Les droits de l’homme

 

Les DH peuvent être définis a priori comme un ensemble de prérogatives inhérentes à l’être humain dans ses relations avec ses semblables et au pouvoir, et qui lui seraient intrinsèquement attachées par opposition aux droits dont le contenu et l’opposabilité varient suivant temps et lieux. Ils constitueraient ainsi selon Rawls une « classe particulière de droits dont l’application est universelle et dont l’intention générale ne donne guère prise à la controverse ».

 


Cette définition est intéressante dans la mesure où elle semble bien correspondre à la situation des DH dans l’époque contemporaine. Tout d’abord, la reconnaissance internationale des DH à partir de la seconde moitié du XXe siècle, perçue comme un mouvement historique linéaire parachevant l’esprit des grandes déclarations de la fin du 18e siècle en Europe et aux E-U, atteste l’idée d’une « applicabilité » universelle des DH, même si leur respect ne l’est évidemment pas : au-delà de la Déclaration universelle de 1948 on peut penser aux Pactes Internationaux de 1966, ou à la création de juridictions spécialisées pour sanctionner les atteintes aux DH (cf. CEDH).

Par ailleurs, les DH ont tendance à s’imposer comme une forme obligée du discours politique, à forte connotation normative, ce qui fait qu’on ne peut apparemment qu’y être favorable : on le voit notamment lorsqu’ils font l’objet de revendications là où ils sont bafoués, par exemple en Chine.

 

Pourtant, derrière cette dimension consensuelle des DH entretenue par les médias occidentaux, la notion fait problème, aussi bien d’un point de vue théorique que pratique, dès lors qu’il s’agit de les inscrire politiquement. La notion même de DH est contestée et contient des ambiguïtés :

 

-         quel est l’homme des  DH ? Homme avec un grand « H », comme catégorie générique aussi universelle qu’abstraite, ou l’individu incarné, et dès lors différencié? En vertu de quoi aurait-il des droits qui lui seraient intrinsèquement attachés, et encore qu’à lui seul (« de »)?

-         Quant aux « droits » auxquels se réfère la formule, on peut observer au-delà de l’incertitude relative à leur contenu qu’ils renvoient à sens juridique précis qui suppose une autorité envers qui les faire valoir positivement. Dès lors les DH constitue une notion politique qui place l’individu au sein d’une collectivité organisée, face au pouvoir.

 

C’est dans la tension entre ces deux termes, renvoyant dans un cas à une transcendance et dans l’autre à un rapport dialectique au pouvoir comme pourvoyeur, mais aussi éventuel fossoyeur des DH que se situent la problématique des DH : comment concilier leur vocation universelle et leur  ancrage dans la politique, sans risquer d’en faire une rhétorique vide de sens ou courir le risque qu’ils soient instrumentalisés ?

 

Pour apporter des éléments de réponse à cette question, il apparaît nécessaire de remonter dans un premier temps aux sources qui ont présidé à l’édification des DH, afin de mettre en évidence les deux antagonismes soulevés par leur émergence politique ; puis on tentera de les dépasser par une réflexion sur les conditions d’énonciation et de réalisation nécessaires à leur réaffirmation.

 

 

 

I/ L’émergence politique des droits de l’homme soulève deux antagonismes: universel/particulier et individu/pouvoir

 

A. Une difficile inscription dans la politique…

 

1.La théorie du droit naturel, issue de la philosophie politique occidentale, fonde l’universalisme et l’individualisme des DH

 

Les DH sont nés avant tout sur le terrain des idées, sans constituer pour autant une catégorie intemporelle. Selon la théorie du droit naturel, l’homme est un sujet premier de droits inaliénables et universels en raison de sa nature, indépendamment de toute convention ou législation. Cette pensée universaliste, qu’elle ait un fondement théologique, jus naturaliste ou métaphysique, repose sur trois éléments:

 

