Peut-on sauver le système français d’assurance maladie ?

 

 

Créé par l’ordonnance du 4 octobre 1945, le système français d’assurance maladie connaît depuis deux décennies des problèmes financiers qui participent de sa remise en question. C’est en 1986 que le résultat des comptes de l’assurance maladie (regroupant l’ensemble des régimes de sécurité sociale – (a) général, (b) agricole, (c) non salariés non agricoles et (d) spéciaux) a commencé à être déficitaire.

 

S’il faut relativiser l’importance du simple équilibre comptable, ces déficits continus, de 1986 à 1999, ont suscité, de part et d’autre du spectre politique, une prise de conscience sur les risques pesant sur le système français de financement de la santé. Entre 1977 et 1997, onze réformes ont tenté un retour à l’équilibre par divers moyens, que ce soit du côté des recettes ou des dépenses, ou du côté de l’offre ou de la demande de soins. Pourtant, l’épée de Damoclès qui lévite au dessus du système de sécurité sociale français persiste : aucune de ces réformes techniques n’a réussi à réaliser un retour durable à l’excédent, et les déficits se succèdent, atteignant des niveaux records (15 Md€ en 2004), aggravant d’année en année le niveau de la dette publique cumulée.

 

L’énoncé du sujet peut prêter à confusion en sous-entendant que ces déséquilibres comptables sont en mesure de remettre en cause l’existence même du système d’assurance maladie. Dans son essence, la sécurité sociale procède d’un choix public qui ne dépend pas simplement de l’état de ses comptes mais d’un consensus national sur la nécessité d’orienter une part des fonds publics vers l’amélioration du niveau de santé. La santé et son remboursement sont des droits, qui exigent en contrepartie des obligations (de cotisations, de paiement, etc...). Dès lors, il serait erroné de traiter ce sujet en présupposant un naufrage imminent de l’assurance maladie, quoique l’on puisse envisager pour l’avenir une multiplication des réformes permettant, lorsque le besoins s’en fera sentir (i.e. en période crise économique), un retour à l’équilibre financier. A terme, le visage de l’assurance maladie sera profondément modifié sans que son existence même puisse être remise en question.

 

Le sujet pose plusieurs problèmes. Tout d’abord, le niveau des recettes des comptes de sécurité sociale procède de variables indépendantes du système de santé lui-même, puisque les cotisations sociales sont assises sur la masse salariale et les contributions fiscales (CSG, CRDS) sur le niveau du revenu. Dans cette perspective, s’interroger sur le « sauvetage » de l’assurance maladie peut consister à répondre à côté ou plutôt en dehors du sujet, en y intégrant des variables beaucoup plus large (croissance, niveau d’emploi, etc...). Le second problème posé par l’énoncé réside dans la faible efficacité des réformes antérieures, qui n’ont pu que vaincre les symptômes sans pouvoir répondre au caractère structurel des défis posés au système d’assurance maladie. En supposant son naufrage, il s’interroge sur la possibilité d’ « une » réforme pérenne. Le sujet nous met devant un choix : doit-on continuer à effectuer des retours transitoires à l’équilibre en jouant sur les instruments traditionnels d’un système qui sera nécessairement déficitaire du fait du changement de son environnement économique et démographique ? Ou bien peut-on envisager une réforme complète du système permettant un retour durable à l’équilibre ?

 

Quels sont donc les défis structurels auxquels est confronté le système français d’assurance maladie ? Quels instruments ont été utilisés dans les réformes antérieures pour effectuer un retour transitoire à l’équilibre ? Quelles réformes sont possibles pour assurer un un équilibre durable ?

 

Après voir analysé les causes des déficits et les différentes tentatives de réformes (I), nous étudierons les différentes orientations contemporaines de transformation du système d’assurance maladie (II)

 

I/ Les différentes réformes transitoires n’ont jusqu’à présent pas permis de réaliser un système naturellement équilibré

 

A/ Les causes structurelles de déficits de l’assurance maladie

 

1)      L’inadéquation entre un financement purement professionnel (à l’origine) de l’assurance maladie et sa généralisation à l’ensemble des Français depuis 1974 et plus encore depuis 1999 (CMU)

2)      La baisse du niveau d’emploi à partir de 1975 causé par l’accroissement du chômage et par la baisse du taux d’activité des 15-24 ans et 55-65 ans, Les recettes des caisses primaires d’assurance maladies étant assises sur la masse salariale.

