on commence à reparler de Russie (ou mieux de fédération russe) après 1991 et l’éclatement de la vieille URSS. Cette définition nous aide à établir les termes chronologique de cette analyse qui sera donc centré sur la période des derniers 15 ans. |
Introduction :
I. Les facteurs de puissance de la Russie aujourd’hui des ressources considérables mais encore mal exploités :
II. Les évolutions de la stratégie de puissance russe de 1991 à 2005: d’un apparent désengagement totale au retour d’un impérialisme géoéconomique ?
i. La phase post-dissolution et la course à la recréation de la puissance économique (« internationalisme » et « américano centrisme » : Kozyrev). Désengagement des enjeux régionales et du jeux internationale.
ii. L’échec et la désillusion, la reprise d’une politique de puissance face au proche étranger dès 1993.
B/ D’Eltsine à Poutine : de l’apparente faillite à une nouvelle stratégie de puissance.
1..Les faillites d’Eltsine et de Primakov (« l’alternative multipolaire ») :
2. La doctrine Poutine (un « gaullisme à la russe»)
Conclusion :
La Russie entre puissance et impuissance
Introduction :
Concernant le terme composant l’intitulé, la puissance ou son contraire, l’impuissance, il est bien plus difficile de définir, aujourd’hui, qu’est-ce que c’est la puissance d’un Etat-nation, comment on la mesure et en quoi elle se manifeste. La définition wébérienne de puissance est connue et je ne vais pas y revenir. Cette définition a traditionnellement été traduite, pour les Etats-nations, dans la notion de puissance militaire (surtout pensons à la doctrine réaliste et aux relations entre USA et URSS pendant la guerre froide). Aujourd’hui il est caractéristique de l’ère post-bipolaire une plus grande incertitude par rapport à la notion de puissance. On introduit notamment les concept de puissance économique, qui vient à concurrencer directement la notion de puissance militaire (le nouveau marqueur de la puissance ne serait plus l’ampleur de l’armé ou le niveau des dépenses militaires mais plutôt le PIB ou le pourcentage de marché couvert par l’Etat en question).Un autre concept récent est celui de « soft power », la puissance drivant de la capacité à influencer (et non plus à contraindre) les autres.
PB. Quels sont-ils les nouveaux indicateurs de la puissance (ou de l’impuissance) de la Russie ? Comment ont-ils évolué au cours des derniers 15 ans ?
Vu de l’occident, la perception dominante est probablement celle d’un échec complet de la Russie de reconstruire autour d’elle, à travers la CEI, un ensemble économique intégré et un ensemble politique puissant. Le cas des dernières élections en Ukraine peut à bien des égards être considéré un symptôme de l’impuissance politique de la Russie par rapport à son « proche étranger » (Blijnee zarubejie), mais aussi les épisodes des terrorisme à l’intérieur même des ses frontières (je me réfère et à l’hécatombe de Beslan, ainsi qu’aux attentats au métropolitain et au théâtre à Moscou ) sembleraient témoigner en faveur de cette vision.
Cependant, il y a d’autres indicateurs à prendre en compte pour évaluer les aléas de la puissance russe dans la dernière décennie. Surtout, il faut bien avoir à l’esprit que dès 1991 la politique russe a traversé des phases différents, marquées or par des échecs complets, mais aussi parfois or par des relatifs succès. C’est pourquoi il est tout à fait légitime de parler d’un Etat oscillant entre puissance (ou plutôt volonté de puissance) et impuissance.
III. Les facteurs de puissance de la Russie aujourd’hui des ressources considérables mais encore mal exploités :
· Position stratégique (seul Etat au monde touchant trois continents, pont des relations Europe-Asie) et plus grand Etat au monde (17 millions de Km²). Facteur de puissance potentiel mais facteur de puissance dans la mesure où les rapports centre-périphérie sont difficiles, beaucoup d’ethnies sont convoités dans un état qu’elles ne sentent pas le leurs –en même temps que beaucoup de rousses vivent hors des frontières. Fédération russe n’est pas naturelle, elle est loin de représenter un Etat homogène.
· Potentiel militaire (ancienne armée rouge), en 1991 encore déployé en grande partie hors des frontières de la fédération. La Russie est la seule puissance atomique de la région. Mais on ne cherche pas à le maintenir et sa puissance potentielle crée méfiance dans les Etats voisins. (Traité de Tachkent, de sécurité collective : mai 1992).
