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Les cours d'économie du forum des étudiants de Sciences Po
De même pour la crise de la net économie qui fait suite à une période de forte et longue croissance que l’on attribue aux nouvelles technologies de la communication et de l’information (NTIC) et qui s’est accompagnée d’une inflation et d’un chômage faibles, tendant à remettre en cause la courbe de Phillips. Malheureusement pour l’économie mondiale, l’Europe, dont le cycle de croissance avait débuté en 1996 soit 5 ans après le cycle américain, se trouve incapable de prendre le relais, alors même que l’Union Européenne (UE 15) représente un vaste marché de 380 millions d’habitants, contre 280 millions aux Etats-Unis, et devrait pouvoir croître de manière plus indépendante et qu’une des raisons officielles invoquées lors de la mise en place de l’Euro le 1er janvier 1999 était de donner plus d’autonomie à la conjoncture européenne. On assiste ainsi à une convergence par le bas des cycles économiques dans la Triade et à une dépendance asymétrique entre l’Europe et les Etats-Unis : La croissance européenne dépendant par exemple de la croissance américaine alors que l’inverse n’est pas vrai. Ces deux pôles de la Triade font partie des zones économiques les plus concernées par l’intégration financière débutée dans les années 80 et qui a entraîné une plus forte interdépendance fondée sur la confiance et la psychologie des marchés. Le PIB de l’UE 15 était de 9 593 milliards de dollars en 2001 contre 10 143 milliards de dollars aux Etats-Unis, ce qui donne un PIB par habitant de 36 500 dollars aux Etats-Unis nettement supérieur aux 25 100 dollars par habitant de l’UE 15. C’est pourquoi on constate qu’il n’y a plus de rattrapage du PIB par habitant, rattrapage pourtant valable des années 60 au milieu des années 90. C’est ce qui viendrait infirmer le modèle de Solow. En cela les NTIC et la nouvelle économie ont fait naître un nouveau souffle dans la pensée économique avec notamment l’idée que l’ère des rendements croissants était arrivée. Pour autant, l’économie européenne restant proche de la stagnation sur les trois dernières années il apparaît que les rendements croissants ne la concernent pas et qu’elle risque d’être de fait à l’écart de la 3e révolution industrielle. Quoi qu’il en soit, s’il on s’appuie sur les niveaux de vie en Europe et aux Etats-Unis, il est clair que la question de la convergence est à nouveau posée. La divergence des niveaux de vie vient en partie du différentiel de croissance de moyen terme qui oppose ces deux grands acteurs de l’économie mondiale : en effet les Etats-Unis ont connu une croissance moyenne de 3,4% entre 1991 et 2001, quand l’UE 15 n’affichait que 2%. Le modèle européen est donc nettement moins efficace et autonome que le modèle américain en terme de croissance et d’emploi. Le chômage allemand, français ou italien par exemple, proche de 9% de la population active alors qu’il est inférieur à 6% aux Etats-Unis, vient illustrer ce problème, tout comme la relative atonie de la consommation en Europe ces dernières années. Il semble donc qu’il faille chercher au-delà des caractéristiques communes ou structurelles de ces économies pour mieux comprendre ce qui explique leurs écarts de croissance. Nous allons ainsi nous attacher à analyser les policy-mix utilisés en Europe et aux Etats-Unis. Le policy-mix mis en place au cours des années 1990 par les Etats-Unis, et plus particulièrement par le couple Clinton-Greenspan, a fait preuve d’une grande efficacité en termes de croissance. Cette coordination succède à un policy-mix peu adapté dans les années 1980 mené par le couple Reagan-Volcker, qui associait à une politique monétaire très restrictive de lutte contre l’inflation (souvent à l’origine des récessions) une politique budgétaire expansionniste, et paralysée par des déficits excessifs. Le policy-mix adopté ensuite se fonde sur deux préceptes : une politique budgétaire rigoureuse, et une politique monétaire souple. On assiste ainsi à une forte réduction des déficits budgétaires qui sont, de 1993 à 1997, non pas réduits de moitié (comme l’avait promis Clinton), mais de plus de 90%. En 1998, le solde public dégage un excédent avec 4 ans d’avance sur la date prévue. L’impact de la conjoncture est certain (dynamisme de l’activité, valorisation boursière) ; à cela s’ajoutent des éléments structurels, des