3)      Le vieillissement de la population, mouvement amené à s’amplifier à l’avenir, pèsera de plus en plus sur les comptes de l’assurance maladie dans la mesure où ce sont les personnes âgées qui consomment et seront amenés à consommer le plus biens médicaux. La courbe en U montre que les dépenses individuelles de santé sont les plus élevées en bas âge et dans la dernière partie de la vie.

4)      L’accroissement de l’importance des dépenses de santé par ménage, phénomène lié à l’accroissement du revenu. Celles-ci sont passées du 7ème au 5ème poste de dépense, en vingt ans.

5)      Le coût élevé des maladies nouvelles (cancers, SIDA) sur lesquels se concentrent la majeure partie des dépenses de santé.  

6)      Le coût élevé de nouvelles méthodes et techniques de soins.

7)      La demande induite par l’offre. Les médecins étant libres de s’installer et de prescrire, plus il y a de médecins, plus les prescriptions seront nombreuses. Or, la population médicale est difficile à contenir et s’élève à 120 000 médecins, malgré la mise en place en 1970 d’un numerus clausus. On estime que chaque médecin prescrit en 1,4 et 2,3 MF de soins par an.

8)      Les baisses successives des charges pour stimuler l’emploi ou en contrepartie de l’application des 35H.

9)      On doit également observer l’impact des structures d’incitations du système de remboursement, sur les variations des coûts de la santé publique. Ainsi, le système du tiers payant induit des comportement de type « moins on paye, plus on consomme ». En France, ce système est tempéré par une contribution du consommateur de santé (ticket modérateur, forfait hospitalier).

10)  Les charges dites « indues », càd les coûts pris en charge par l’assurance maladie qui ne sont pas de sa vocation (prestations familiales d’État, baisses de charges, coûts administratifs, etc...)

B/ Les instruments d’action n’ont pas permis un retour durable à l’équilibre en dépit des réformes successives

 

1)      Du côté des recettes, quatre modalités d’action sont possibles : (a) L’augmentation des cotisations sociales. La première réforme intervenue en 1984 visait le déplafonnement de l’assiette des cotisations sociales. (b) La fiscalisation de ces cotisation sociales. La réforme de 1991 inaugure la fiscalisation des prélèvements obligatoires finançant l’assurance maladie. La CSG est un impôt, fondé sur une assiette de prélèvement très large, et qui touche l’ensemble des revenus. La CRDS fut instauré en 1995. (c) L’augmentation des contribution des usagers de biens médicaux (ticket modérateur, forfait hospitalier, paiement à l’acte). (d) Le dernier instrument d’augmentation des recettes réside dans la création d’emploi ou l’augmentation du taux d’activité.

 

2)       Du côté des dépenses, les réformes consistent à dé rembourser des médicaments ou des soins, en les différenciant par niveau de risque (gros ou petits) ou par importance (de soin ou de confort). C’est ainsi que les récentes lois de santé (2003 et 2004) ont réduit les listes de médicaments remboursés, et différencié les biens médicaux en fonction de leur utilité. 

 

3)      La demande médicale étant pour partie induite par l’offre de soins, toute réduction du niveau d’offre tendra progressivement à réduire la demande. Les réductions du nombre de lits dans les hôpitaux, les réductions successives du numerus clausus de médecins ou le filtrage de l’accès aux spécialistes par le généraliste sont des possibilités largement utilisées par les gouvernants. L’objectif consiste ici à mettre en oeuvre les structures d’incitation les moins dépensières, les moins coûteuses.

 

4)      De même, selon le principe « moins on paye, plus on consomme », toute réduction dans la « générosité » est en mesure de freiner progressivement l’augmentation de la demande médicale quoiqu’elle pénalise les plus faibles revenus. C’est ainsi que les réformes successives ont augmenté le ticket modérateur, ou le forfait hospitalier, ou le prix de la consultation. C’est dans cet esprit qu’un euro supplémentaire ne sera pas remboursé pour les consultation depuis 2004.

