Depuis la captivité de Saddam Hussein, des preuves de normalisation des relations entre les Etats-Unis et la Libye d’un côté, l’Iran de l’autre paraissent marquer des succès pour la politique de « remodelage » chère à l’administration américaine au Moyen-Orient. |
Le Moyen-Orient est une région aux contours imprécis, la définition américaine et anglaise se différencient de la française : qui distingue le Proche Orient regroupant les pays de l’ancien croissant fertile (Syrie, Liban, Palestine, Irak) du Moyen- Orient (Pakistan, Iran, Afghanistan). Pour des raisons de commodités, la définition souvent retenue est : le Moyen-Orient :
- les pays arabes du continent asiatique (l’Arabie Saoudite, le Yemen, l’Oman, les mini Etats du Golfe Persique, l’Irak, la Syrie, le Liban et la Jordanie),
- Israël, les territoires palestiniens (Cisjordanie et Gaza) et
- les trois grands pays, l’Iran, la Turquie et l’Egypte.
- Il faut cependant reconnaître que certains Etats limitrophes comme la Libye, le Soudan, le Pakistan et l’Afghanistan ont de fortes affinités avec cet ensemble à « géographie variable ».
L’intérêt pour la région est ancien. A la suite de l’effondrement de l’Empire Ottoman, les Européens se sont répartis la région et ont exploité ses ressources. La deuxième guerre mondiale, l’affaiblissement de l’Europe et la montée de la puissance américaine changent la donne. Et surtout, par la découverte et l’exploitation du pétrole, le Proche-Orient devient le lieu des convoitises américaines, les américains doivent y faire régner alors l’ordre pour s’assurer la sécurité de leurs approvisionnements.
Mais la région est loin d’être stable. Le conflit entre israéliens et palestiniens domine souvent l’actualité de cette région mais le drame du Moyen-Orient ne se limite pas au seul conflit israélo-arabe. Depuis, plusieurs décennies, cette région est secouée par des guerres, coup d’état et révolutions (Guerre au Liban, guerre Iran Irak, invasion du Koweït par l’Irak...)
Ainsi, en raison de sa position géographique, ses richesses énergétiques, ses dimensions spirituelles et ses turbulences politiques, le Moyen-Orient a une importance cruciale pour l’équilibre stratégique et économique du monde. Ce qui explique la présence et la politique active de la 1ere puissance mondiale dans cette région.
PROBLEMATIQUE
A la suite de la guerre d’Irak et d’Afghanistan, les Etats-Unis sont-ils dans une phase expansionniste ce qui les conduit à mener une politique impériale au Moyen-Orient ou est-ce de leur part une volonté de stabilisation et de démocratisation ?
Qu’est-ce que les Etats-Unis peuvent vraiment faire tout seul dans la région, c’est-à-dire en menant une action de force unilatérale ? Peuvent-ils pas par leur intervention réussir à remodeler la région ou au contraire ajouter au désordre et aux conflits ?
1. La prospérité et la sécurité américaine conditionnent son omniprésence dans le Moyen Orient.
Les E.U. ne peuvent consentir à ce qu’on leur refuse l’accès au pétrole du Golfe ni accepter dans cette région la domination d’un pays ou d’un groupe de pays hostiles à leur prospérité.
a. L’or noir et autres ressources naturelles créent une relation asymétrique.
- L’hégémonie américaine sur le pétrole
Les majors américaines témoignent de l’écrasante puissance américaine. Elles dominent le marché mondial, fixent les règles et les prix du baril de pétrole.
La clé de l’approvisionnement du pétrole se trouve dans le Golfe persique (Koweït, Arabie Saoudite, Barhein, Qatar, Emirats Arabes Unis et Oman) où se concentrent 66% des réserves mondiales prouvées.
- Les Américains sont implantés dans la région depuis 1924-26. Avant la 2e Guerre mondiale les américains découvrent les gisements de pétrole du Koweït et de l’Arabie Saoudite.
Hégémonie qui s’observe par plusieurs crises :
- Pendant la guerre froide, le Proche Orient est une zone sensible.
