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L’investissement international - Cours d'économie - Economie internationale

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Les cours d'économie du forum des étudiants de Sciences Po

L’investissement international

 

C’est au cours des années 1980 que les flux et stocks d’investissements internationaux (IDE ou IED) ont connu une progression sans précédent. Les IED sont indissociables de la mondialisation, et « le rôle des firmes multinationales (FMN) dans la mondialisation de l’économie ne fait que croître »[1].

 

I Pourquoi investir à l’international ?

A. Qu’est ce que l’investissement direct ?

C’est une opération effectuée par un résident d’une économie afin d’acquérir ou d’accroître un intérêt durable dans une unité résidente d’une autre économie et de détenir une influence dans sa gestion. Une relation d’investissement direct est établie dès lors qu’un investisseur acquiert au moins 10% du capital social de l’entreprise investie.

                               B. La théorie économique

1. En 1960, S.H. Hymer met en avant l’importance de l’avantage technologique dans la compétition entre les firmes. C’est par une imperfection du marché (position dominante liée au manque de fluidité des techniques) que se déroule un investissement entre deux pays industrialisés.

2. R.Vernon, lui, s’inspire de la théorie du cycle de vie du produit. Pour lui, lorsque la FMN s’implante à l’étranger, c’est pour prolonger la durée de vie d’un produit en fin de course sur son marché national. Ce serait donc la perte de cet avantage qui serait à l’origine du besoin d’investissement international.

                               C. Le modèle de Dunning (école de Reading), résume les principales formes d’investissement international en fonction des avantages




Avantage spécifique que détient la firme elle-même. (O)

Avantage du pays d’accueil (L)

Avantage lié à l’internalisation (I)[2]

Avance technologique, savoir faire ou compétence managériale. Economies d’échelle. Capacité à différencier ces produits (contrôle des marques). Accès plus facile aux marchés des facteurs de production et des produits intermédiaires.

Prix et qualité des inputs. Coût du transport et des communications. Qualité des infrastructures. Barrières douanières. Incitations à l’investissement. Proximité culturelle.

Diminution du coût de l’échange. Protection du savoir-faire. Contrôle de la production et des débouchés.

 

II. Les causes et l’impact de l’augmentation de l’Investissement international

A. Un phénomène aux causes multiples

a. dérégulation et privatisation du secteur des services dans les pays industrialisés, qui incitent à rechercher de nouveaux marchés à l’étranger (implantation directe)

b.la libéralisation et innovation des marchés financiers dans les pays développés dès 1985 permet aux entreprises de bénéficier de financements nouveaux, variés et souples et facilite la réalisation d’opérations de fusions/acquisitions internationales, notamment sous forme d’OPA

c. Le progrès technique (télécommunications et technologies de l’information) contribue à stimuler les flux de capitaux internationaux, et accroît le degré de liberté (choix de la localisation de la production ou des réseaux de commercialisation).

d. La plupart des pays ont engagé dans les années 80 un processus de déréglementation de l’IDE aboutissant à la réduction des obstacles et restrictions envers les investisseurs internationaux.

B. L’impact de l’investissement étranger sur les économies des pays investisseurs

- En théorie, la relation échanges-IDE a souvent été décrite comme relevant d’un arbitrage micro économique en fonction des coûts et avantages de chaque mode de pénétration du marché étranger. En pratique, la plupart des analyses empiriques mettent en avant une corrélation positive entre IDE et exportations. L’IDE apparaît comme un élément de la compétitivité hors-prix du pays d’origine : par effet de réseau, de réputation ou de publicité, le développement des ventes de produits délocalisés rétroagit favorablement sur la demande.

- L’investissement à l’étranger est souvent perçu négativement dans le contexte de chômage élevé qui caractérise la plupart des pays industrialisés ( « exportation d’emplois »[3]), et le développement d’accords régionaux de libre-échange associant PVD et pays industrialisés a renforcé ces craintes.  En effet, le contenu en emploi des exportations vers les pays en développement est inférieur à celui des importations en provenance des mêmes pays. De plus la réorganisation de la chaîne de la valeur ajoutée engendre des coûts d’ajustement qui ne sont pas égaux selon les catégories de salariés et les secteurs. Cela étant il ne faut pas oublier que l’investissement extérieur ne se fait pas aux dépends de l’intérieur. En bref, c’est à court terme que la production délocalisée peut entraîner des effets négatifs, mais l’investissement étranger contribue à la progression des revenus des pays d’accueil et crée indirectement des débouchés nouveaux aux exportations des pays industrialisés.