· Présence au G8
· Puissance économique : ressources énergétiques très importantes (gaz, pétrole) ainsi que position stratégique du point de vue économique entre Asie et Europe (relations asiatico européennes très importantes). Cependant la Russie n’arrive pas à exploiter tout son potentiel économique. Jeu du passage des oléoducs/gazoducs pour acheminer les ressources vers l’ouest. PNB encore stable 328 mille milliards des dollars (soit un peu moins de celui des pays bas). Dépendance énergétique des pays riverains avec de la Russie mais besoin de celle-ci de construire d’oléoducs pour vendre ses ressources à l’étranger.
Position stratégique clés pour les relations économiques Euro asiatiques (peu exploité voir le sort de pacte de Pékin).
Présence de la Russie au G8 et contemporaine faiblesse économique.
· Ressources symboliques sont aussi peu exploité. Si c’est vrai que son héritage de puissance hégémonique pendant l’époque soviétique joue plutôt contre elle, aussi le reniement complet de ce rôle dans la période 1991-1993 et par Eltsine à coopérer à affaiblire toute puissance symbolique.
IV. Les évolutions de la stratégie de puissance russe de 1991 à 2005: d’un apparent désengagement totale au retour d’un impérialisme géoéconomique ?
A /La présidence Eltsine
1/la phase post-dissolution et la course à la recréation de la puissance économique (« internationalisme » et « américano centrisme » : Kozyrev). Désengagement des enjeux régionales et du jeux internationale.
Faible intérêt pour le proche étranger dans les années suivant la désintégration : bases faibles pour la CEI (non adhésion initiale de la Géorgie), intégration « à la carte » et priorité à la thérapie du choc économique interne (à la transition vers l’économie de marché, vue comme seule source du maintien de la puissance)à et à l’occidentalisation. Démantèlement de la « zone rouble ». Incapacité à maintenir une espace militaire et stratégique commun : désintégration de l’armée rouge – et création d’un ministère de la défense russe en 1992. IMPUISSANCE : le fait qu’au pouvoir il y ait des occidentalistes en est déjà un symbole..
2/ l’échec et la désillusion, la reprise d’une politique de puissance face au proche étranger dès 1993.
A partir de 1993 chute progressive des ultralibéraux et des occidentalistes, politique plus orienté vers les objectives individués par les centristes de « l’Union civique ». L’action politique extérieure, vers le proche étranger, remonte au premier rang des préoccupations de la Russie (et en parallèle on a les premières déclarations d’Eltsine conte l’unilatéralisme américain et son manque de considération pour la Russie). Utilisation des conflits interethniques ( Nagorno Karabakh, Ossétie du Sud, Transnistrie, Abkhazie) pour gagner en influence (il n’y a pas de remise en cause de frontières, juste un appui déguisée aux mouvements séparatistes qui sert au regain d’influence de la Russie dans la région –soft power ?).
Les militaires dictent la politique russe : volonté de replacer des bases russes dans le proche étranger et réticence à se retirer (ex . des républiques baltes), conflit Eltsine - Duma 1993. Nouvelles adhésions à la CEI (Géorgie et ratification Azerbaïdjan) et signature du traité de Tachkent de sécurité collective. Dislocation de l’armée russe dans des nouvelles bases en Géorgie, reprise de la flotte Ukrainienne, acceptation de la présence russe en Moldavie et participation plus active à la CEI.
1994 : première guerre de Tchétchénie. Montée de forces nationalistes et autoritaires en Russie car risque de perte d’influence dans le proche étranger (trans-Caucase surtout) en faveur des Etats-Unis.
1996 : création de la Communauté de Etats souverains (Russie, Biélorussie –qui devient pratiquement un protectorat russe) et de la Communauté -plus lâche- des Etats intégrés. Sommet de la politique impériale au proche étranger. PUISSANCE = CAPACITE’ DE NUISANCE DE L’ARMEE
B/ D’Eltsine à Poutine : de l’apparente faillite à une nouvelle stratégie de puissance.
