Topic: Pour(ou contre)un référendum sur le nouveau traité européen"simplifié"
Annoncé avec tambours et fracas dans les medias traditionnels, le nouveau traité dit "simplifié" (pas plus "simple" que le précédent pour un sou) vient d'être signé par les chefs d'Etats et de gouvernements des 27.
Craintif sur l'issue d'un éventuel référendum français, le Président Sarkozy souhaite le faire ratifier en Congrès, procédure dans laquelle il aura besoin de 3/5è des voix des deux Assemblées.
Le choix d'une telle procédure à la suite d'un référendum manqué (et les forumeurs savent que j'ai défendu le oui bec et ongles) ne peut que donner du grain à moudre à tous les nonistes et à tous ceux qui affirment notamment que l'Europe se fait sans les peuples, hors de toute souveraineté démocratique directe, qu'elle est une structure technocratique dont la légitimité est de moins en moins évidente tant qu'elle ne cherchera pas à s'appuyer sur autre chose que des compromis techniques entre Etats (même si la technique est nécessaire à son bon fonctionnement, mais le fonctionnement n'est qu'un aspect parmis d'autres, beaucoup plus importants).
Ce traité simplifié paraît utile dans une Europe qui s'élargit et dont les dissensions internes sont apparues plus tenaces, plus propices au sur-place normatif et budgétaire qu'à l'avancement des travaux, tant les intérêts sectoriels peuvent parfois être contradictoires entre Etats-membres. J'aurais surement fait partie de ses défenseurs. Mais cette volonté presque affichée de passer en force me paraît accroître le fossé entre l'Europe et les peuples : on risque de délégitimer l'Europe pour longtemps.
Dans l'idéal, on organiserait un référendum européen unique dans toute l'Europe, ce qui cristalliserait une unité électorale et donc citoyenne, symboliserait une souveraineté démocratique européenne, et favoriserait l'émergence progressive d'un "sentiment national" européen. "Idéaliste !" me rétorquera-t-on ; j'en conviens. Contentons-nous de référendums nationaux, puisque nombre de revendications des nonistes ont paraît-il été intégrées dans ce compromis. Pourquoi craindre le suffrage de peuples dont on aurait répondu aux attentes (quand bien même les revendications nonistes étaient contradictoires) ? Certes il y aurait toujours le noyau dur souverainistes, mais sans l'apport des nonistes dits "pro-européens", ceux-ci ne parviendraient pas à faire la différence.
Parenthèse : http://www.marianne2.fr/Traite-modifie-
80372.html 63% des français interrogés favorables à un réferendum.
Et au niveau européen : http://afp.google.com/article/ALeqM5i6v
SQmnsqTM2w
Alors donc, Monsieur le Président, n'ayez pas peur du peuple qui vous a élu, n'ayez pas peur de son intelligence à voir en l'Europe le salut de la France dans un monde de grands ensembles civilisationnels (chinois, indien, Etats-Unien, Russe, etc.). Mais inversement, si vous ne lui faites pas confiance et si, avec vous, l'Union européenne affiche vouloir contourner son suffrage, comment voulez-vous que les peuples puissent eux-mêmes en retour, avoir un jour confiance en l'Europe ?
"Le secret douloureux des Dieux et des Rois, c'est que les hommes sont libres" (Jupiter à Egisthe in Les Mouches de Sartre)