En premier lieu l’affirmation de l’homme comme une valeur supérieure au sein univers, qui à ce titre aurait droit à des droit : ainsi le personnalisme chrétien a défendu l’idée de la transcendance divine et la dignité de la créature humaine en tant que telle -sans distinction entre individus-, avant que l’école du droit naturel moderne ne laïcise cette conception. Avec Grotius, au début du 17e siècle, les DH vont se fonder non plus sur rapport au divin mais sur la nature même des hommes comme êtres de raison. Cette nature est caractérisée par deux qualités : l’autonomie et la liberté, dont découlent les droits nécessaires à l’homme pour vivre une vie pleinement humaine ; s’ils sont inaliénables, c’est parce qu’ils renvoient justement à cette nature antérieure à l’Etat, pré juridique, non contingente : l’homme est donc abstraitement affirmé comme étant premier par rapport au pouvoir et au corps social, dans cette conception dualiste. C’est en ce sens qu’on assiste à l’émergence de la subjectivité juridique autour des droits de l’homme comme individu.

On retiendra donc qu’à l’origine les DH reposent sur  un universalisme abstrait comme exigence éthique, séduisant mais condamné à rester une vision de l’esprit si ces droits innés ne sont pas traduits en droit positif.

 

2. Une difficile inscription dans l’histoire: l’exemple de la Déclaration universelle des DH de 1789

 

Paradoxalement, les DH ont bel et bien histoire et vont être l’objet avant tout d’une lutte politique, d’une revendication à l’égard du pouvoir. Le moment historique de la DDHC (26 août 1789), marque la volonté d’inscrire politiquement le respect des moyens de l’autonomie de l’homme sous forme de droits et libertés fondamentales contre l’ordre de l’Ancien Régime.

 

Elle est directement inspirée de la théorie du droit naturel :

En dépit de sa référence aux « citoyens », la déclaration française vise moins à déclarer des droits valables pour une nation, à époque et sous un régime donnés, que des droits universels, comme l’atteste dans son préambule la référence aux « droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme ».

Le corollaire en a été la reconnaissance de l’égalité des hommes dans son article premier (« les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »), comme fondement de la légitimité du nouvel ordre établi.

 

Ceci nous ramène au paradigme contractualiste : l’Etat reposant sur la volonté du peuple comme individualité ou sujet libre et autonome (Rousseau), il a pour mission d’assurer respect des droits à travers lois et garanties. Sa légitimité suppose donc la limite conventionnelle de son autorité de manière à sauvegarder les intérêts et prérogatives naturelles de la personne : c’est ce qui est admis dans la déclaration française au terme de son art. 2 «Le but de cette association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ». 

 

Cependant cette déclaration révèle un certain nombre d’ambiguïtés :

A la distinction des déclarations américaines (Constitution de l’Etat de Virginie du 12 juin 1776 à la Déclaration d’Indépendance du 4 juillet), elle reconnaît clairement besoin pouvoir et de la « force publique » pour garantir le respect des droits octroyés ; ce qui revient à dire qu’ils sont de fait ceux des citoyens français et non plus affranchis du corps politique comme le prétendait ; et qu’étant conçus comme rempart contre un pouvoir potentiellement despotique, ils sont définis de façon essentiellement négative : il s’agit de droits ou libertés civiles et politiques des individus formulés dans contexte précis,  dont on ne saurait présumer l’identité/DH dont se réclame la Déclaration : à cet égard il est utile de s’arrêter un moment sur les différentes critiques qui ont amené à leur remise en cause.

 

B. …qui est renforcée par des critiques violentes remettant en cause la notion même de DH

 

1.Non seulement les DH sont attaqués sur le terrain des idées…

 

a) La critique traditionaliste ou la contestation de la philosophie individualiste, égalitaire et universaliste

Dès la RF, la philosophie individualiste, égalitaire et universaliste qui sous-tend la proclamation des droits de l’homme est vivement contestée par le courant traditionaliste qui reste attaché à la représentation « holiste » d’une communauté hiérarchisée. Ainsi, du côté anglais, on assiste à une critique de l’universalisme chez Burke (Les réflexions sur la Révolution française, 1790). Pour lui, il n’y a pas de nature humaine transcendant la diversité des sociétés, il est donc vain de prétendre dégager des principes politiques universellement valables. Cette affirmation fait écho à celle du français Joseph de Maistre en 1797: « Il n’y a pas d’Homme dans le monde. J’ai vu des français, des italiens, des russes (…), mais quant à l’Homme, je déclare ne l’avoir jamais rencontré de ma vie ».

