Législatives : les 25 points chauds à surveiller
Ministres à l'épreuve des urnes, tauliers en difficulté, nouveaux venus en politique... Voici la liste - non exhaustive - des circonscriptions à surveiller.
Les points chauds à Paris
Jean-Christophe Cambadélis face à Mounir Mahjoubi
Attaquer sans attendre Camba... C'était l'un des signaux forts envoyés par Emmanuel Macron lorsqu'il annonça ses 14 premiers candidats le 7 avril dernier. Mounir Mahjoubi, président du Conseil national du numérique pendant un an, devenu conseiller numérique de Macron pendant la campagne, a été investi dans la 16e circonscription de Paris, territoire du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. Alors que le Parti socialiste est plus que jamais à l'agonie, ce jeune entrepreneur de 33 ans, désormais habitué aux plateaux télévisés, pourrait bien priver le taulier de Solférino d'un cinquième mandat consécutif.
Jean-François Lamour contre Hugues Renson
Duel de chiraquiens dans la 13e circonscription de Paris. Conseiller de l'ancien président de la République, Hugues Renson a été, à 39 ans, investi par La République en marche ! face à l'ancien ministre des Sports Jean-François Lamour. Député sortant, Lamour règne depuis dix ans sur le bastion filloniste qu'est le 15e arrondissement, mais a du souci à se faire face : la circonscription a placé Emmanuel Macron en tête lors du premier tour de la présidentielle.
Marielle de Sarnez en position favorable
Eurodéputée depuis 1999, la nouvelle ministre des Affaires européennes est proche de décrocher son premier siège au Palais-Bourbon. Cette proche de François Bayrou est investie dans la 11e circonscription de Paris, où Emmanuel Macron est arrivé très largement en tête du premier tour avec 38,8 % des voix. Son principal adversaire est le député socialiste sortant Pascal Cherki, très proche de Benoît Hamon et ultra-actif dans la campagne présidentielle de ce dernier. De son côté, le parti Les Républicains a investi l'avocat Francis Szpiner.
Cécile Duflot : 2017 ne sera pas 2012
Il y a cinq ans, l'ancienne ministre du Logement avait décroché son siège de députée sans grande difficulté, dans cette 6e circonscription de Paris extrêmement favorable à la gauche et aux écologistes. Duflot a bénéficié cette année encore d'un accord avec le PS, signé durant la campagne présidentielle, qui devait l'affranchir d'un concurrent socialiste. Mais elle devra composer avec une candidate rose dissidente, Nawel Oumer, qui a la préférence d'Anne Hidalgo. Surtout, Duflot est également opposée à l'insoumise Danièle Simmonet, proche de Jean-Luc Mélenchon, arrivé en tête de la circo au premier tour de la présidentielle. Dans ce territoire où elle devra faire face à pléthore de candidats – 25 exactement – Cécile Duflot n'est pas du tout certaine d'être réélue. « J'ai bien conscience d'être la proie », soufflait-elle à l'Obs fin avril.
Nathalie Kosciusko-Morizet, victime de l'explosion de la droite
La chef de la droite au Conseil de Paris est loin d'être assurée de gagner cette 2e circonscription que lui a laissée l'actuel député, François Fillon. NKM, investie par LR-UDI, doit faire face à une ribambelle de candidatures divers-droite : le maire du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq s'est notamment lancé dans la bataille, tout comme Henri Guaino, horripilé par la position « Macron-compatible » de l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. Cette déchirure à droite pourrait profiter au candidat de La République en marche ! Gilles Le Gendre.
Benjamin Griveaux, le premier test
Porte-parole du mouvement En marche ! durant la présidentielle, Benjamin Griveaux est candidat à la députation pour la première fois. La 5e circonscription de Paris lui est globalement favorable puisqu'Emmanuel Macron a été largement plébiscité au premier tour de la présidentielle avec près de 40 % des voix. Il aura néanmoins face à lui deux figures connues : la députée sortante Seybah Dagoma – qui a présidé le groupe socialiste à l'Assemblée par intérim entre Bruno Le Roux et Olivier Faure –, ainsi que le porte-parole d'Europe Écologie-Les Verts Julien Bayou.