1/ Les faillites d’Eltsine et de Primakov (« l’alternative multipolaire ») :
Changement notable de politique depuis la mi-1996 : réélection d’Eltsine mais retour au gouvernement des libéraux, plus favorable à centrer les efforts russes sur l’économie.
· La bataille perdue contre l’élargissement de l’OTAN (1994-1997). (La bataille avait été conduite par des menaces explicites –mais jamais concrétisées- à l’égard des anciennes républiques soviétiques proche de l’Europe).
Elle est adoucie par l’Acte fondateur des relation entre la Russie est l’OTAN (mai 1997).
Cependant, le traité d’amitié Russo-ukrainien de la même année est ressentie à l’intérieur comme une défaite politique –renonce définitive à l’exclusivité de la flotte de la mer Noire).
· Défaite en Tchétchénie (1996, accord de Khassaviuorts : retrait complet des troupes et indépendance de facto de la Tchétchénie) devient le catalyseur de la révision des attentes fondées sur la puissance militaire. La solution est trouvée surtout pour des raisons économiques : nécessité d’utilisation de l’oléoduc passant par la Tchétchénie et portant le pétrole azéri vers la caspienne.
· Formation du GUAM (Géorgie, Ukraine,Azerbaïdjan,Moldavie –puis Ouzbékistan) anti-russe à l’intérieur de la CEI. Symbole de la faillite de la politique militariste tendant à s’appuyer sur les conflits interethniques de ces Etats. Projets alternatives d’oléoducs pour fournir une puissance économique à l’organisation (acheminement du pétrole azéri ver l’Europe de l’ouest sans contrôle russe + projet TRACECA de l’Union européenne pour désenclaver l’Asie centrale et relier la Chine à l’Europe sans passer par la Russie). Abandon du traité de Tachkent par Azerbaïdjan et Géorgie). La Russie ne répond pas aux provocations du GUAM. + Pacte de Shanghai (pays d’Asie centrale et Chine).
· La crise financière de1998, nouveaux coup d’arrêt à l’influence des libéraux.
· La guerre au Kosovo (1999) : opposition de la Russie à l’intervention de l’OTAN. Relations incendiaires avec les USA, faillite de Primakov dans la présentation de la russie comme puissance européenne.
1999 reprise du conflit en Tchétchénie.
(retrait des troupes de Géorgie)
Fin de cette époque : perception d’une chute constante de l’influence russe et à niveau régional et à niveau mondial. IMPUISSANCE.
2/ La doctrine Poutine (un « gaullisme à la russe»)
Pragmatisme politique qui amène à une remontée de l’influence russe dans le proche étranger car la politique régionale est remise au premier rang des préoccupations russes.
· Développement des relations amicales avec le proche étranger (du aussi à l’origine politique de Poutine qui inspire plus de confiance dans bcp d’Etats, voir Ukraine –Koutchma serre se relations avec Moscou coopération énergétique nécessaire –les oléoducs russes passent par l’Ukraine, les investisseurs russes investissent en Ukraine.
-et Moldavie- dernières élections favorables aux philo russes et désengagement du GUUAM.
-Ouzbékistan : la menace du fondamentalisme musulman (Mvt. islamique ouzbek, MOI) rapproche Karimov de la Russie, sortie de l’Etat du GUUAM (2002).
-Azerbaïdjan : conclusion d’accords stratégiques et militaires (coopération contre le terrorisme)
Seul ennemi déclaré : Géorgie, car elle abrite la Gorge du Pankiski, refuge des terroristes Tchétchènes. Imposition d’un régime de visas entre Russie et Géorgie en 2000 , cupure soudaine des approvisionnements de gaz (2001), maintien de 2 bases militaires. Comportement hors de proportion : démonstration de puissance face au GUUAM.
· Signature du TSC, traité de sécurité collective ou de Tachkent. Création de la Communauté des Etats intégrés (SSR) et de la Communauté des Etats souverains. 2001 : intégration tangible : forces d »intervention rapide.
· 2000 : Communauté Economique Eurasiatique (CEE) et création d’une zone de libre échange en 2003. Augmentation sensible des échanges intra régionales.
N.B. De ces communautés ne font partie que certains Etats ! Avancées du multilatéralisme.
Démantèlement progressif du GUAM.
