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Cours d'économie - Histoire de la pensée économique - Les apports du monétarisme

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Les apports du monétarisme

 

Proches des néoclassiques, les monétaristes (M. Friedman, Nobel 1976) donnent la préférence à la perspective du long terme où les marchés s’équilibrent naturellement, mais se distinguent des néoclassiques en reconnaissant un effet réel à court terme de la monnaie sur l’économie. En cela leur théorie intègre certaines des hypothèses keynésiennes (quoique leurs conclusions soient opposées) : une certaine rigidité des salaires et des prix à court terme, l’incertitude des agents et l’imperfection de l’information.

 Les 5 enseignements du monétarisme

1° La monnaie n’est pas neutre à court terme et a des effets réels sur l’économie

2° La formation des anticipations est plus adaptative que rationnelle : remise en cause du postulat classique d’une information parfaite.

3° A ce type d’anticipations est liée la théorie du revenu permanent, qui appuie l’idée de stabilité de la demande de monnaie à long terme.

4° Les anticipations inflationnistes sont à l’origine du chômage dit conjoncturel.

5° L’effet d’éviction annule les effets attendus du multiplicateur d’investissement keynésien.

 

La théorie monétariste diffère de la vision classique dichotomique (où les sphères réelle et monétaire sont sans interactions réelles) et propose une  nouvelle formulation de la théorie quantitative de la monnaie, dans une perspective d’intégration des sphères réelle et monétaire.




Dans le court terme, la monnaie a un effet direct sur l’économie : suite à une politique monétaire expansionniste, les agents voient leurs encaisses réelles (= la quantité de monnaie dont ils peuvent disposer, appréciée en termes réels) augmenter et cette augmentation du pouvoir d’achat les conduit à opérer une substitution entre cette monnaie et des actifs, des biens durables et des services. Face à cette demande accrue, l’ajustement sur les marchés concernés se fait à court terme par les prix et les quantités. Le niveau naturel d’activité (l’offre) étant rigide sur le long terme, l’effet sur les quantités s’estompe et la hausse des prix (diminution du salaire réel) élimine les demandes excédentaires. Lorsque le choc monétaire initial est totalement absorbé, on retrouve la conclusion de la théorie quantitative : seul le niveau général des prix est affecté, à long terme la monnaie est neutre sans effet durable sur le revenu réel et l’emploi.

Conclusion en matière de politique monétaire : préconisation d’une hausse faible et régulière de l’offre monétaire, et du suivi de l’agrégat monétaire.

 

L’anticipation d’une variable (prix, inflation) est pour les monétaristes une moyenne pondérée des observations passées de ladite variable. Par exemple : le public anticipe le taux d’inflation futur sur la base exclusive des taux d’inflation antérieurement constatés. Or l’inflation est une variable déterminée par un système de facteurs plus complexes que ne l’indiquent les seules réalisations passées, ce qui entraîne deux conséquences :

- Les agents commettent des erreurs d’anticipations qui se corrigent progressivement

- L’ajustement, l’équilibre des variables ne peut être immédiat d’où l’instabilité à court terme suite à un choc réel ou monétaire.

 

Définition objective du revenu permanent : c’est le flux de revenus que produit en moyenne la détention d’un patrimoine dont la valeur ne diminue pas. Il comprend tous les avoirs d’un agent (biens, terrains actifs financiers) mais aussi son capital humain (éducation, qualification, expérience).

  Définition subjective : ce que l’individu pense recevoir en moyenne sur les périodes futures en fonction de ce que son expérience lui a appris durant les périodes antérieures. C’est une approximation par une moyenne pondérée des revenus passés.

A long terme, la quantité d’encaisses réelles demandées dépend du revenu permanent réel : les individus ne déterminent pas leur comportement uniquement à partir du revenu perçu aujourd’hui mais aussi en fonction de la façon dont ils anticipent leur revenu réel permanent (= remise en cause de la loi fondamentale de Keynes selon laquelle les agents consomment immédiatement tout revenu supplémentaire).

Les fluctuations à court terme du revenu courant qui s’accompagnent d’une instabilité de la demande de monnaie n’affectent pas sa demande sur le long terme.

 

En analysant le chômage comme le résultat de mauvaises anticipations sur l’inflation  de la part des agents économiques, les monétaristes permettent d’analyser la stagflation constatée dans les années 1970-80 (le chômage ne diminue pas et l’inflation s’accélère).

Les individus rationnels cherchent à obtenir les meilleures conditions d’embauche = ils attendent d’un emploi qu’il leur offre un salaire réel acceptable. Pour apprécier ce salaire réel ils déflatent le salaire nominal par le niveau perçu ou anticipé des prix.

- Si les ménages sous-estiment le taux d’inflation effectif ils augmentent leur offre de travail et acceptent des salaires qu’ils refuseraient si leurs prévisions étaient correctes. Le sous-emploi naturel (chômage naturel ou frictionnel) diminue.

- S’ils surestiment l’inflation, le sous-emploi augmente car ils sont plus exigeants sur les salaires réels.

- Le taux de chômage naturel = le seul taux de chômage compatible avec une anticipation correcte de l’inflation = avec un taux d’inflation constant que les acteurs finissent par anticiper correctement. C’est le NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of  Unemployment) découvert par Friedman et ¨Phelps en 1968.

La courbe de Phillips est verticale à long terme et l’arbitrage inflation/chômage disparaît. Le chômage revient à son niveau naturel, seul le niveau des prix a augmenté.    

Conclusions en matière de politique économique :

- Les interventions conjoncturelles de l’Etat en matière d’emploi sont vouées à l’échec. Elles sont contre-productives quand elles veulent contrer des fluctuations du chômage naturel alors que l’ajustement est en cours. Le rétablissement du plein-emploi exige du temps, à condition que cessent les interventions publiques.

-Echec des politiques de « stop and go » : à long terme les tentatives persistantes d’accroître le PIB au-delà de son niveau de plein-emploi débouchent seulement sur de l’inflation, que les agents tendent à surestimer dans leurs anticipations, ce qui alimente le sous-emploi.

 

 

Les dépenses gouvernementales financées par l’emprunt public ou l’impôt ne font qu’évincer un volume approximativement égal de dépenses privées (consommation et investissement). La production, l’emploi et le revenu global à long terme ne sont pas sensiblement modifiés. Le multiplicateur d’investissement keynésien (qui mesure l’impact démultiplié qu’a une dépense supplémentaire de l’Etat sur le revenu global) à long terme est ainsi égal à 0.

Conclusion : les politiques conjoncturelles de relance de l’activité et visant à stimuler la demande sont inefficaces.