18e : la bataille des macronistes
La 18e circonscription de Paris est, avec la 6e, la plus convoitée de métropole : pas moins de 26 candidats sont en compétition dans ce territoire. Parmi eux, l'ex-ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui se présente pour la première fois aux législatives en tant que titulaire (elle était la suppléante du socialiste Christophe Caresche en 2012 dans la même circonscription). Investie par le Parti socialiste, elle affiche clairement son intention de rejoindre la majorité présidentielle en écrivant sur ses affiches de campagne « Avec Emmanuel Macron, pour une majorité de progrès ». Seulement, un autre candidat se réclame de la « majorité présidentielle » : le juppéiste Pierre-Yves Bournazel, pourtant investi par Les Républicains. Une situation qui troublera probablement les électeurs du nord de Paris. Ils seront tous les deux challengés par l'écologiste médiatisée Caroline De Haas, connue pour son militantisme féministe et soutenue officiellement par Benoît Hamon.
Les points chauds en Île-de-France
Razzy Hammadi face à Alexis Corbière
Deux porte-parole face à face. Deux langues bien pendues. Dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, le député socialiste sortant Razzy Hammadi (porte-parole du PS) fera face au bouillonnant Alexis Corbière (porte-parole de Jean-Luc Mélenchon). Les hostilités ont d'ores et déjà commencé sur les réseaux sociaux, façon western. « J'annonce au député sortant, fais tes bagages, on arrive », aurait déclaré Alexis Corbière. Sur Twitter, Hammadi réplique : « Qui parle ? Alexis Corbière ? À Bagnolet comme à Montreuil, on connaît pas. » Ce à quoi Corbière répond : « On va vérifier le 11 juin... dans les urnes. » Cette ville est trop petite pour nous deux, cowboy...
Manuel Valls, une campagne compliquée
Pourtant protégé par le Parti socialiste et la République en marche !, qui ne lui ont pas opposé d'adversaires, l'ex-Premier ministre est en difficulté dans la 1re circonscription de l'Essonne où il est le député sortant. Il doit affronter 21 concurrents, dont certains très médiatisés, comme l'humoriste sulfureux Dieudonné ou le chanteur Francis Lalanne qui se présente comme suppléant. Surtout, il est talonné dans les sondages de premier tour par la candidate de La France insoumise Farida Amrnani, et au coude-à-coude avec celle-ci au second tour. Un sondage Ifop Fiducial prédit un duel au couteau entre l'ancien Premier ministre (crédité de 30 % au premier tour) et la représentante de La France insoumise (26 %), ils sont tous les deux crédités de 50 % au deuxième tour.
Benoît Hamon, une déconvenue de plus ?
Après sa désillusion à l'élection présidentielle – 6,36 % des voix – Benoît Hamon s'avance vers une élection à haut risque dans la 11e circonscription des Yvelines. Emmanuel Macron (26,59 %), Jean-Luc Mélenchon (21,74 %) et François Fillon (19,98 %) sont arrivés en tête lors du premier tour de l'élection présidentielle, alors que lui n'a recueilli que 12,8 % des voix. Face à ses concurrents – notamment le LR Jean-Michel Fourgous à qui il avait ravi la circo en 2012 –, Hamon pourra compter sur son aura désormais nationale, mais le socialiste s'échine depuis sa défaite historique à faire campagne, sans bruit, sur le terrain. Une chose est certaine : une défaite aux législatives le fragiliserait dans son désir de reconstruire la gauche, lui qui lancera le 1er juillet prochain un nouveau mouvement politique.
Dupont-Aignan, sorti de son fauteuil ?
Il est le taulier indétrônable du territoire. Député de la 8e circonscription de l'Essonne depuis 1997, Nicolas Dupont-Aignan a été élu en 2012 avec 69,9 % des voix. À Yerres, aux municipales de 2014, il a gagné dès le premier tour avec 77 % des suffrages. Pourtant, jamais le président de Débout la France n'avait paru aussi fragilisé que cette année, car une partie de se sympathisants ont été troublés par son alliance avec Marine Le Pen après le premier tour de l'élection présidentielle. En face de lui, le candidat de La République en marche ! Antoine Pavamani pourrait profiter de l'élan créé par Emmanuel Macron en avril dernier (23,89 % des voix au premier tour) et détrôner le baron NDA.
Cédric Villani, l'inconnu de l'équation essonnienne
Le brillant mathématicien, lauréat de la médaille Fields en 2010, a été investi par La République en marche ! dans la 5e circonscription de l'Essonne, qui comprend notamment le futur pôle scientifique et technologique Paris-Saclay. Il s'agit de sa première expérience politique à proprement parler, dans un territoire qui lui est favorable, 34,3 % des voix pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle. Avec cette force politique qui le pousse et sa notoriété, l'homme à l'araignée pourrait battre la députée socialiste sortante Maud Olivier.