Relations internationales : la stratégie de Poutine vise à la coopération (surtout avec l’Ouest-voir Italie) après les importants échecs du Kosovo et de l’OTAN.
· (2001) Création du groupe de Shanghai entre pays d’Asie centrale, Russie et CHINE.
· Rapprochement avec les Etats-Unis après l’11 septembre. (liaison Tchétchénie – Afghanistan) Lutte commune au terrorisme international et appui des forces américaines en Afghanistan. Fourniture d’armes russes à l’Alliance du Nord et bases militaires américaine en Kirghizie, Ouzbékistan et Tadjikistan.
Mais : les Etats-Unis ne paraissent pas encore considérer la Russie comme un vrai partenaire stratégique : conflit sur la Géorgie (qui a recherché la protection américaine et l’a obtenue en 2002 contre les action russes indiscriminées) et deuxième élargissement de l’Otan le prouvent. En plus, progressif désengagement des USA en Afghanistan en faveur de l’Irak.
Poutine paraît avoir accepté ce rôle de la Russie comme puissance sécondaire et cherche à traire de sa position le maximum des gains possibles.
Conclusion :
En effet, on voit que la Russie a oscillé quelque peu entre des phases alternes.
Dans un premier moment, la conscience des limites et de la fragilité de ce qui pouvait être obtenu par des moyens militaires –sur une base économique presque inexistante- avait amené à une politique extérieure basé sur la réconciliation, le désarmement et la priorité à l’économie(la doctrine Kozyrev).
Puis, on a assisté à une deuxième période –importante- de retour aux vieilles habitudes d’hyper puissance régionale. En ce moment, sur la base d’un effondrement économique claire, la Russie paraît s’être appuyée sur le seul instrument de puissance qui lui restait, ses forces armées pour établir à nouveau son hégémonie sur sa « sphère d’influence ».
Les événements de la dernière présidence Eltsine (et surtout ceux d’entre 1997-2000) ont montré cependant toutes les limites de cette stratégie de puissance, quitte à redresser les efforts russes sur la relance économique et à faire parler d’une substantielle chute progressive de la puissance russe pendant la première décennie de vie de la république b(voir aussi la diminution des échages commerciaux avec les partenaires régionaux).
La doctrine Primakov n’est pas arrivée à faire entrer à plein titre la Russie dans le club des puissances occidentales.
Cette tendance paraît pouvoir s’invertir avec l’élaboration d’encore une novelle stratégie de puissance par le président Poutine. Cependant, les quelques succès obtenus jusqu’ici paraissent encore minés par les derniers événements politiques d’Ukraine ainsi que par le demeurer du conflit en Tchétchénie.
Mais c’est aussi à l’égard du défi économique que le bilan est décevant : une nouvelle classe des propriétaires s’est formée mais elle préfère la prédation et la sortie de ses capitaux à l’investissemnt dans la croissance russe.
Chute de la¨puissance russe, a-t elle vraiment été stoppé par Poutine ?
La Russie devrait intégrer l’OMC en 2005, elle n’y est pas encore présente (contrairement à la Chine).
Positions-clés du gouvernement de la Russie de 1991 à 2005
1991-1993 Président : Eltsine ; Premier ministre : Gaïdar (ultralibéral) + ministre affaires étrangères : Kozyrev et Galina Starovoïtova : conseiller pour les nationalités.
1993-1996 Président : Eltsine ; Premier ministre : Tchernomyrdine. Ministre des affaires étrangères : Kozyrev.
1995 : élections législatives : victoire des communistes.
1996 :Election présidentielle : Eltsine ; Premier ministre :……. Ministre des affaires étrangères : Primakov. Retour au gouvernement des libéraux.
1999 : Premier ministre : Poutine
2000 : Elections présidentielles : Poutine
Elargissements de l’OTAN
- dernier élargissement (mai 2004) : Sept pays – la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. (26 membres au total)
- avant dernier (mars 1999) République tchèque, Hongrie et Pologne. (19 membres au total)
Présidents actuels d’autres républiques ex-soviétiques
Biélorussie : Loukachenko
Ukraine : Iouchenko suit Koutchma (philo-russe)
Ouzbékistan: Karimov
Azerbaîdjan: Aliev
Géorgie: Saakashvili suit Chevardnadze (2004)
Kazakhstan: Nazardaeva