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Cours d'économie - Economie de la production - Les déterminants de l’investissement productif

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Les déterminants de l’investissement productif

 

Schématiquement, on peut poser que l’investissement est déterminé par la suffisance de la demande, la suffisance de la capacité financière et enfin par une relative confiance dans l’avenir. Mais au-delà de cette typologie sommaire, on peut distinguer les déterminants entre ceux relevant de la théorie microéconomique néoclassique, essentiellement les coûts relatifs des facteurs, et ceux formalisés par l’analyse keynésienne, liés à la demande et aux taux d’intérêt notamment.

Introduction

 

L’investissement mesure les dépenses brutes des entreprises et des ménages pour accroître leurs stocks de capital. On distingue l’investissement productif des entreprises de l’investissement immobilier (ou logement) des ménages.

 

Facteurs de l’investissement productif :

            - demande anticipée

            - rentabilité économique anticipée (anticipation du taux de profit)

            - coûts relatifs capital – travail (lorsqu’ils sont substituables)

            - rentabilité financière anticipée (taux d’intérêt faible = incitation à l’investissement)

 

1/  Le coût des facteurs, déterminants de l’investissement dans l’analyse néo-classique

            Dans l’analyse microéconomique néoclassique, la flexibilité des prix des marchés permet à la firme de choisir en permanence la meilleure combinaison des facteurs productifs afin de maximiser son profit. Ce modèle théorique simple de l’investissement repose donc essentiellement sur la comparaison par l’entrepreneur des coûts relatifs de ces facteurs. Ces coûts sont définis ainsi :

- le coût d’usage du capital, dépendant du taux d’intérêt et du prix des équipements

- le coût réel du travail.

                        1.1/ Le mécanisme : substitution des facteurs et élasticité de la demande




- Définition du coût d’usage du capital : Jorgenson (1963) assimile ce coût d’usage à un prix de location ou d’immobilisation, ce qui suppose que la firme est capable de revendre son capital productif (des machines par exemple) au terme de la « période de location ».

Le coût d’usage peut être défini comme le produit du prix réel des biens d’équipement par le taux d’intérêt réel, augmenté du taux de dépréciation de l’équipement (lié à son vieillissement) et diminué de la variation du prix réel de l’investissement.

Sur des marchés parfaits tels qu’ils sont postulés par l’analyse néoclassique, l’investisseur n’a pas à arbitrer entre le placement sur le marché financier (au taux d’intérêt réel) et l’investissement, leurs rendements sont donc identiques (après liquidation).

Plus tard, des économistes tels que Crépon et Gianella (2001) élargiront cette définition en intégrant dans le coût du capital des facteurs tels que le taux d’intérêt bancaire auquel se financent les entreprises, la fiscalité des sociétés, l’inflation et la consommation de capital fixe (ou amortissement).

- Le mécanisme : la variation de coût d’un facteur agit de deux façons sur la demande de facteurs, donc notamment sur l’investissement. Il y a tout d’abord modification de la combinaison productive : si par exemple le coût relatif du capital augmente, l’entrepreneur aura tendance à favoriser le facteur travail, ce mouvement étant d’autant plus sensible que l’élasticité de substitution entre ces deux facteurs est importante dans l’entreprise. D’autre part, cette même hausse du coût du capital aura pour effet une hausse du coût de production unitaire et, si elle est répercutée sur le prix de vente (ce qui est fort probable à long terme), une baisse des ventes (donc, in fine, de la demande de facteurs capital et travail).

                        1.2/ Analyse empirique

            Ces quinze dernières années, on a assisté en France comme ailleurs à une baisse du coût du capital, due à la fois à la baisse du taux d’intérêt réel (donc à la baisse du coût des fonds propres des entreprises) et à la baisse du coût réel des biens d’investissement. Des études récentes semblent mettre en évidence le lien négatif théorisé par les néoclassiques entre l’investissement et la variation du coût d’usage du capital. Ainsi, Crépon et Gianella (2001) identifient ce rôle du coût des facteurs dans les entreprises françaises. Ces deux auteurs montrent d’ailleurs qu’une élévation du coût du capital, si elle influe sur l’investissement comme prévu, conduit à une telle baisse de la production que son effet net sur l’emploi devient négatif. Les deux facteurs de production peuvent par conséquent être considérés plus complémentaires que substituts.

2/  Le modèle keynésien de l’accélérateur

 

                        21/ L’accélérateur simple

 

                        Keynes définit l’équilibre économique comme étant essentiellement contraint par les débouchés. Le principal déterminant de l’investissement pour l’entrepreneur est donc la demande telle qu’il l’anticipe. Il choisit alors, pour ce niveau donné de production, la combinaison de capital et de travail maximisant son profit.

L’application empirique de cet effet accélérateur est assez intuitive. Il est en effet assez raisonnable de penser qu’un chef d’entreprise confronté à une chute de la demande aura tendance à se limiter à de simples investissements de renouvellement. Ainsi, la perte de débouchés à l’exportation au début des années 1990 a certainement contribué à la baisse de l’investissement domestique français. A contrario, l’entrepreneur a tout intérêt à exploiter les opportunités offertes par une forte croissance de la demande en augmentant sa capacité productive.

            On peut donc définir ainsi cet effet d’accélérateur simple : l’investissement est proportionnel à l’amélioration de la demande et a donc tendance à croître avec l’accélération de celle-ci.

                        22/  L’effet d’accélérateur profit

            Alors que le coût des facteurs ou le mécanisme de l’accélérateur peuvent être qualifiés comme déterminants de la volonté d’investir, la notion de profitabilité détermine la capacité d’investir.

                        - Rentabilité de l’investissement : ce concept repose sur l’intuition que si un investissement est profitable, il doit être réalisé. Cette rentabilité est une fonction positive du taux de profit (excédent brut d’exploitation / valeur ajoutée) et de la productivité du capital (production en volume / capital physique) et une fonction négative du prix relatif de l’investissement.

                        - La décision d’investissement dépend donc de sa rentabilité, mais également des emplois alternatifs de ce capital (placements sur le marché financier). Le taux d’intérêt réel joue un rôle essentiel dans le choix de l’entrepreneur. La profitabilité nette est la différence entre la rentabilité de l’investissement et le taux d’intérêt réel à long terme. Un taux d’intérêt faible a donc un double effet positif sur l’investissement : il oriente le choix de l’entrepreneur au nom de la profitabilité, et le pousse même à financer des investissements supplémentaires en s’endettant (c’est l’effet de levier).

                        - L’entrepreneur voit donc sa décision d’investir motivée par deux facteurs. Le profit tout d’abord : le profit futur motive l’investissement, les profits présents et passés le rendent possible (capacité d’auto-financement). Ensuite, il tient compte du coût réel de l’argent, mesuré par le taux d’intérêt réel. Une étude de la Communauté européenne (2001) sur l’ensemble des pays industrialisés a pu confirmer ce double effet de la rentabilité économique et du taux d’intérêt sur l’investissement.

                        23/ Le « q » de Tobin

                        En 1969, Tobin a formalisé l’analyse keynésienne en définissant la profitabilité par le ratio q, rapport de la valeur de marché de la firme (valeur en bourse) sur la valeur comptable d’une unité marginale de capital.. Cette hypothèse repose sur l’intuition que l’entrepreneur investira si le marché valorise cet investissement au-delà de son coût, c'est-à-dire si q > 1. La limite de ce concept séduisant réside dans le fait qu’il est hasardeux d’assimiler toutes les entreprises aux quelques-unes cotées en bourse.