La Turquie, l’Arabie Saoudite et Israël reçoivent une aide américaine. Le pétrole ne doit pas tomber dans les mains de l’URSS. En 55 est signé le Pacte de Bagdad, équivalent à l’OTAN pour le Proche-Orient.
- La crise en Iran avec Mossadegh met en lumière l’hégémonie américaine au Moyen-Orient. Mossadegh voulait nationaliser les gisements de pétrole. La chute de Mossadegh en 1953 (grâce à l’intervention britannique avec l’aide de la CIA) permet aux américains de placer le shah d’Iran au pouvoir, celui-ci étant totalement pro américain. Ils se sont implantés en Iran, au Yémen, au Koweït et en Arabie Saoudite.
- La crise de Suez marque aussi un tournant mettant définitivement fin à la présence anglaise et française dans la région. Mais cette crise a également marqué la découverte de l’arme pétrolière car le Canal servait aux échanges pétroliers. Or en le nationalisant il risquait de compromettre les intérêts occidentaux. Le pétrole est alors reconnu pour son importante valeur politique.
- Dès son indépendance en 1961, le Koweït a été revendiqué par l’Irak qui le considérait comme une province irakienne et non comme une nation en soi. En envahissant le Koweït le 2 août 90, l’Irak avait pour objectif de s’emparer du pétrole de ce pays, ce qui change dangereusement l’équilibre pétrolier de la région et menace l’approvisionnement pétrolier de la région. Or la région du Golf avait été érigée en zone de sécurité vitale par la doctrine Carter en 1980.
Les Américains organisent une grande opération militaire et une coalition internationale.
Le 28 novembre, la résolution 678 du Conseil de sécurité autorise les Etats-membres qui coopèrent avec le gouvernement du Koweït à user de tous les moyens nécessaires pour mettre fin à l’invasion du Koweït.
Le 17 janvier, les alliés déclenchent l’opération « tempête du désert » pour rétablir l’ordre régional. 400 000 américains ont été envoyé sur place.
DANGER d’où intervention. Sans une intervention, l’Irak serait devenu le leader du Proche Orient, 1er producteur de pétrole, il aurait imposé le prix du baril.
→ Cette opération permet aux occidentaux et surtout aux américains de renforcer la sécurité de leur approvisionnement énergétique, d’étendre leur présence au Moyen-Orient, d’assurer la sécurité d’Israël (des missiles scuds avaient été envoyés sur Israël pendant la guerre et les USA avaient demandé aux israéliens de ne pas répliquer.)
Transition : cette hégémonie n’est pas tjs bien acceptée. On l’a vu par des tentatives de nationalisation (d’ailleurs en 61, l’Irak décide de nationaliser ses puits de pétrole et refuse de reconnaître le Koweït) on va le voir maintenant avec la création d’un cartel de producteurs.
- Une tentative de contestation
L’OPEP est crée en 1960 pour contester la baisse unilatérale du prix du pétrole décidée par les majors. Les pays membres, pays exportateurs de pétrole, décident d’unifier leur politique du pétrole. L’Arabie Saoudite, l’Iran, le Koweït, l’Irak et le Venezuela représentent 40% de la production mondiale. Ils ont pour objectif d’être moins dépendant des majors. D’ailleurs en 61, l’Irak décide de nationaliser ses puits de pétrole et refuse de reconnaître le Koweït.
Création de l’OPAEP en 1968 (org de pays arabes exportateurs de pétrole) qui rassemble les pays dont le pétrole est la principale source de revenu. Cette organisation constitue un moyen de pression sur les majors. Ses membres sont dans une position géostratégique par rapport aux deux blocs.
En 73, le rapport de force a changé, l’OPEP impose son point de vue aux majors et décide d’une augmentation du prix du baril au moment de la guerre de Kippour. C’est le premier choc pétrolier.
En Arabie Saoudite, les revenus pétroliers de 1973 à 1976 passent de 11 à 34 milliards de dollars.
Le 2e choc pétrolier a lieu en 79 lors du début de la guerre Irak/Iran.
→ Les Américains réagissent à cette contestation et ce nouveau rapport de force : en 74 Kissinger sous Nixon, fait créer l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) qui devient l’interlocuteur de l’OPEP.