lois incluant une issue chiffrée : limitation des dépenses discrétionnaires, condition pay-as-you-go pour les dépenses obligatoires, pression fiscale accrue sur les personnes à revenus élevés… La politique monétaire expansionniste se traduit quant à elle à la fois par une stabilisation de l’inflation, mais aussi et surtout par de faibles taux réels qui stimulent l’investissement (atteignant 0 en 1993). Le comportement de la FED est donc jugé à la fois cause et conséquence de la nouvelle économie. Cette politique s’est accompagnée de la volonté affichée d’un dollar fort afin de limiter d’une part l’inflation et d’autre part d’attirer les capitaux nécessaires au financement de la nouvelle économie. En s’efforçant de ne pas surprendre les marchés par une communication très élaborée, le policy-mix américain a favorisé une croissance durablement plus forte, au moins jusqu’à 2000. Le policy-mix européen contraste en de nombreux points avec son homologue américain. La politique économique du vieux continent paraît ainsi en de nombreux points incertaine. Il faut rappeler en premier lieu que la zone euro dispose d’un cadre particulier, où la politique monétaire est centralisée et la politique budgétaire décentralisée (le budget de l’Union demeure extrêmement limité). Le début des années 1990 voit émerger en Europe un policy-mix combinant taux d’intérêts élevés et relance budgétaire. De courte durée, cependant, car la nécessité de faire face aux critères de convergence de Maastricht conduit à une politique budgétaire rigoureuse, fixant un plafond des déficit publics à 3% du PIB. Le Pacte de stabilité et de croissance, destiné à discipliner, voire à coordonner la gestion budgétaire des Etats accentue ce mouvement en prévoyant des sanctions pour les pays qui pratiqueraient des déficits excessifs. Il paraît donc nécessaire de trouver une compatibilité entre stratégie à long terme de résorption des déficits et de réduction de l’endettement à des niveaux soutenables, et une capacité à gérer la conjoncture à court terme. La BCE a comme premier objectif le maintien de la stabilité des prix ; se pose alors la question des objectifs secondaires que sont le taux de change et la croissance. Pour ce dernier, la BCE s’appuie implicitement sur les output gaps, écarts de croissance par rapport aux taux de croissance potentielle de la zone euro ; une utilisation trop rigide du taux de croissance potentielle pourrait amener à une politique trop restrictive et à une croissance inférieure à ce qui est réellement possible. Il s’agit donc de gérer la politique monétaire en intégrant l’impératif de croissance, et non en le restreignant. Le policy-mix européen souffre à la fois d’un manque de réactivité, de la rigidité de ses objectifs et surtout de la non coordination de la politique monétaire et de la politique budgétaire qui ne dispose pas d’autorité légitime. Désordre et impuissance paraissent expliciter l’incapacité du policy-mix européen à rivaliser en termes de croissance avec le policy-mix américain. Il s’agit donc d’établir un véritable dialogue institutionnel. Se pose aujourd’hui la question de l’efficacité du policy-mix américain face à la crise récente : la spectaculaire baisse des taux (de 6,57% en 2000 à 1,25% en 2002) associée à la relance budgétaire (liée à la lutte antiterroriste) et à une lente dépréciation du dollar soutiennent l’économie, sans doute jusqu’en novembre 2004 (cycle électoral). Les taux annoncés pour les prochaines années sont prometteurs, les Etats-Unis faisant preuve d’une grande capacité d’adaptation et d’une réactivité propre à des changements stratégiques majeurs. Il apparaît donc clairement que la différence de gestion des policy-mix européens et américains ait beaucoup influé sur la croissance de ces deux zones, et puisse en partie expliquer les forts écarts de croissance en faveur des Etats-Unis qui y sont observés, plus particulièrement depuis les années 90. On ne saurait toutefois se contenter de cette explication nécessaire mais loin d’être suffisante. En effet, d’autres phénomènes entrent en ligne de compte dans l’étude de la croissance, notamment les facteurs structurels comme le fonctionnement des marchés, la démographie et surtout l’innovation, la productivité, le capital humain, comme le souligne la théorie de la croissance endogène, ce qui conduit l’Europe à mettre en place des réformes structurelles.