Aurore Bergé face à Jean-Frédéric Poisson
Soutien d'Alain Juppé pendant la campagne de la primaire de la droite, Aurore Bergé a fait le choix de rejoindre l'écurie d'En marche ! après la victoire de François Fillon. La jeune femme de 31 ans a été récompensée ce jeudi en étant investie dans la 10e circonscription des Yvelines, où elle fera face à Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et député sortant. Les débats entre ces deux candidats extrêmement éloignés sur les questions de société promettent d'être électriques.
Jean-Michel Fauvergue face à Eduardo Rihan-Cypel
Il est l'une des têtes d'affiche des « candidats de la société civile » de La République en marche ! : l'ex-patron du Raid Jean-Michel Fauvergue a été parmi les 14 premières personnalités à être investies par Emmanuel Macron. Il fera face, dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne, au député socialiste sortant Eduardo Rihan-Cypel, qui s'est particulièrement intéressé aux questions de renseignements.
Les points chauds dans le reste de la France
Jean-Luc Mélenchon à la conquête de Marseille
Violent duel à suivre dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône. Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 19 % à l'élection présidentielle, a décidé de se présenter dans le territoire du taulier socialiste Patrick Mennucci. Un choix stratégique puisque le leader de La France insoumise était arrivé largement en tête dans cette circonscription lors du premier tour de la présidentielle avec 39,09 % des voix. Contrairement à 2012 où il avait été directement défier Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, un territoire où le vote FN est important, Jean-Luc Mélenchon souhaite cette fois assurer son élection plutôt que de mettre en avant son combat contre le Front national. Les premiers sondages semblent lui donner raison : il est actuellement en tête dans toutes les enquêtes avec environ 35 % des intentions de votes, devant la candidate REM Corinne Versini (environ 24 %). Patrick Mennucci, lui, est très loin avec seulement 13 %. Jean-Luc Mélenchon gagnerait d'une courte tête en cas de second tour (53/47) contre Corinne Versini.
Marine Le Pen, une circo taillée pour elle
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale ? Cela n'a jamais été aussi probable. La présidente du Front est dans une situation extrêmement favorable dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où elle a recueilli 41,17 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle et 58,17 % au second. De plus, la gauche est divisée dans ce territoire, où le candidat de La France insoumise doit notamment faire face à un représentant du Parti communiste. Marine Le Pen espère bien remporter la mise pour prendre la tête d'un éventuel groupe FN au Palais-Bourbon et faire de son parti une force d'opposition importante à Emmanuel Macron. Après deux tentatives en 2007 et 2012, « cette fois-ci, c'est la bonne », souffle la présidente du Front national.
Najat Vallaud-Belkacem en difficulté face à Bruno Bonnell
La désormais ex-ministre de l'Éducation devra affronter dans la 6e circonscription du Rhône l'entrepreneur Bruno Bonnell, fondateur notamment de l'éditeur de jeux vidéo Infogrames, investi ce jeudi par La République en marche !. Najat Vallaud-Belkacem, qui avait retiré sa candidature à Lyon il y a cinq ans pour ne pas risquer de perdre son poste au gouvernement, aura fort à faire pour entrer à l'Assemblée nationale : Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour dans cette circonscription (27,73 %), juste devant Jean-Luc Mélenchon (26,48 %). Autant dire que le Parti socialiste n'a pas cote du côté de Villeurbanne. Son nom et son bilan durant le quinquennat qui se termine suffiront-ils ? Non, selon l'Ifop qui attribue 19 % à l'ancienne ministre et 30 % à Bruno Bonnell.
Ruffin et de Lapersonne challengent Boistard
Le journaliste François Ruffin, césarisé pour son documentaire Merci patron et dont la défense des salariés de Whirlpool a été très médiatisée, a été investi par La France insoumise dans 1re circonscription de la Somme. Il aura face à lui la députée socialiste sortante Pascale Boistard, qui vient de quitter son ministère des Droits des femmes. L'un comme l'autre n'auront pas la tâche facile puisqu'ils seront également opposés au comédien Franck de Lapersonne, investi par le Front national qui est arrivé en tête dans cette circonscription lors du premier tour de la présidentielle avec 28,8 % des voix.
