sabaidee a écrit:C'est vrai que la conclusion de banker était... euh... merdique.
J'ai tenté de faire une sorte de parallélisme inversé... mais, vu les réactions, il faut croire que je suis plus à l'aise avec les chiffres qu'avec les mots!
Mais il n'a pas non plus complètement tort: cette crise a largement trouvé son bouc émissaire, le trader, ce qui - allié à un vieux fond catholique anti-spéculation et anti-usurier - est somme toute bien commode.
Bernanke, de par la politique monétaire laxiste qu'il a mené à partir de 2001 est aussi co-responsable; même si cette politique monétaire nous a aussi alors évité de vivre une récession.
Les brokers et les banques ont évidemment fait preuve d'avidité et ont bêtement cru que les marchés continueraient à croître.
Exactement. Évidement je voulais parler (et j'imagine que toi aussi) d'Alan Greenspan et non de Bernanke. Greenspan a d'ailleurs reconnu sa responsabilité dans la crise.
Elessar a écrit:Bah des doctorants qui se sont fait chier autant que toi pendant leurs études et qui gagnent 15 fois moins que toi, ça se trouve aussi. Mais ça je m'en cogne un peu, que tu gagnes un salarire de taré ne me pose pas de souci (même ton PDG qu'il gagne des millions tant mieux pour lui en soi) . Ce qui me pose souci c'est que d'autres qui bossent à la BNP triment en fin de moi car leurs salaires sont trop bas. Question basique de répartition de l'argent. Donc oui une réduction de 10% du salaire des traders pour les répartir sur d'autres salariés serait plus utile économiquement.
Sans vouloir paraître prétentieux, il faut tout de même reconnaître que la plupart des doctorants français sont des brêles (je parle ici des doctorants en science, seul domaine que je connais). Les meilleurs d'entre eux partent faire leur thèse (ou bosser) aux USA et ne touchent donc pas un salaire de misère. J'ai un pote de promo qui, après son école d'ingé, a fait une thèse française en "modélisation neuropsychologique" en 2 ans (il a donc fini un an avant le terme normal) et s'est fait embauché par une boîte US qui lui paie en fixe quasiment le même salaire que le mien.
D'ailleurs, à titre informatif (c'est l'unique raison de ma venue sur ce forum), mes salaires annuels 2007 et 2008:
2007: 42K€ de fixe + variable de 110K (je n'ai pas réussi à négocier de signing bonus)
2008: 50K€ de fixe + variable de 40K (mes résultats étaient meilleurs qu'en 2007, mais la crise est passée par là)
2009: à voir. Mais si le variable est aussi ridicule qu'en 2008, on sera nombreux à se barrer. Ça peut sembler stupide, mais c'est le jeu! Ce qu'il faut comprendre, c'est que comme dans tous les métiers du Front Office (c'est à dire en relation directe avec le client), on est payé PAR RAPPORT A CE QUE L'ON RAPPORTE. Comme pour une star de foot ou un artiste (toute proportion gardée).
Et puis n'oubliez pas que les impôts passent par là et récupèrent une bonne partie du salaire. Soyons clair: chose que j'approuve (mais ce n'est pas la rèle générale dans le métier)
Gambetta a écrit:D'une part, sous prétexte de couverture, on sait bien qu'aujourd'hui le véritable objectif de ces marchés dérivés est la spéculation. Il y a bien une partie couverture des risques, mais j'aimerais bien en connaitre la hauteur, par rapport à la part spéculative (chose à peu près impossible).
Comment peux-tu dire que l'objectif des marchés dérivés est la spéculation alors que les chiffres qui circulent le plus, en termes de montant, sont: 85% de couverture et 15% de spéculation. Les produits dérivés (vanilles ou plus complexes) sont à la base DES PRODUITS DE COUVERTURE. Bien sûr certains les détournent de leur usage initial et font de la spéculation. Chose que je désapprouve. Mais il NE FAUT PAS METTRE TOUS LES TRADERS DANS LE MEME SAC. Comme dans chaque catégorie de métier, il y a des moutons noirs. Le hic étant que les actions des moutons noirs chez nous ont des conséquences déplorables.
D'autre part, ce que tu fais, c'est la principale cause des émeutes de la faim en 2008. La principale voire l'unique cause (les biocarburants ont contribué à 5 % pas plus des hausses des prix des matières premières.
Once again: je ne fais que de la couverture et non pas de la spéculation. Cf. mon message précédent.
Sans nos techniques de couvertures, beaucoup d'acteurs ne pourraient excercer leur métier. Il faut bien comprendre le rôle des marchés financiers: informer sur le prix (via rencontre offre - demande) + permettre financement - investissement (rencontre en qqun qui a besoin d'argent et qqun qui veut financer une opération). Puis il y a les marchés dérivés, marchés de l'assurance financière, où j'interviens. Par exemple, dans mon job, je 'price' des contrats "futures", "forwards". Ce qui permet au client de fixer aujourd'hui les conditions d'une transaction (prix, date, quantité...) qui aura lieu dans le futur.
Emmanuel Goldstein a écrit:La "responsabilité systémique", c'est un peu la même chose que quand les angélistes en matière de sécurité disculpent de toute responsabilité les racailles au prétexte de leur moindre condition sociale.
C'est un habillement permettant à se décharger de ses responsabilités. La dilution des responsabilités totale par laquelle on a renfloué les banques avec l'argent du contribuable, l'argent de la solidarité nationale, l'argent public pour renflouer des banques qui n'en ont ni besoin, et devraient aujourd'hui rembourser l'argent perçu.
Tu es à coté de la plaque. Je t'invite à ouvrir un cours de finance pour te familiariser avec les notions de risques systémique et spécifique.
Donc quand vous venez défendre votre profession, vous ne faites qu'oeuvre de lobbying corporatiste, au même titre que les instituteurs et autres professions que vous méprisez joyeusement. Sous prétexte de business vous avez volé les contribuables. Et ce ne sont pas les traders sponsorisés par la BNP ou W&L venant sur ce forum qui nous auront convaincu du contraire.
Non je ne suis pas quelqu'un de corporatiste. Mais j'essaie simplement d'expliquer mon métier ou, du moins, d'être transparent. Si j'ai réussi à faire changer d'avis 2 ou 3 personnes, ça me suffira amplement.
Elessar a écrit:Ce qui ne répond en rien à la question que Gambetta a magnifiquement reformulé : au nom de quoi 20% de ce que les contribuables vont ont donné (ou prété, dans le cas présent ça revient au même) devrait partir dans vos poches ? Parce que sinon vous allez vous barrer à Dubai c'est ça ?
C'est malheureusement l'idée. Ma préférence serait de bosser chez GS!