 

b) La critique marxiste ou une autre conception de l’homme et de la liberté

 

La Question Juive (1843)

- La critique marxiste est une critique de l’individualisme et des DH égoïstes car Marx conteste la distinction opérée par la DDHC entre DH et droits du citoyen. En effet, il écrit : « L’absence des prétendus DH ne dépasse l’homme égoïste, cad un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêt personnel et obéissant à son arbitraire privé ». La liberté au sens de « faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » est alors conçue comme monade isolée, repliée et le droit de propriété apparaît comme l’archétype des droits égoïstes consacrés par les déclarations révolutionnaires. Pour Marx, l’homme authentique est le membre de la société civile et non le citoyen, c’est pourquoi il critique le fait que toute perspective communautaire soit exclue de cette conception « libérale » des DH.

 

-  C’est aussi une critique de l’occultation de la domination et de l’exploitation, aspect le plus connu des idées de Marx : il dénonce une mystification idéologique qui masque la lutte des classes et le rapport d’exploitation + le caractère universel des DH + le caractère purement formel des libertés consacrées qui ne sont que des privilèges de classe.

-  Finalement, Marx et ses successeurs se basent sur une autre conception des DH et de la liberté. Une vulgarisation de ces idées serait la fusion d’une revendication de justice sociale et d’un projet utopique d’essence profondément holiste.

 

c) La critique positiviste ou les DH comme « droit virtuel » (Frédéric Sudre)

Schématiquement, ce qui est ici dénoncé est l’absence d’effectivité des DH et le besoin urgent de garanties efficaces pour les protéger.

 

 

2. …mais en pratique leur application est aussi  limitée voire niée

 

« Les DH définissent aujourd’hui une sorte de morale officielle commune à la quasi-totalité des Etats. Tout aussi universelle que leur reconnaissance dans les textes est leur méconnaissance dans les faits » (Jean Rivero, Les libertés publiques, PUF, 1978)

 

a) Une critique évidente : la négation des DH dans les régimes totalitaires

L’entreprise totalitaire repose sur un projet « utopique » (ex la pureté raciale/ l’avènement du prolétariat) et l’adhésion au postulat holiste que l’individu n’est rien sans la société. Si le droit est présent dans ces régimes, les DH par contre n’ont pas leur place : toute idée de droits subjectifs est exclue car seule la collectivité est sujet de droit.

 

b) Le relativisme culturel dans les sociétés holistes

Les DH sont ici dénoncés dans une perspective tiers-mondiste comme invention de l’Occident et l’ethnocentrisme occidental se transforme alors en néocolonialisme occidental.  Récemment, les pays asiatiques ou africains ont dénoncé le « diktat des DH » lors de la Conférence de Vienne de 1993. Ce débat a conduit à relativiser l’universalisme des DH puisqu’il est inscrit  que tous les droits sont universels mais qu’il faut tenir compte des particularités régionales, nationales, etc. Cependant, pour les pays musulmans, l’Islam reste incompatible avec l’égalité des sexes et la liberté de conscience. Ainsi, la déclaration Islamique Universelle des Droits de 1981 rejette l’universalisme en affirmant qu’il n’y a de droits que ceux « ordonnés par la loi » cad le Coran. Ces critiques posent le problème de la difficile conciliation du pluralisme culturel et de la vocation universelle des DH.

 

c) Les limites posées à l’universalisme par les Etats eux-mêmes

On assiste de plus en plus à une nationalisation des DH de la part de pays sourcilleux de leur souveraineté et qui consiste en un refus de toute ingérence dans les affaires intérieures. Plusieurs formes : non ratification d’un traité international (ex : USA et la CPI, France et la CEDH avant le 24/03), l’introduction de réserves, etc. (cf aussi H.Arendt&les apatrides)

 

TRANSITION : question de la validité de la notion de DH posée

1. antagonisme Homme - universalisme / homme - individualisme

2. antagonisme homme / pouvoir

 

=) Ce que l’homme avait conçu comme revendication pour une liberté semble être devenu restriction pour une domestication, car le pouvoir doit intervenir pour organiser et garantir ces droits : contradiction essentielle entre demande et refus de pouvoir, cœur de la politique.