Les marchés semblent mieux fonctionner aux Etats-Unis qu’en Europe, notamment le marché du travail, ce qui peut expliquer le fort chômage structurel européen qui brime la croissance. Sachant que le gain d’une baisse du taux de chômage de 11 % à 5 % engendrerait un gain de 4 % du PIB, il est important de s’interroger sur ce marché pour comprendre les écarts de croissance entre ces deux zones. En effet, le chômage américain est conjoncturel, aux alentours de 6% en 2003, alors que le taux de chômage européen est structurel, 9 % en moyenne (le taux de chômage structurel européen est trois fois supérieur à celui des pays anglo-saxons). Cela peut en partie s’expliquer par la rigidité du marché européen qui se manifeste notamment par les législations restrictives concernant les procédures de licenciement, les politiques d’indemnisation du chômage qui peuvent conduire à une désincitation au travail ainsi que les coûts salariaux. Dans la plupart des pays européens, un salaire minimum a été mis en place, comme le SMIC en France, ce qui n’existe pas aux Etats-Unis, qui voient cela comme une rigidité entravant les règles du marché et donc brimant la croissance. En effet, des études ont montré que le SMIC était à l’origine de 650 000 chômeurs et qu’une baisse du SMIC de 10 % permettrait une augmentation de 1,3 % de l’emploi et de 0,5 % du PIB. Le travail non qualifié est le plus touché par le chômage en Europe (il est entre 3 et 5 fois plus élevé que le travail des qualifiés), l’ajustement se faisant non pas par les prix comme c’est le cas aux Etats-Unis, ce qui a des conséquences positives en volume puisqu’il y a une situation de quasi plein emploi, mais par les volumes. Cela explique le fait que les Etats-Unis aient créé deux fois plus d’emplois que la zone Euro entre 1985 et 2000 (29,3 millions contre 14,9). Le défi européen est en conséquence de baisser le NAIRU qui se situe aujourd’hui à 8 %, notamment par une politique de formation plus développée. Un second facteur explicatif de ces écarts de croissance entre les Etats-Unis et l’Europe est la démographie. Selon Robert Solow, la croissance est déterminée par trois phénomènes principaux que sont le produit de l’accumulation du capital, le progrès technique et l’évolution de la population active. Ce dernier point mérite un développement car le dynamisme démographique est aujourd’hui beaucoup plus favorable aux Etats-Unis qu’à l’Europe. La population européenne est encore plus nombreuse que la population américaine, mais la tendance s’inverse, on assiste à un décrochage européen, à cause de la faiblesse du taux de fécondité (1,4 enfant par femme contre 1,9 aux Etats-Unis) et de l’immigration plus importante aux Etats-Unis qu’en Europe dont les politiques en la matière sont beaucoup plus strictes. De plus, le taux d’activité, ce qui nous intéresse plus particulièrement, a atteint 75 % aux Etats-Unis contre seulement 63 % en Europe. Or, ce sont les pays avec les taux d’activité les plus élevés et la plus forte création d’emploi que les taux de chômage sont les plus faibles et par conséquence que la croissance est la plus dynamique. Enfin, il semble important de revenir sur un autre élément clé de la croissance, vu comme un résidu par Solow mais qui a gagné ses lettres de noblesse grâce aux théories de la croissance endogène : le progrès technique, cause et conséquence d’une croissance autoentretenue. La productivité globale des facteurs est beaucoup plus forte aux Etats-Unis qu’en Europe depuis le milieu des années 90, ce qui correspond à l’explosion de l’utilisation des NTIC. Le retard européen est très important dans ce domaine, le taux d’investissement dans les NTIC par rapport au PIB était de 8 % aux Etats-Unis en 2000, contre 3 % en France