 

5)      Pour associer les professions de santé aux impératifs financiers de l’assurance maladie, a eu recours à la contractualisation par le biais de conventions signés entre la CNAMTS et des syndicats de médecins. A partir de 1996, l’Etat pouvait se substituer aux signataires. Ces conventions fixent les honoraires et définissent des « bonnes pratiques de soins ». Ces conventions

 

6)      Le plan Juppé de 1995 a donné au Parlement un rôle d’orientation dans le domaine de l’assurance maladie. La réforme constitutionnelle de l’article 34 en 1996 a élargie le pouvoir législatif à la définition des orientation générales de la sécurité sociale. Dorénavant, le parlement vote chaque année le Projet de la  Loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). Cette réforme a l’intérêt de démocratiser les décisions dans ce domaine, mais les objectifs nationaux de dépenses d’assurance maladie (ONDAM), votés par le Parlement n’ont pour le moment jamais été réalisés.

 

Il existe un décalage entre le caractère structurel des causes de déficits qui ne peuvent être simplement compensées par des réformes conjoncturelles sur les recettes. Les réformes contemporaines et possibles à l’avenir devront tout à la fois poursuivre les efforts passés sur les recettes et modifier les dispositifs d’incitation de façon à responsabiliser les médecins et les usagers. Les innovations technologiques seront également un puissant moyen de réduire les dépenses de santé. Encore faut-il que les personnels concernés intègrent ces réformes dans leurs habitudes

 

II/ Les orientations contemporaines du financement de l’assurance maladie

 

A/ Du côté des recettes

 

1) La politique économique en faveur de l’emploi

 

(a)    La relance économique constitue en soi le meilleur moyen de combler les déficits, voire de dégager des excédents. Les créations d’emploi se ressentent immédiatement dans les recettes des comptes. L’importance du déficit actuel provient certes de l’arrivée à maturité des causes structurelles (notamment du vieillissement de la population), mais aussi de l’ampleur de la crise. Les 0,1% de croissance de 2003 ne sont pas en mesure de financer le passage à la retraite ou en préretraite de la génération du baby boom, touchés par l’accroissement du nombre de cancer.

(b)   Le meilleur moyen de « sauver » le système d’assurance maladie réside donc dans une politique économique efficace de création d’emplois. L’exemple des années 1999 et 2000 confirme cet état de fait puisque c’est à la faveur de la baisse du chômage que s’est produit l’accroissement des recettes de l’assurance maladie. En réalité, et en l’état actuel du système c’est par des réformes qui ne concernent pas la sécurité sociale que celle-ci pourra être « sauvée ». Rien n’interdit d’envisager de découpler le financement de l’assurance maladie du niveau d’emploi. Mais ce n’est pas le cas actuellement.

 

2) La fiscalisation progressive des prélèvements de l’assurance maladie

 

(a)    La formule de la fiscalisation a permis un comblement relatif des déficits liés à la généralisation de l’assurance maladie. Elle est donc amenée à être un vecteur de réforme durable. Progressivement, une part de plus en plus important des cotisations sociales est amenée à prendre la forme de la fiscalisation, du fait des baisses de charges financées par l’État, et d’une volonté de réduire le coût du travail, notamment sur les emploi moins qualifiés. D’autre part, seule la fiscalisation permet un dispositif d’ajustement des recettes (par augmentation de l’impôt, la CSG ou la CRDS) en fonction des évolutions des dépenses, et qui ne pénalise pas l’emploi.

(b)   L’instauration de la progressivité dans cette fiscalisation permettrait de dégager des recettes supplémentaires. La CSG et la CRDS sont des impôts proportionnels et touchent donc les revenus dans des proportions égales, mais d’autant plus lourdes que le niveau de revenu est faible. Surtout, le niveau individuel des dépenses de santé est fortement corrélé au niveau d’éducation et de revenu. Insuffler de la progressivité dans le financement fiscalisé de la sécurité sociale serait donc plus égalitaire, et mieux corrélée à structure véritable de la demande de biens médicaux.

 

3). Le découplage entre la masse salariale et les cotisations maladie 

 

(a)    Le rapport Chadelat propose d’asseoir le prélèvement des cotisations sociales sur la valeur ajoutée, c’est à dire non plus sur la masse salariale mais sur le Produit Intérieur Brut. Il s’agirait d’une quasi indexation à la croissance.

(b)   Les cotisations seraient alors variables en fonction du dynamisme économique. Elles alourdiraient moins les entreprises en périodes de crise.

(c)    De plus en les découplant du niveau d’emploi, elle ne pèseraient plus sur le coût du travail, et elle ne constitueraient plus une désincitation à l’emploi.