Mais de toute façon les guerres entre les pays membres affaiblissent l’OPEP et ils décident de ne plus respecter les quotas de production. Le contre-choc pétrolier de 1986 a accentué la fragilité de ces économies. L’OPEP a finalement été démantelée.
TRANSITION→ L’Amérique se doit donc de stabiliser la région pour sécuriser des approvisionnements mais ce n’est pas le seul enjeu. En effet des intérêts divergents s’opposent.
b. La cacophonie des intérêts américains au Moyen Orient
Si le pétrole est un des enjeux crucial de la région, il n’est pas le seul.
Les 2 objectifs principaux ont pendant longtemps été :
- La sécurité et le bien-être d’Israël
- La sécurisation des approvisionnements pétroliers par la stabilité régionale
Or ces deux objectifs sont conciliables qu’au prix d’un grand écart.
Les USA est le premier allié et défenseur d’Israël mais aussi de l’Arabie Saoudite, ennemi déclaré de l’Etat hébreu. L’impératif d’accès aux ressources pétrolières du Golfe pousse Washington à ménager les pays arabes ; la sécurité d’Israël pousse à l’intransigeance à leur égard.
Le cas de l’Iran est révélateur. Depuis la chute du shah d’Iran qui était le principal allié des américains dans la région, et l’installation de la république islamique, l’Iran est sorti du champ stratégique américain. Il fait parti de l’ « axe du Mal » pourtant on discerne un timide rapprochement.
Il est désigné comme un ennemi, il était le 2e grand ennemi aux côtés de l’Irak.
D’ailleurs une des craintes de Bush père était qu’après la 1ere guerre du Golf, un Irak faible entraînerait un Iran gagnant et renforcé (qui s’imposerait comme puissance régionale).
- opposition de l’Iran au processus de paix (ne reconnaît pas l’existence d’Israël ce qui s’est vérifié pendnat le sisme de Bam).
- son soutien maintes fois vérifié au terrorisme international
- et son souhait apparent de développer des armes de destruction massive
→ Les Etats-Unis ont cherché à construire un cordon sanitaire autour de lui par de multiples sanctions et en l’empêchant par un embargo secondaire d’accéder à tt investissement étranger dans le pétrole.
→ Dans le même temps en raison de la pression de la Turquie et des industries pétrolières, l’Amérique ferme les yeux en juillet 1997 sur la construction d’un gazoduc du Turkménistan à la Turquie passant par l’Iran et transportant du gaz turkmène mais aussi iranien.
→ Inapplication de la loi extraterritoriale d’Amato-Kennedy de 1996 qui vise les Européens qui commercent avec l’Iran.
→ Lors du récent tremblement de terre l’Iran a accepté l’aide américaine (et a refusé uniquement l’aide israélienne).
Ce qui est certain, c’est que dans cette région, l’impératif de stabilité entre en contradiction avec les objectifs américains de démocratisation, de promotion des droits de l’homme et de libéralisation des économies, il suffit de voir l’Arabie Saoudite. Bref les différents objectifs régionaux de Washington aussi économiques que politiques, les intérêts bien représentés des compagnies pétrolières et ceux des défenseurs d’Israël entrent en conflit fréquemment les uns avec les autres.
2. Une contestation grandissante de la présence américaine.
1. Le « Grand Satan », l’ennemi désigné.
a. Contestation de la présence « d’infidèles »
Depuis la guerre froide pour contrer la menace soviétique et la 1ere guerre du Golf, la présence militaire de la puissance américaine n’a cessé d’augmenter dans la région.
- Il existe un accord de défense bilatéral entre les Etats-Unis et les pays du Golf sauf avec l’Arabie Saoudite. En effet, l’Arabie Saoudite redoute d’attiser la colère de ses fondamentalistes rebelles à toute présence d’infidèles sur son sol.
- Quant aux bases militaires américaines, elles se situent aussi principalement dans les pays du Golf (Arabie Saoudite comprise cette fois) et en Turquie.
- Des facilités militaires sont accordées aux USA en Jordanie, Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis.