et 4 % en Allemagne, et la part des NTIC dans l’investissement total étant de 30% aux Etats-Unis contre 12% en France et 17% en Allemagne. Le constat est le même lorsque l’on considère le taux d’équipement des ménages en informatique : En 2000, 51 % des ménages américains avaient un ordinateur contre seulement 25 % des ménages français. Au vu de cette constatation quant à la place de l’innovation dans l’économie américaine, il nous est possible avec Daniel Cohen, économiste français, de la qualifier d’économie « schumpétérienne », en opposition à une économie européenne plus « smithienne » qui privilégie la taille des marchés à l’inventivité. Il est tout de même nécessaire de faire une distinction entre les pays de l’Europe continentale et ceux de l’Europe du Nord qui sont beaucoup plus en pointe dans le domaine des NTIC, 50 à 60% des ménages étant équipés d’un ordinateur. Cette distinction doit aussi être opérée dans l’étude que nous avons faite du marché du travail, puisqu’ils ont réussi à atteindre un faible taux de chômage avec une faible flexibilité. Ce retard pénalisant l’économie européenne et étant un poids à la croissance, l’Europe a pris conscience de la nécessité de mettre en place de réformes structurelles, avec notamment le programme de Lisbonne. A l’horizon de les temps économiques à venir, le scénario semble être encourageant : la reprise américaine coïncide avec un redressement inattendu de l’économie japonaise et l’Europe paraît reprendre progressivement dans un contexte de faibles tensions inflationnistes et de recul graduel du chômage. Néanmoins, la persistance de déséquilibres de la balance courante très prononcés, ainsi que l’affaiblissement considérable du dollar et le surendettement persistant des entreprises européennes montrent qu’un tel scénario a aussi ses ombres ; la reprise qui s’esquisse aujourd’hui en Europe pourrait être compromise. Voilà pourquoi les réformes économiques doivent être à l’ordre du jour de l’Union Européenne. Impossible de nier que les déséquilibres, les fragilités, et les écarts économiques de la conjoncture sont le résultat des décisions de politique économique qui n’ont pas su mettre à profit les années fastes de la nouvelle économie. L’héritage est particulièrement lourd en matière budgétaire. Cependant, les leçons du passé ne semblent pas être prises sérieusement, car la tentation de s’abandonner à la complaisance budgétaire lors de cette reprise conjoncturelle reste un risque réel en Europe. Ce qui est important est d’exploiter la reprise pour restaurer la soutenabilité des finances publiques. Une politique économique de redressement devra rétablir (ou au moins revitaliser) les cadres budgétaires de long terme et réformer les institutions budgétaires afin de progresser vers une plus grande efficacité de la dépense publique en prévenant un retour aux politiques procycliques. Il faut admettre que cela reste un vrai défi politique tant qu’économique, surtout dans un contexte où les demandes en matière de dépenses nouvelles se font toujours plus pressantes en Europe. Les grandes disparités de performance entre Europe et les Etats-Unis, reculeront-elles grâce aux politiques économiques ? Les explications traditionnelles paraissent toujours insuffisantes. Le contraste observé au cours des années récentes nous donne à penser qu’en matière de croissance potentielle et de degré de résilience face aux chocs, les écarts sont peut-être plus grands qu’imaginés. Le fait que beaucoup de travail reste à faire en ce qui concerne la conduite des réformes dites « structurelles » en Europe indique que les efforts à faire pour accroître le potentiel de croissance européen doivent être redoublés.
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