 

 

B/ Du côté des dépenses et de l’offre de soin

 

1.      La gestion médicalisée des dépenses de santé

 

La gestion médicalisée des coûts de santé consiste à prescrire les interventions et les médicaments les plus adaptés, les plus efficaces et les moins coûteux. Elle peut s’effectuer de trois façons :

 

(a)    L’association des médecins aux impératifs d’équilibre    financier. Elle doit en effet associer les médecins, qui disposent de la liberté de prescription.

Le système d’assurance maladie ont régulièrement signé avec les professions médicales des conventions déterminant à la fois les tarifications, et d’autre part les bonnes pratiques. Ces conventions n’ont jamais réussies à freiner les dépenses de santé car les médecins sont confrontés à des situations particulières (vis à vis de leurs patients) et sont « libres de prescrire ».  L’équilibre éthique difficile du médecin consiste à trouver le meilleur traitement pour le moindre coût.. L’existence de « références médicales opposables » (RMO). en annexes des règlement des lois de financement de la SS permettent des contrôles d’opportunité dans la prescription de certains médicaments, en les confrontant à des niveau statistiques moyens. Les ratios QUALYS permettent d’harmoniser, au niveau internationales, les bonnes pratiques médicales.

 

(b)   L’utilisation des moyens techniques les moins coûteux pour un résultat identique est un autre instrument de cette gestion médicalisée des dépenses de santé. Par exemple la greffe du rein est moins coûteuse que la dialyse. En amont, les recherches médicales ou de techniques médicales s’orientent sur des appareils ou des modes d’interventions moins coûteux (ex : la coelioscopie au lieu d’intervention chirurgicales à corps ouvert). Le recours aux médicaments génériques, moins chers, est un instrument des PLFSS récents. La réduction de la durée de vie des brevets, donc des rentes d’innovation permet à court terme de réduire les coûts des biens médicaux, mais peut se répercuter négativement sur la recherche pharmaceutique privée, eu égard aux coûts de développement d’un médicament (15 Md€). La recherche de la meilleure efficience des moyens techniques, des machineries médicales est ainsi au coeur de la réforme de restructuration hospitalière conduite depuis 1997. 

 

(c)    On notera également l’importance de la prévention dans la décélération des dépenses de santé. Les actions de vaccination, ou de dépistage sont autant de moyens de prévenir les maladies avant qu’elles n’imposent une coûteuse hospitalisation prolongée. De même, la difficulté d’accès aux soins aux plus démunis, faute de liquidité, est source de surcoûts faute d’une prévention et d’une détection précoce.

 

(d)   A terme, les réformes à venir utiliseront de plus en plus ces instruments de régulation des dépenses de santé par les moyens techniques, et par la gestion médicalisée des dépenses de santé. Cependant, C’est le domaine des techniques que se concentrera cette stratégie, car l’autre aspect est fondé sur une réduction de la socialisation de l’accès aux soins et reste donc impopulaire. C’est ainsi que les médecins libéraux refusent de siéger dans les comités de contrôle régionaux.

 

2.  La dissuasion des comportement abusifs : un instrument impopulaire

 

(a) Le rapport « la sécu c’est bien en abuser ça craint » estimait les gaspillages de santé à 120 MdF. 12 ans plus tard, le déficit atteint 15 Md€. Ces comportement consistent en la prescriptions abusives du côté des médecins, et en la consommation ou l’utilisation hypocondriaque des soins du côté des usagers. Mais la différenciation est complexe entre médicaments utiles et médicaments de confort, et entre gros risques et petits risques. Les déremboursements sont un point fort de la réforme de 2004.

 

(b) Une utilisation trop lourde du contrôle des médecins pour rationaliser se heurterait au refus d’engagement des médecins libéraux. Il y a là une situation typique d’asymétrie de l’information principal-agent. Le relevé individuel d’activité du praticien (RIAP) permet actuellement de confronter chaque médecin à un niveau moyen de prescription annuel et peut donner donner lieu à un contrôle en cas de dépassement excessive. Cas extrême, progressivement régulé : les prescriptions qui intégraient dans le remboursement à 100% des médicaments n’ayant aucun rapport avec la maladie fondant le 100%. Il existe au total un écart entre la régulation par le contrôle des prix administrés d’une profession libérale, et la réalité perçu par les professionnels de santé. C’est pourquoi les tentatives contemporaines de maîtrise des dépenses de santé se heurtent à un paradoxe entre le caractère libéral de la profession médicale et son caractère administré. D’autant que le conseil d’Etat, a, en 1992, ôté tout moyen coercitif de contrôle aux RMO.