Mais l’ « occupation » des Lieux Saints en Arabie Saoudite (qui abrite la Mecque et Médine) est vue de façon croissante comme un sacrilège justifiant le recours à la violence.
D’où en 1995 et 1996 deux attentats contre les troupes américaines en Arabie Saoudite qui suggèrent que la présence occidentale est toujours plus mal ressentie.
b. L’intégrisme islamique
- Jusqu’en 1979, l’Iran a été le pivot de la politique américaine de sécurité dans le Golfe.
1979 est l’année où tout bascule. Le shah est renversé par la victoire de la révolution islamique en Iran (1979) qui marque l’irruption de l’intégrisme sur la scène politique moyen-orientale.
Les Etats-Unis sont alors désignés comme le grand Satan, les drapeaux du pays de l’oncle Sam sont brûlés : le sentiment anti-américain associé à un discours fondamentaliste islamique atteint des sommets. Ce pays devient alors une menace majeure pour la sécurité de la région. La prise d’otage de l’ambassade américaine de Téhéran qui dure un an (de 1979 à 1980) est une grande humiliation pour l’Amérique.
- L’intégrisme s’observe également dans certains pays de la région (Egypte, Liban, Syrie), où les mouvements fondamentalistes musulmans s’opposent à toute normalisation » de la situation politique. L’Iran ne reconnaît toujours pas l’existence d’Israël.
-La dimension moyen-orientale du terrorisme. Al Quaida est la jonction entre :
- Radicalisme islamique
- Contestation anti-impérialiste exacerbée.
L’islamisme radical au Moyen-Orient est passé à l’islamo-nationalisme et il devient de plus en plus difficile de distinguer entre :
- un antiaméricain laïc de gauche
- un islamiste conservateur
TRANSITION→ Cet intégrisme s’infiltre avec succès en recrutant et prêchant les populations arabes du Moyen-Orient. Ce qui a pour conséquent un infléchissement de l’opinion publique de ces pays que leurs gouvernements ne peuvent plus ne pas prendre en compte. D’où des alliés régionaux de moins en moins fiables et coopératifs.
II. La fiabilité des alliés régionaux remise en cause.
Les pays alliés des E.U dans la région sont les monarchies pétrolières du Golf, Israël, la Turquie, la Jordanie et l’Egypte. Excepté Israël, aucun de ces pays n’est démocratique, ce qui contraint les E.U à coopérer avec un certain nombre d’Etats sur la base de préoccupations communes de sécurité.
Ce qui est nouveau après le 11 Septembre, c’est la crise de confiance entre Washington et ses alliés arabes. Même si on est loin d’un renversement d’alliances, un système d’équilibre vient de disparaître qui consistait à avoir de solides alliés arabes malgré le conflit israélo-palestinien.
d. Le cas de l’Arabie Saoudite.
Les tensions entre Washington et Riad est une des conséquences directes des attentats du WTC.
La politique duale que l’Arabie Saoudite a toujours mené n’est plus possible.
- d’un côté le régime clamait son amitié pour les puissances extérieures dont le soutien est vital pour sa sécurité.
- De l’autre soucieux de conserver son autorité morale de gardien les lieux sacrés, il finance les extrémistes sunnites, autorise les prédicateurs à dénoncer les chrétiens et les juifs comme des « infidèles », des « athées ». Pour preuve, parmi les 19 kamikazes du 11 Septembre plus de la moitié étaient saoudiens.
L’Arabie Saoudite est passé du statut d’allié à celui de « limited partner ». La fragilité structurelle du régime saoudien est désormais intégrée par les américains dans les paramètres de l’équation régionale.
e. La Turquie
Le principal allié est la Turquie. Sa situation contigue à l’Irak, à l’Iran et aux régions agitées du Caucase rend sa coopération indispensable en cas de crise.
Pourtant, la Turquie bien que pro-occidentale doit de plus en plus faire face à l’anti-américanisme de l’opinion publique turque, ce qui se fait ressentir également dans les décisions politiques. En effet, le Parlement turc a voté contre les engagements du gouvernement d’Ankara quant aux facilités militaires promises à l’armée américaine à la veille de l’offensive sur l’Irak.
