par A. Mulgan et D. Helveg pp 26-52
[2] cf fiche de lecture sur A. Friedberg : "Will Europe's past be Asia's future .in "Survival" vol 42 n°3 automne 2000 pp 147-159
[3] sur ce point cf fiche d lecture sur F. Godement "Une paix asiatique est-elle possible sans architecture régionale ?" Politique étrangère janvier 2001
[4] cf fiche de lecture sur : « le Cachemire, une géopolitique himalayenne » par J-L Racine in Hérodote n)107, 4ème trimestre 2002
[5] Le président Nord-Coréen Kim Jong Il semble avoir voulu donner raison au président Bush en expulsant les inspecteurs de l'AIEA qui devaient garantir que les installations nucléaires de son pays neparticipaient pas à un programme nucléaire militaire. La vérité oblige à dire que c'est les Etats-Unis qui ont les premiers violés l'accord de 1994 en ne transférant pas à la Corée du Nord les compensations (en fioul et autres) qui devaient permettre l'approvisionnement énergétique de la Corée du Nord et lui permettre d'alléger son programme nucléaire. Il ne faut pas non plus oublier que la Chine n'a aucun intérêt à voir s'accroitre le potentiel nucléaire de la Corée du Nord : cela donne un argument aux Etats-Unis pour développer un programme anti-missiles qui, théoriquement dirigé contre les capacités coréennes a pour effet "secondaire" de réduire à néant la dissuasion chinoise.
[6] Korean Peninsula Energy Development Organisation mise en place en 1995 à la suite d’une négociation entre les Etats-Unis et la Corée du Nord (le « cadre agréé »). La KEDO, dont les 4 fondateurs étaient la Corée du Sud, le Japon, les USA et l’UE (plus quelques autres pays), devait construire deux réacteurs nucléaires civils à eau légère soumis à la surveillance de l’Agence Internationale de l’Energie atomique, et les partenaires de la KEDO devraient livrer 500.000 tonnes de fuel par an à la Corée du Nord, moyennant quoi celle-ci arrêtait son programme nucléaire (le fuel était censé compenser la perte d’énergie résultant de l’arrêt de ces r éacteurs). Mais les réacteurs n’ont jamais été construits et la Corée du Nord a refusé de tenir ses engagements. Fin 2002 les livraisons de fuel ont été suspendues et la KEDO tout entière doit être « suspendue » pour un an à compter du 1erdécembre 2003.
[7] Elle vient d’ailleurs (2004) de retirer sa candidature aux prochaines élections des membres non-permanents du Conseil de Sécurité. Son côté « donneur de leçons » en matière de droits de l’homme lui a aliéné toute l’Afrique, et le même penchant, sur les questions d’environnement lui a créé de solides initimitiés en Asie et Amérique Latine, sans compter que son alignement sur les Etats-Unis, qui ferait presque passer le Royaume-Uni pour un pays réticent à l’égard de Washington, lui vaut un certain manque de confiance de la part d’un bon nombre d’autres pays, du tiers-monde ou non.
[8] Pour compléter les données sur le GOUAM, lire l’article de F. Lafargue dans « Libération » du 21 février 2000, repiqué dans la fiche « GUUAM.doc » diffusée avec les fiches de lecture.