Topic: Quelle réforme du système et des régimes de retraite ?
La retraite à 67 ans ?...
François Fillon confirme que le débat sur le report de l'âge légal, fixé à 60 ans depuis 1982, doit avoir lieu. Les syndicats et la gauche refusent cette mesure demandée par le patronat. L'assurance-vieillesse affichera un déficit de près de 8 milliards d'euros cette année.
L'exécutif est bien décidé à mettre la question de l'âge légal de la retraite sur la table. Après l'Elysée vendredi et le ministre du Travail dimanche, François Fillon s'est exprimé hier sur ce dossier explosif. « Autour de nous, dans tous les pays européens, on a repoussé l'âge légal de la retraite, a dit le Premier ministre. Donc cette question n'est pas une question taboue ». Il a néanmoins répété que le sujet « devrait faire l'objet d'un débat dans le cadre d'une élection présidentielle ou d'une élection législative », ce qui exclurait toute mise en oeuvre avant 2012. « Il y a en 2010 un débat sur cette question qui était prévu dans la loi de 2003 », a-t-il poursuivi. Nous allons voir ce que les partenaires sociaux vont nous proposer comme solution ». Pendant ce temps, le ministre du Budget, Eric Woerth, présentait des comptes de la Sécurité sociale pour 2009 (lire ci-dessous), qui prévoient un déficit record de 7,7 milliards d'euros pour l'assurance-retraite. « La crise n'explique que 30 % du déficit et il reste près de 5,5 milliards d'euros de déficit structurel », a-t-il souligné. Le ministre du Travail, Brice Hortefeux, a eu beau dire, le matin sur RMC, qu'il n'y avait « aucune amorce de décision » et que « le débat n'a pas encore été engagé », la boîte de Pandore est ouverte.
« Particulièrement déplacé »Le débat promet d'être animé. Bernard Thibault (CGT) et François Chérèque (CFDT) ont tous deux immédiatement riposté, observant que le report de l'âge légal, fixé à 60 ans en 1982, était une revendication du Medef. La CFDT estime « particulièrement déplacé d'envisager le recul de l'âge de la retraite dans un contexte marqué par une avalanche de plans sociaux. ». « Il va être très difficile de dire aux jeunes : désolé, il n'y a pas de place pour vous, ceux qui sont déjà au travail vont devoir rester », ironise Bernard Thibault.
François Chérèque souligne également que relever l'âge légal revient à « sanctionner les ouvriers et les plus modestes » : avec un seuil à 65 ans par exemple, « ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans cotisent 49 ans ». La CFDT préfère la solution adoptée lors des précédentes réformes, en 2003 et 2008, celle de l'allongement progressif de la durée de cotisation. Le patronat estime que ce ne sera pas suffisant.
Les syndicats reprochent aussi au gouvernement de faire passer ce débat avant celui de la pénibilité au travail, qui permettrait à certains salariés de partir plus tôt : « Il est en train de zapper ce rendez-vous », s'offusque François Chérèque. Pour Marisol Touraine, secrétaire nationale à la Sécurité sociale du PS, « une réforme n'est justifiable que si elle est juste. Celle-ci ne l'est pas car elle applique la même règle à tout le monde. Il faudrait tenir compte de la pénibilité du travail et tout faire pour maintenir dans l'emploi les salariés les plus âgés. Tout ceci nous renvoie au discours des entreprises qui disent qu'il faut travailler plus longtemps et qui nous expliquent qu'à 55 ans, on est trop vieux. »
VINCENT COLLEN AVEC R. C., Les Echos
Avec le chomage des jeunes qui augmente, les + de 55 ans que l'on met en préretraite pour s'éviter des plans sociaux, je vois pas bien comment on va les faire travailler, les vieux, jusqu'à devenir grabataires. C'est vraiment glauque...
en plus, la négociation sur la pénibilité devait avoir lieu, plusieurs fois depuis 2003 (dernière loi sur la retraite où on a déjà repoussé à 41 annuités la condition de la retraite à taux plein) et n'a jamais été organisée par le gouvernement.