L’intégrisme islamique touche également la Turquie comme l’on démontré les deux récents attentats antisémites d’ Istanbul contre deux synagogues.
TRANSITION : Cette hostilité grandissante à l’égard des Etats-Unis et ce ressentiment contre l’Occident a triomphé avec les attentats du WTC. Les américains ont été attaqué sur leur propre territoire par des extrémistes terroristes. Dans ce nouveau contexte, une nouvelle stratégie a été formulée. Non seulement les Etats-Unis ont entrepris une guerre contre la terreur mais ils ont également renforcé leur présence dans la région en ayant en tête un remodelage régional.
1. La région nécessite un gendarme crédible
Incontestablement, les Américains se posent la question : les différentes crises (Irak, kurde, Palestine…) peuvent-elles fusionner dans une même logique de déstabilisation des régimes et des sociétés arabes, et d’explosion populaire contre la population américaine qui pourrait entraîner par exemple un choc pétrolier durable ?
a. La médiation américaine dans le conflit israélo-palestinien
Ce conflit perdure car il s’agit d’un conflit hautement émotionnel qui en plus d’être politique est religieux et idéologique. Il s’agit peut-être même d’un conflit sans solution.
Mais les Etats-Unis, avec acharnement et sous des présidences successives, se sont lancés dans le processus de paix entre israéliens et arabes en vue d’une pacification de la région :
Intense activité diplomatique américaine qui a joué le rôle de catalyseur dans presque toutes les avancées du processus de paix.
La médiation américaine a pu fonctionner parce qu’elle a été acceptée progressivement par les deux parties en présence.
avec quelques succès :
Camp David en 1978 qui marque la paix entre Israéliens et Egyptiens grâce à la médiation du Président Carter.
Les accords d’Oslo signés sur la pelouse de la Maison Blanche en sept 1993 sous la présidence de Clinton rendirent espoir. Mais il éludait presque tt les questions essentielles.
Le président syrien Hafez El Assad lui-même a fait appel à l’arbitrage des Etats-Unis pour aboutir à un accord de désengagement sur le plateau du Golan.
beaucoup de tentatives qui ont échouées :
Dont l’Echec de Camp David II en 2000 sous Clinton ; fut la volonté de régler toutes les questions en suspens et a contribué au déclenchement de la 2e Intifada.
Le 11 Septembre a évidemment accordé la priorité à la guerre contre le terrorisme.
Et la feuille de route impulsée par le Quartet mais dont les Etats-Unis ont pris le commandement est actuellement au point mort.
A l’heure d’aujourd’hui les Etats-Unis préconisent : la paix, avec un l’Etat d’Israël en sécurité et un Etat Palestinien démocratique.
“In the Middle East, we will continue to seek peace between a secure Israel and a democratic Palestine.”
On ne peut aborder ce conflit sans parler du lien qui unit Israël et les Etats-Unis :
Le débat récurrent est celui du lien « fraternel » du moins affectif, qui unit Israël aux Etats-Unis.
L’influence du « lobby israélien » n’est certes pas négligeable mais il n’explique pas tout. Plus important encore est la formulation d’intérêts communs entre Israël et Washington. Israël est vu comme l’allié naturel des américains dans la région, Israël seul pays démocratique de la région est en effet l’allié le plus sûr.
Mais l’appui n’a pas toujours été systématique et inconditionnel, et il ne l’est pas non plus aujourd’hui sur des questions comme l’occupation israélienne dans les territoires disputés ou sur la barrière de sécurité.
D’un côté, Israël refuse que Washington lui dicte les termes d’une négociation (cf accord de Wye Plantation en oct 1998), une paix ne pourra pas être imposée.
De l’autre, la survie d’Israël dépend de l’appui diplomatique des Etats-Unis et dans une mesure au moins aussi importante du matériel militaire qu’ils fournissent.
La position américaine ne paraîtra donc jamais tt à fait partiale.
Ce lien entre les deux pays est souvent perçu comme l’équation Etats-Unis/Israël (ou axe américano - sioniste) contre le reste du monde, idée que revendique les chef de fil du Djihad.