                               C. L’impact de l’investissement étranger sur les économies des pays investis

- des effets ambigus sur l’emploi, mais un emploi caractérisé par des salaires supérieurs à ceux offerts par les firmes du pays, une productivité globalement supérieure (avantage compétitif), une plus grande flexibilité due au caractère multinational de la firme

- L’entrée de firmes étrangères en stimulant la concurrence à l’intérieur du secteur, provoque des gains d’efficacité (hausse de la productivité, baisse des prix), mais qui peut conduire à une situation de domination voire de quasi monopole.

- L’IDE est un « créateur d’échanges » qui dynamise les échanges du pays d’accueil. En conséquence les filières étrangères ont un impact plutôt négatif sur la balance commerciale du pays d’accueil.

- L’une des fonctions de l’IDE est de pallier le manque d’épargne nationale (notamment dans les PVD), grâce à l’apport initial et au faible rapatriement des bénéfices.

- Enfin les localisations étrangères privilégient les régions prospères et centrales, les entreprises recherchant les meilleures localisations en fonction de leurs objectifs stratégiques, alors que les pays souhaitent attirer les implantations dans les régions en difficulté afin de réduire les inégalités régionales, et de même à l’échelle des pays.

- Cela étant les études montrent une corrélation positive entre le niveau de revenu par habitant et les flux d’IDE reçus.

 

                III. Une situation inéquitable qui constitue un défi pour les pays en développement

A.Des inégalités inévitables

On l’a vu, l’IED peut avoir des conséquences néfastes sur les pays d’accueil. Citons entre autres divers aspects socioéconomiques : la structure des marchés, la balance des paiements, l’éviction des entreprises nationales, etc… C’est alors aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour accroître les effets bénéfiques de ces investissements et minimiser leurs conséquences néfastes. De plus, l’investissement international est un phénomène tout à fait asymétrique : il est inégal selon les secteurs de production, et selon les régions (dynamiques régionales)

1.Les dynamiques régionales 

- L’investissement international est quasiment exclusivement contrôlé par les pays du G5 : suprématie technologique, financière et organisationnelle. Ils réalisaient en 1996 les deux tiers des investissements à l’étranger, accueillant 45% des investissements entrants.

- Il convient aussi de citer l’Asie, nouveau « Grand » de l’investissement international, qui présente un modèle d’IDE spécifiquement asiatique.

- Enfin les autres régions en développement ou en transition sont les pays d’Europe de l’est, nouvellement entrés dans l’UE, L’Amérique Latine passée de la crise de la dette au décollage de l’investissement étranger, l’Afrique qui présente une attractivité faible, et le Proche et Moyen-Orient qui sont desservis par une réglementation contraignante ainsi qu’un contexte politique instable.

2.Depuis les années 90, suprématie des services de réseaux et high tech : les NTIC

Depuis les années 90, on constate un ralentissement de l’IDE dans les services financiers et l’immobilier, et au contraire une accélération marquée dans

- les télécommunications et autres services de réseaux (croissance rapide de la demande , modernisation rapide des activités concernées, accélération du mouvement de dérégulation)

- les industries de l’information (nouvelle vague d’innovations techniques, croissance de la demande forte mais inégale selon les secteurs et les zones)

- la distribution et d’autres services marchands (avantage concurrentiel basé sur une offre de services standardisés et offrant une garantie de qualité toujours égale ; Novotel, Mac Donald’s, Arthur Andersen…)

       B.Le double défi de la compétitivité et du développement

La nécessité de l’accroissement permanent de la valeur ajoutée et d’améliorer l’attrait de leurs sites est un défi pour les pays en développement. Pour le relever, ceux-ci doivent adopter une approche complexe et globale tenant compte de l’évolution des stratégies d’entreprise et des règles internationales. Selon l’OCDE[4], la priorité doit être le renforcement des capacités nationales, car non seulement il aide à attirer des investissements étrangers directs de qualité, mais il doit aussi faciliter la modernisation des activités existantes. De plus, vue l’importance de la compétitivité à l’exportation pour le développement, les pays en développement doivent pouvoir appliquer une politique de développement adaptée à leurs objectifs. Les pays développés peuvent néanmoins les aider de plusieurs façons : fournir une assistance pour le renforcement des capacités institutionnelles, diffuser des renseignements sur les possibilités d’investissement axés sur l’exportation et supprimer les obstacles à l’importation de produits provenant des pays en développement.

 


 

[1] Selon le rapport sur l’Investissement dans le Monde 2002 de l’OCDE

[2] Par internalisation, on entend le fait que la firme doit avoir intérêt à exploiter elle-même l’avantage qu’elle détient, plutôt que de le sous traiter, sans quoi elle l’externaliserait par le biais d’une cession de licence.

[3] Denis Tersen, Jean-Luc Bricout, ,L’investissement international, Armand Colin

[4] Selon le rapport sur l’Investissement dans le Monde 2002 de l’OCDE