Edouard Philippe, un député à l'assiduité toute relative
Pendant ses cinq années comme député, le nouveau Premier ministre n'a rédigé aucun rapport ou proposition de loi.
Le nouveau Premier ministre semble avoir parcouru le quinquennat de François Hollande davantage à l'hôtel de ville du Havre que depuis son siège de l'Assemblée nationale.
A défaut d'être officiellement En marche ! depuis sa nomination lundi comme Premier ministre d'Emmanuel Macron, Edouard Philippe aura traversé son mandat de député à la marge. Depuis 2012, l'élu LR de la 7e circonscription de Seine-Maritime n'aura en effet pas brillé par son assiduité dans les couloirs et les salles du Palais Bourbon.
Grâce au remarquable travail des équipes de Regards citoyens, on note que le maire du Havre s'est fait discret dans l'hémicycle, et davantage encore au sein de la commission des lois dont il était membre.
Pour son premier mandat, le Rouennais de 46 ans a signé la fiche de présence 113 semaines en cumulé, soit deux ans et deux mois, la moitié de la durée de cette mission élective. C'est un mois de moins que la moyenne des membres de la chambre basse, et un trimestre de moins que le groupe majoritaire (Groupe socialiste, écologiste et républicain). En cinq ans, son nombre d'interventions de plus de vingt mots dans l'hémicycle plafonne à vingt-sept, quand un député de son camp en recense en moyenne plus de 385.
Celui qui cumulait les casquettes de maire, de président de la Communauté de l'agglomération havraise, de parlementaire - et de porte-parole d'Alain Juppé en 2016 dans la course à la primaire - n'a également rédigé ni rapport, ni proposition de loi. Lors de ses douze derniers mois de mandat, Edouard Philippe figure, dans quasiment tous les domaines, parmi les 150 députés les moins actifs.
Bref, on est loin des statisiques du meilleur élève, André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme. A lui seul, l’élu auvergnat compile 260 présences en commission, 1 600 amendements et 11 rapports.
Plusieurs votes à contre-courant de son camp
La plus emblématique de ses positions durant ces cinq ans restera sans conteste son abstention face au projet d'ouverture du mariage aux personnes de même sexe à l'Assemblée nationale le 23 avril 2013. A noter tout de même que six élus de son bord sont allés plus loin et ont voté le texte. Le Havrais s'est montré moins progressiste sur le projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes en janvier 2014. Il ne l'a pas voté, comme la grande majorité des élus UMP.
En matière de sécurité, le député a tenu une position à 180 degrés de celle de son groupe. Au lendemain des attentats de janvier 2015, il a refusé la loi renseignement. Dans une tribune publiée par Atlantico, il expliquait que celle-ci «posait des questions graves en matière de libertés individuelles». En février 2016, Edouard Philippe a voté contre le projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation (première lecture) visant à inscrire l'état d'urgence et la mesure de déchéance de nationalité dans la loi fondamentale.
Enfin, le passage de 22 à 13 régions, voulu par François Hollande et la majorité socialiste, l'était aussi par Edouard Philippe, du moins en première et seconde lecture.