=) En réalité les questions soulevées par les critiques adressées aux DH doivent être prises comme point de départ pour tenter de dépasser ces antagonismes et voir dans quelle mesure et sous quelles conditions d’énonciation et de réalisation les DH peuvent conserver leur sens et être réhabilités.

 

II/ Une réflexion sur les conditions d’énonciation et de réalisation est donc nécessaire pour dépasser les contradictions inhérentes aux DH et en faire une norme référence

 

A) Les conditions politiques nécessaires, quoique non suffisantes, à l’émergence et à la garantie des DH

 

1. Démocratie, Etat de droit et justice sociale : 3 préalables essentiels

Les échecs d’exportation et d’imposition des DH dans le monde montrent que des conditions politiques préalables sont nécessaires à l’émergence et à la garantie des DH.

 

a) Démocratie et DH

Elle est présentée comme une garantie de liberté et d’égalité (voire de solidarité). Elle ferait naître l’homme libre en le constituant comme citoyen. Pour Lefort, ce n’est pas en vertu de son essence que l’homme a des droits mais en vertu de son appartenance à la société démocratique qu’il a des protections juridiques par contre : il a donc un statut politique , mais inachevé. L’accent est donc placé sur les droits civils et politiques mais l’homme n’est pas replié sur l’individualisme puisqu’il doit être responsable et s’appuyer sur une opinion publique éclairée, capable de résister en cas de violation des DH. Pour Rawls, la démocratie ne fait pas seulement naître le citoyen mais la personne comme membre responsable et coopératif de la société, qui agit selon obligations et devoirs moraux. En retour, les Droits de l’homme sont constitutifs d’un espace social démocratique mais il n’y a pas de consensus sur quels DH étant donnée l’hétérogénéité du contenu (clivage libéral et socialiste : démocratie politique ou sociale, conception négative ou positive de la loi). Ces derniers ne sont donc pas une indication sur le régime politique exact mais plutôt ils sont liés à des valeurs et des pratiques démocratiques (idéal normatif).

 

b) Etat de droit et DH

L’affirmation constitutionnelle de l’Etat de droit pose l’Etat en juge et partie, grâce à l’opposabilité et la sanction et affirme la nécessaire séparation des pouvoirs. L’Etat de droit reconnaît les droits fondamentaux (vie, sécurité, propriété), il est donc un préalable nécessaire à la garantie et au respect des DH.

 

c) Justice sociale et DH

Elle donne contenu aux droits économiques et sociaux nés  au XIXème siècle  (notamment Révolution de 1948 en France et naissance de l’Etat Providence au lendemain de WWII). Elle s’adresse en outre à l’homme comme membre de la société, comme être collectif. Les droits contextuels sont principalement : la liberté syndicale, le droit de grève, le droit à l éducation. Et même dans pays démocratiques, il n’y pas de réalité pour des droits qui sont proclamés sans action positive pour les rendre effectifs.

 

=) Donc 3 conditions pour énonciation et garantie des DH

=) Mais déjà des questions / conditions d’énonciation =) la nature des exigences consignées dans l’énoncé des droits dépend directement de l’idée de l’homme que l’on érige en référence : citoyen/droits politiques – groupe/ droits créances

=) en plus, quoique nécessaires, conditions pas toujours suffisantes.

 

 

 

 

 

2. Quoique nécessaires, ces conditions restent parfois  insuffisantes

 

a) pas toujours possible de réunir les trois conditions

 

b) même quand conditions réunies, le lien DH et démocratie reste problématique et ne peut surtout pas être imposé par la force

 

- « La diplomatie des DH » de Bertrand Badie

Badie fait notamment une distinction intéressante entre la « démocratie facile » d’une part, qui est la démocratie procédurale, et la « démocratie exigeante » ou démocratie participative d’autre part, qui suppose l’établissement et la garantie des droits politiques de l’homme. Cette dernière ne peut donc se concevoir à travers l’imposition.  Il dénonce ainsi l’aspect procédural du jeu de la démocratisation au travers de l’exemple d’élections ficelées comme au Cambodge, en Angola ou même en Yougoslavie ou en Afghanistan.