Richard Ferrand devrait s'en sortir
Le ministre de la Cohésion des territoires devrait être réélu sans trop de difficultés dans la 6e circonscription du Finistère. Victorieux en 2012 avec 58,36 % des voix sous l'étiquette PS, Ferrand pourra compter sur une population plutôt acquise à la cause d'Emmanuel Macron, l'ayant placé en tête du premier tour de la présidentielle (27,86 %). Les questions qui se posent désormais : quel sera l'impact des révélations du Canard enchaîné sur son élection ? Sera-t-il encore ministre le jour du scrutin ?
Bruno Le Maire : rassuré par un sondage
Dans la 1re circonscription de l'Eure – dont il est le député depuis 2007 –, le tout nouveau ministre de l'Économie n'aura pas la tâche facile. Déchu de son investiture par Les Républicains et l'UDI après son entrée au gouvernement, Le Maire aura en face de lui la LR Coumba Dioukhané, adjointe au maire d'Évreux. Il devra également faire face à un Front national très fort – Marine Le Pen a récolté 29,22 % des voix au premier tour de la présidentielle – représenté par Fabienne Delacour. Un sondage Ifop-Fiducial donne un large avantage à l'actuel ministre de l'Économie qui obtiendrait 48 % de voix au premier tour devant la représentante de l'extrême droite créditée de 20 %. Au second tour, Le Maire raflerait 76 % des suffrages.
Marisol Touraine : changement d'étiquette gagnant ?
Pourtant investie par le Parti socialiste, l'ex-ministre de la Santé se réclame sur ses affiches de « la majorité présidentielle avec Emmanuel Macron » et a gommé toute référence au parti à la rose. De son côté, la République en marche ! n'a investi aucun candidat contre elle. La situation est donc plutôt favorable pour Marisol Touraine : Emmanuel Macron a réalisé dans cette circonscription le meilleur résultat à la présidentielle (24,61 %) et la droite est divisée entre la candidate LR Sophie Auconie et le dissident Marc Angenault, maire LR de Loches.
Stéphane Le Foll gardera-t-il son siège ?
Hollandiste du premier cercle, attaché au Parti socialiste qui l'a investi et dont il se réclame sans détour, Stéphane Le Foll est loin d'être certain de garder son siège de député dans la 4e circonscription de la Sarthe. Dans ce territoire où François Fillon est arrivé très largement en tête (31,43 % des voix !), il est sérieusement concurrencé par le maire LR de Sablé-sur-Sarthe Marc Joulaud. Heureusement pour l'ex-ministre de l'Agriculture, la République en marche ! n'a investi aucun candidat pour lui laisser le champ libre. Mais cela suffira-t-il ?
Christophe Castaner dans l'inconnu
Le secrétaire d'État chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement sera-t-il contraint de sortir de l'équipe gouvernementale ? La question se pose sérieusement, car sa réélection dans la volatile 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence est loin d'être acquise. Emmanuel Macron n'est arrivé que troisième au premier tour de l'élection présidentielle, devancé par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Castaner peut cependant compter sur son ancrage local – il est député sortant et maire de Forcalquier – et n'aura pas à souffrir de la présence d'un candidat PS.
Gilbert Collard contre Marie Sara
L'avocat contre la torera. Investie par La République en marche !, Marie Sara défiera Gilbert Collard, soutenu par le Front national, dans la 2e circonscription du Gard. « Le président de la République m'a sollicitée, il m'a demandé d'aller défendre ses valeurs dans mon territoire, mes terres de Petite Camargue pour combattre le FN et l'obscurantisme », a-t-elle indiqué à l'Agence France-Presse. La tâche s'annonce cependant compliquée pour Marie Sara : Marine Le Pen a récolté 33,54 % des voix lors du premier tour de la présidentielle dans ce territoire, contre seulement 17,46 % pour Emmanuel Macron.
Florian Philippot, la revanche ?
Le numéro 2 du FN revient sur les terres de sa défaite en 2012, dans la 6e circonscription de Moselle. Cette fois-ci, les choses semblent mieux engagées : le territoire a massivement voté pour Marine Le Pen lors du premier tour de la présidentielle, lui donnant 33,68 % des voix et la plaçant loin devant Jean-Luc Mélenchon, second avec 19,91 %. De plus, le candidat de La France insoumise doit faire face à un candidat communiste, tandis que le candidat officiel de La République en marche ! est également challengé par un ex-PS se réclamant de la majorité présidentielle. En cas de triangulaire, Florian Philippot pourrait tirer son épingle du jeu.