Seul les Etats-Unis paraissent à l’heure d’aujourd’hui pouvoir définir un accord avant que leur position et leur crédit ne s’érodent davantage dans les pays islamiques.
Plus qu’un accord global, les Etats-Unis se dirigent vers une solution par pallier. (Plusieurs questions difficiles restent insolubles à l’heure d’aujourd’hui comme :
Le partage des eaux : Au Moyen-Orient, l’eau est une ressource rare, répartie de manière très inégale. L’eau détermine dans une large mesure l’avenir de la paix du Moyen-Orient. Certains vont à dire que la prochaine guerre dans la région concernera l’eau et pas la politique (Boutros Ghali),
Le retour des réfugiés, Le partage de Jérusalem, Les territoires disputés….
La question kurde
Le destin du peuple kurde est l’un des problèmes les plus difficile de la région. Les kurdes sont essentiellement répartis entre la Turquie (10 millions), l’Iran (6 millions) et l’Irak (3 millions).
Le problème kurde menace l’unité de l’Irak et la stabilisation politique de la Turquie.
Juillet 61 marque la 1ere révolte kurde en Irak. Mais elle est vite réprimée.
A la suite de la 1ere guerre du Golf, les kurdes irakiens prennent le ctrl de plusieurs villes dans le Nord. Même si leur soulèvement échoue à renverser Saddam, le Kurdistan irakien échappe désormais au contrôle de Bagdad.
En 1996, des combats ont lieu entre les différentes fractions kurdes dans le Nord de l’Irak. Le mouvement kurde est représenté par le PDK (Parti démocratique du Kurdistan), l’UPK (union patriotique du Kurdistan) et le MIK (mouvement islamique kurde).
Les Américains ont souvent utilisés les kurdes pour servir leurs propres intérêts en faisant des promesses non tenues. A l’heure de la reconstruction de l’Irak, il pourrait en sortir un sort nouveau pour les kurdes tout en ménageant avec précaution la Turquie.
TRANSITION : outre les conflits larvés et sans solution du Moyen-Orient, les Etats-Unis doivent contrer la réelle menace terroriste.
2) Le défi du terrorisme rend caduc la politique d’endiguement et de statut quo, la nouvelle stratégie privilégie donc la préemption, le Moyen Orient étant la 1ere région concernée par cette nouvelle politique.
a. Le Moyen-Orient « n’a plus besoin de stabilité mais de changement » (reste à savoir lequel !), en témoignent la guerre contre le terrorisme et la guerre en Irak.
On ne peut plus se tenir aux recettes de la guerre froide quand les E.U. ignoraient les violations des droits de l’homme et les liens avec les groupes islamistes de leurs alliés dans la région. En échange, ils avaient le pétrole, l’accès à leur base et étaient un contrepoids à l’influence soviétique.
La lutte contre les réseaux terroristes, objectif numéro 1 de l’Amérique depuis les attentats du 11 Septembre, passe pour la Maison Blanche par un remodelage régional, projet international très vaste.
D’où la guerre en Irak. La volonté de régler son compte à l’Irak ne date pas du 11 Septembre mais c’est bien le 11 Septembre qui a révélé les dangers de l’attentisme, a joué le rôle de déclic et a fourni la justification à l’opération.
Si on peut douter sérieusement de la capacité qu’avait Saddam de construire une bombe à court ou moyen long terme, on ne peut en revanche nier que son obsession était de reconstruire un arsenal d’arme de destruction massive et de s’en servir.
Sur le plan régional, le maintien du statut quo entraînait des coûts élevés en termes de pourrissement politique, de souffrances irakiennes, de stationnements de troupes américaines (qui assuraient l’endiguement de Saddam) et donc de terrorisme.
L’administration Bush qui a développé le nouveau concept de guerre préventive (discours septembre 2002) a décidé de ne pas attendre qu’il soit plus près du but pour agir quitte à intervenir dans de mauvaises conditions.
Ainsi, la volonté d’éradiquer la menace avant qu’elle ne se concrétise pousse les Etats-Unis à rechercher les conditions de leur sécurité à l’extérieur de leur frontière et à l’intérieur des frontières des autres. La lutte contre le terrorisme réclame toujours plus d’ingérence dans les domaines de souveraineté des pays tiers (police, renseignements, réseaux financiers…).