- La théorie de Zakaria offre aussi certaines explications convaincantes

Zakaria part du cas emblématique de la Russie de Poutine pour expliquer son concept de « démocratie illibérale » : une démocratie fondée sur des élections libres mais développée dans une culture sans tradition de tribunaux indépendants, de libertés individuelles de protection (DH comme rempart contre les empiètements du pouvoir –DH ici conçus comme libertés protectrices individuelles). Or le respect des DH ne va pas de paire avec la participation politique. Il s’agit de tout le débat entre la démocratie libérale et démocratie républicaine (Habermas) et la volonté de dépasser la liberté libérale par le républicanisme.

- JF Kervégan, « Démocratie et droits de l’homme ».

L’auteur conclut que la démocratie exige et rend possible une conversion politique des droits (naturels) de l’homme en droits du citoyen ou en garanties politiques. En d’autres termes, l’acceptation des réquisits minimaux d’un ordre politique démocratique  imposerait de renoncer à toute fondation métaphysique, anthropologique ou morale des DH et avant tout des droits fondamentaux pour une fondation strictement politique. Ainsi, les DH seraient un prédicat de la citoyenneté.  NB : Pas seulement pour nous : besoin d’universalisme aussi.

 

B) La synthèse républicaine comme réponse à l’inachèvement des DH?

 

Face au caractère inachevé des DH, la pensée républicaine (exposée par L. Ferry et A. Renaut au dernier chapitre de leur ouvrage commun cité en biblio) défend l’idée d’une synthèse possible contre l’antinomie notamment des conceptions libérale et marxiste des DH :

Dans le cadre d’un espace public démocratique où les intérêts privés seraient compensés par la prise en compte des intérêts publics, les DH pourraient être entendus comme des droits politiques de participation au pouvoir (SU), qui d’une part supposent droits-libertés et d’autre part garantissent par leur exercice la prise en compte exigences de solidarité et fraternité nécessaires à cohésion sociale. Plus qu’à une conception négative de la libertés, ils renvoient alors à un engagement politique qui se pose en principe régulateur.

 

L’enjeu pratique d’un organisation équitable des droits de différentes générations reste toutefois  à la charge du pouvoir politique, qui doit assurer deux choses :

-                     la complémentarité des droits-libertés et droits-créances, avec un équilibre entre l’objectif de rendre les droits effectifs et celui d’éviter toute dérive totalitaire dans le cas où trop d’intervention de l’Etat mettrait en danger les libertés fondamentales ;

-                     une limitation au caractère absolu des droits, notamment en fonction d’intérêts collectifs de la société comme la préservation de la moralité (le cas du procès de l’humoriste Dieudonné, poursuivi pour diffamation à caractère racial, en est un bon exemple par rapport à la liberté d’expression)

 

A ces conditions, les DH peuvent rester fondés sur une vocation à l’universalisme comme point d’horizon, et être traduits positivement comme une « norme minimale d’institutions politiques » (Rawls), assez neutres sur le plan politique en ce sens qu’elles ne suffisent pas à déterminer un type de régime bon et juste, mais constituent une norme de référence commune au-delà de la pluralité des sociétés humaines : l’UE.

 

Conclusion : l’inachèvement des droits de l’homme ne remet pas en cause leur universalisme.

=) Malgré leur universalisation (dans l’espace, dans les mécanismes de garantie, dans la reconnaissance de principes), les DH sont voués à l’inachèvement pour toutes les raisons vues en II.

=) Cependant, les DH doivent se fonder sur l’universalisme, entendu comme vocation à devenir universel, comme horizon moral au sens de Kant, et sur l’individualisme, entendu comme reconnaissance de l’individu comme sujet de droit, ce qui n’exclut pas de lui conférer des DH au sein d’un groupe pour s’ériger en norme minimale ex : condition à reconnaissance politique ou adhésion à organisation comme UE

=) Ceci permet alors de concilier particulier/universel en acceptant l’intervention d’un pouvoir, et de dépasser ainsi les écueils trop récurrents du relativisme culturel, de l’humanisme ou du positivisme excessifs, en construisant une  réflexion sur l’équilibre certes toujours précaire entre l’homme / sa liberté et le pouvoir.

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