 

(c) La sensibilisation des administrés à la réforme de l’assurance maladie est l’un des aspects communicationnels majeurs de la réforme de 2004. C’est ainsi que le ministre a envoyé une lettre à tous les utilisateurs importants de biens médicaux leur enjoignant à prendre conscience du niveau de déficit. Cette lettre , envoyé à des contributeurs et payeurs du ticket modérateur et du forfait hospitalier a été plutôt mal reçue. D’autre part, la réforme de la carte vitale, qui permettait un remboursement plus rapide et pouvait apparaître comme un système de tiers payant incitant à l’achat abusif de médicament, ne paraît pas changer fondamentalement le problème et apparaît comme un moyen de stigmatiser les comportements abusifs. Ces moyens permettent au total une sensibilisation des assurés aux coûts de la santé.

 

3. La rationalisation du système de soins 

 

(a)    La carte hospitalière est au cœur de ce type de réformes. Elles peuvent ne s’orienter que sur la réduction des nombres de lits, et à une redistribution de ceux-ci en fonction des besoins. La réforme hospitalière de 1996 est allée plus loin, en régionalisant le contrôle des établissement de santé, en autonomisant les hôpitaux et en contractualisant avec l’ARH les objectifs et les moyens alloués à tel ou tel hôpital, privé ou public. Ceci s’inscrit dans un cadre plus large de transformation des modes de financement de l’action administrative (cf. LOLF). En l’espèce, les « dotations globales » et régionales sont contractuellement décidées. Le préfet n’a plus son rôle.

(b)   Elles peuvent également consister en une répartition plus égalitaire des services hospitaliers. En effet, chaque année, l’augmentation des moyens financiers est proportionnels aux moyens. Si bien que le décalage entre régions fortement dotées et celles faiblement dotées s’accroît progressivement. Une réforme du système d’augmentation annuel, en faveur des régions moins dotées permettrait à terme de compenser les décalages régionaux. Actuellement, un mécanisme ministériel de péréquation existe mais les disparités demeurent.

(c)    Pourtant, le système des hôpitaux semble souffrir de nombreux dysfonctionnements. Signe de cette évolution la multiplications des maladies nosocomiales, qui exige réparation de l’hôpital. D’autre part, les personnels médicaux peuvent connaître un malaise, qu’ils associent le plus souvent au manque de moyens.

(d)   De même, selon le principe « moins on paye, plus on consomme », toute réduction dans la « générosité » des remboursements par le tiers payant est en mesure de freiner l’augmentation de la demande médicale.

 

C/ La privatisation et la mise en concurrence du système de soins

 

1.                           L’influence étrangère est nette dans ce domaine. Les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, souscrivent à des assurances complémentaires obligatoires, des assurances privées, qui font cotiser et fournissent les prestation en fonction d’une grille de risques.

2.                           En France, cela s’est concrétisé par l’annonce en 1998 par la société d’assurance privée AXA d’un tel projet qui s’est heurté au refus du gouvernement.

3.                           On notera que des système de soins d’entreprises existent dans certaines entreprises, qui ressemblent au système américain. Mais il s’agit de régimes spéciaux (mineurs par exemple).

4.                           La généralisation d’un tel système aboutirait à des cotisations non plus assises sur le salaire mais sur le niveau de risque de l’individu. Ceci semble s’opposer au système d’équité d’accès au soins, mais constituerait une structure d’incitation fortement responsabilisatrice.

5.                           Ce système pourrait certes être acceptable dans le cadre d’une plus grande importance donnée aux organismes d’assurance complémentaire ou aux mutuelles, qui ne pourront jamais se substituer totalement à un noyau dur du régime général.

 

 

 

C’est donc autour de ces orientations que se structureront les plans futurs de « sauvetage » de la sécurité sociale : (a) les réformes économiques – ou fiscales - permettant un accroissement des recettes ; (b) la modification des structures d’incitation en jouant sur les instruments techniques à la disposition des administrations (ticket modérateur, numerus clausus de médecins et pharmacies, filtrage réglementaire de la demande, etc…) et (c) l’amélioration de l’efficience des moyens médicaux par la « gestion médicalisée des coûts ». Au total, et quelque soit le mode de financement, c’est le niveau de croissance qui assurera, ou non l’équilibre à venir du système français d’assurance maladie.

 

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