L’idée dans le changement de régime est de mettre en place un régime démocratique. L’Irak pourrait prendre la place de l’Arabie Saoudite comme principal allié et source de pétrole de l’Amérique dans la région.
TRANSITION → Pour le moment la guerre en Irak ne s’est pas traduite par un effet domino en propulsant des négociations productives entre Israéliens et Palestiniens ni par une atténuation des risques d’attentats terroristes mais on observe quelques avancées dans le domaine de la non-prolifération.
Des résultats dans la lutte contre la prolifération des ADM, un premier et timide pas vers le remodelage.
Il est impossible désormais pour les E.U. de coexister pacifiquement avec des gouvernements qui cherchent à fabriquer des armes de destruction massive.
L’accès aux armes de destruction massives notamment chimiques et biologiques s’étant démocratisé ; la privatisation des ADM c’est-à-dire leur usage par des groupes non-étatiques renforce la menace.
La diplomatie américaine a marqué quelques points auprès des « Etats voyous » dans le désarmement :
A la suite de 9 mois de négociations secrètes entre le pouvoir de Kadhafi et de hauts fonctionnaires britanniques et américains, la Libye a annoncé lundi 22 décembre, être prête à signer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) après avoir reconnu qu’elle s’était dotée clandestinement d’un programme visant à fabriquer une bombe atomique.
L’Iran qui produit et stocke du gaz moutarde et des agents neurotoxiques ; a également entrepris un gros effort de mise au point d’armes biologique et serait en passe de développer des armes nucléaires. Le sort de l’Irak étant étroitement imbriqué à celui de l’Iran du fait de la majorité chiite dans le Sud irakien, →→ L’Iran a signé le 19 Décembre le protocole additionnel du traité sur la non prolifération nucléaire autorisant des inspections inopinées des installations iraniennes. L’acceptation de l’offre de secours américain lors du tremblement de terre est le 2e geste d’ouverture.
Dans la région, seule la Syrie semble encore se dérober aux volontés de Washington. Elle posséderait selon les observateurs internationaux du gaz moutarde et plusieurs variétés d’agents neurotoxiques, des éléments contenus dans des bombes et des ogives de missiles. Damas s’est en outre doté d’un important programme de recherche biologique pouvant transformés ces agents biologiques en armes en les installant à bord de scud ou de missiles achetés à la Corée du Nord. Et le 14 décembre, George Bush a signé la loi autorisant l’imposition de sanctions américaines à la Syrie pour son appui au terrorisme. D’après cette loi, les Etats-Unis peuvent interdire aux sociétés américaines d’exporter des marchandises vers la Syrie, baisser le niveau de la représentation américaine à Damas et limiter les mouvements des diplomates syriens aux Etats-Unis.
→ Les négociations entreprises entre ces pays et Washington marquent un changement d’orientation ( reconversion ?) dans la région. Mais il faut rester prudent, il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un remodelage.
Conclusion
Dans cette région, les Etats-Unis ont alterné la surveillance, la prévention, la conciliation, la pression diplomatique, l’intimidation militaire mais tout a échoué pour installer une paix durable pour le moment. Il est encore trop tôt pour prévoir l’intensité des changements dans la région qui ont résulté de la chute de Saddam Hussein. Et les Etats-Unis, avec leur intervention en Irak, promettent peut-être plus qu’ils ne peuvent donner (démocratisation de l’Irak et ensuite de la région). Mais il semble que la force utilisée en Irak a laissé la place à la diplomatie à l’encontre des autres Etats voyous de la région (Iran, Syrie..).
Quant à la réconciliation arabo-israélienne, prochain grand dossier dans la perspective du remodelage, n’a pas semblé bénéficié pour le moment de la guerre d’Irak. Malgré les multiples obstacles auxquels se heurtent la réconciliation, les américains, continuent à envisager la création d’un marché commun permettant la libre circulation des hommes, des biens et des capitaux. Mais la solution doit arriver le plus vite possible, car de plus en plus, ce qui comptera pour Washington c’est la Chine et non le Moyen-Orient.